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Politique
Livre : Ce « pacte » avec les chasseurs que Macron aurait voulu garder secret
Publié le LUNDI, 04 NOVEMBRE 2019
Le 15 décembre 2017, dans les allées obscures du château de Chambord, Emmanuel Macron concluait une alliance secrète avec des chasseurs. Un « pacte » clandestin et politique qui lui aurait servi, un an plus tard, à maintenir la gronde des gilets jaunes. Dans un passionnant livre-enquête, Émilie Lanez raconte les coulisses de cet étrange « Noël à Chambord. »
On se souvenait simplement de la petite polémique politico-médiatique, qui s’était évanouie encore plus vite qu’elle n’était arrivée. Le 16 décembre 2017 – quelques mois seulement après avoir été porté à la fonction suprême –, Emmanuel Macron avait fêté son quarantième anniversaire et un « Noël avant l’heure » à Chambord, avec toute sa famille. L’Élysée avait préconisé aux Macron de dormir dans l’une des tours du célèbre château, mais la Première dame avait refusé, sachant pertinemment qu’un président de la République ne pouvait pas décemment poser ses valises dans un haut-lieu monarchique. Le chef de l’État avait donc loué un gîte, à quelques pas des jardins de François Ier, appelé la maison des Réfractaires, réputé pour ses quatre étoiles, et qui, depuis le présidentiel séjour, a vu ses demandes de réservation exploser.Malgré ces quelques précautions, le week-end des Macron avait été pointé du doigt, grandement critiqué. Pour qui se prenait-il ce jeune président ? Pour un roi de conte de fées ? Jean-Luc Mélenchon s’était dit « content » que le chef de l’État « soit allé à Chambord parce que ça donne une image monarchique qui me semble correspondre à l’idée qu’il se fait de lui-même. » Le président avait alors été obligé de sortir de son congé, pour blâmer les « esprits chagrins » qui « voudraient voir toujours des symboles. » Entre autres, celui-ci avait assuré payer les festivités avec ses propres deniers, même le dîner qui s’était tenu dans une salle de la demeure royale louée pour environ 600 euros.
Jupiter et Artémis
Émilie Lanez dessine, plus ou moins explicitement, un parallèle entre Emmanuel Macron et François Ier. Selon elle, en montant sur le trône, le jeune roi avait « bénéficié d’un alignement des planètes. » « On le dira plus tard, pour un autre homme, jeune et venu de nulle part, auquel la France se confiera », écrit-elle.
C’est à ce président-monarque, aussi Jupiter qu’Artémis, que les chasseurs prêteront allégeance. La visite-surprise du 15 décembre n’a en effet pas été inutile pour Emmanuel Macron qui s’est mis dans la poche un nouvel électorat, habituellement plus acquis à une droite traditionnaliste. Ainsi sans ce « Pacte de Chambord », les chasseurs auraient peut-être plus voté pour François-Xavier Bellamy que Nathalie Loiseau, au dernier scrutin européen. Aussi, Willy Schraen assure que la période des gilets jaunes aurait été bien plus violente – voire sanglante – s’il n’avait pas convaincu les chasseurs de ne pas aller manifester. Dès les premiers jours de la gronde, en novembre 2018, le président de la fédération nationale a reçu des centaines d’appels de ses adhérents qui se disaient prêts à occuper les ronds-points. « Si j’avais pas stoppé tout de suite, ils étaient 500 000 sur les ronds-points et y aurait eu des gars armés. J’ai beaucoup parlé, beaucoup écrit, mes gars ils étaient tous gilets jaunes au début, tous. Mais eux, ils ont des fusils », confie-t-il, comme pour faire trembler le lecteur de Noël à Chambord, et prouver que même en 2019, les chasseurs ont toujours de l’influence.
Noël à Chambord, d’Émilie Lanez, Éditions Grasset, 141 pages, 16 euros
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