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lundi 11 novembre 2019

HISTOIRE et MÉMOIRE - QUELLE CONNERIE LA GUERRE ! - le 11 novembre 2019

HISTOIRE et MÉMOIRE

QUELLE CONNERIE LA GUERRE !

 En ce 11 novembre 2019  jour de commémoration de l'armistice  si nous rendons hommage à nos morts n'oublions pas  ceux qui ont été marqués à jamais dans leurs chaires par cette horrible boucherie que fut cette guerre.
Et surtout soyons conscient de cette vérité énoncée par Anatole France : <<On croit mourir pour la patrie ; on meurt pour des industriels>> (BV)

On croit mourir pour la patrie...


L’Humanité,
18 Juillet 1922

Anatole France

 On croit mourir pour la patrie...

                                                   L'Humanité 18 Juillet 1922.jpg

Cher citoyen Cachin,

Je vous prie de signaler à vos lecteurs le récent livre de Michel Corday, les Hauts Fourneaux[1], qu'il importe de connaître. On y trouvera sur les origines de la conduite de la guerre des idées que vous partagerez et qu'on connaît encore trop mal en France ; on y verra notamment (ce dont nous avions déjà tous deux quelque soupçon) que la guerre mondiale fut essentiellement l’œuvre des hommes d'argent, que ce sont les hauts industriels des différents États de l'Europe qui, tout d'abord, la voulurent, la rendirent nécessaire, la firent, la prolongèrent. Ils en firent leur état, mirent en jeu leur fortune, en tirèrent d'immenses bénéfices et s'y livrèrent avec tant d'ardeur, qu'ils ruinèrent l'Europe, se ruinèrent eux-même et disloquèrent le monde. Écoutez Corday, sur le sujet qu'il traite avec toute la force de sa conviction et toute la puissance de son talent. " Ces hommes-là, ils ressemblent à leurs hauts fourneaux, à ces tours féodales dressées face à face le long des frontières, et dont il faut sans cesse, le jour, la nuit, emplir les entrailles dévorantes de minerai, de charbon, afin que ruisselle au bas la coulée du métal. Eux aussi, leur insatiable appétit exige qu'on jette au feu, sans relâche, dans la paix, dans la guerre, et toutes les richesses du sol, et tous les fruits du travail, et les hommes, oui, les hommes mêmes, par troupeaux, par armées, tous précipités pêle-mêle dans la fournaise béante, afin que s'amasse à leurs pieds les lingots, encore plus de lingots, toujours plus de lingots... Oui, voilà bien leur emblème, leurs armes parlantes, à leur image. Ce sont eux les vrais hauts fourneaux." Ainsi, ceux qui moururent dans cette guerre ne surent pas pourquoi ils mourraient. Ils en est de même dans toutes les guerres. Mais non pas au même degré. Ceux qui tombèrent à Jemmapes ne se trompaient pas à ce point sur la cause à laquelle ils se dévouaient. Cette fois, l'ignorance des victimes est tragique. On croit mourir pour la patrie ; on meurt pour des industriels. Ces maîtres de l'heure possédaient les trois choses nécessaires aux grandes entreprises modernes : des usines, des banques, des journaux. Michel Corday nous montre comment ils usèrent de ces trois machines à broyer le monde. Il me donna, notamment, l'explication d'un phénomène qui m'avait surpris non par lui-même, mais par son excessive intensité, et dont l'histoire ne m'avait pas fourni un semblable exemple : c'est comment la haine d'un peuple, de tout un peuple, s'étendit en France avec une violence inouïe et hors de toute proportion avec les haines soulevées dans ce même pays par les guerre de la Révolution et de l'Empire. Je ne parle pas des guerres de l'ancien régime qui ne faisaient pas haïr aux français les peuples ennemis. Ce fut cette fois, chez nous, une haine qui ne s’éteignit pas avec la paix, nous fit oublier nos propres intérêts et perdre tout sens des réalités, sans même que nous sentions cette passion qui nous possédait, sinon parfois pour la trouver trop faible. Michel Corday montre très bien que cette haine a été forgée par les grands journaux, qui restent coupables, encore à cette heure, d'un état d'esprit qui conduit la France, avec l'Europe entière, à sa ruine totale. "L'esprit de vengeance et de haine, dit Michel Corday, est entretenu par les journaux. Et cette orthodoxie farouche ne tolère pas la dissidence ni même la tiédeur. Hors d'elle, innocente en a souffert mort et passion. Haïr un peuple, mais c'est haïr les contraires, le bien et le mal, la beauté et la laideur". Quelle étrange manie! Je ne sais pas trop si nous commençons à en guérir. Je l'espère. Il le faut. Le livre de Michel Corday vient à temps pour nous inspirer des idées salutaires. Puisse-t-il être entendu! L'Europe n'est pas faite d’États isolés, indépendants les uns des autres. Elle forme un tout harmonieux. En détruire une partie, c'est offenser les autres. Notre salut c'est d'être bons Européens. Hors de là, tout est ruine et misère.
Salut et Fraternité
Anatole FRANCE

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L’ENNEMI PRINCIPAL EST DANS NOTRE PROPRE PAYS

L’opposition à la guerre impérialiste
textes de 1914-1916, choisis et présentés par Rémi Adam

                                               

Collection
Parution
Juin 2014
ISBN
9782915727432
Pages
260
A l’occasion des commémorations du centenaire de la Première Guerre mondiale, il est indispensable de rappeler ce que fut l’attitude du mouvement ouvrier face au déclenchement de cette tragédie qui fit basculer la société, en Europe et dans la majeure partie du monde, dans l’horreur et la barbarie.
Alors que les rivalités impérialistes entraînaient le monde dans ce massacre impliquant des dizaines de millions de travailleurs et de paysans, les dirigeants des principaux partis de la IIe Internationale, à commencer par ceux de France, d’Allemagne, d’Angleterre et de Belgique, trahirent ouvertement les travailleurs pour une politique « d’union sacrée », votèrent les crédits de guerre, au mépris de toutes les résolutions adoptées par l’Internationale les deux décennies précédentes. Il en alla de même pour les organisations syndicales, qu’elles aient été ou non liées organiquement aux différents partis socialistes.
Face à cette trahison et au désarroi qu’elle occasionna dans les rangs ouvriers, peu nombreux furent ceux qui ont su s’opposer à la guerre impérialiste et qui ont engagé le combat pour la renaissance d’une Internationale ouvrière. Mais quelques-uns l’ont fait, dès le mois d’août 1914.
Ce sont quelques-uns des textes écrits dans les deux premières années du conflit par ces militants –Lénine, Karl Liebknecht, Rosa Luxemburg, Pierre Monatte, Christian Rakovsky, Alfred Rosmer et Léon Trotsky– qui sont présentés dans ce recueil. Leur opposition à la guerre impérialiste et la défense de l’internationalisme prolétarien face à la trahison des dirigeants du mouvement ouvrier étaient la preuve que l’espoir d’une société débarrassée du militarisme et de la guerre, des frontières et du système économique capitaliste n’était pas éteint.

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