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Julian Assange, ce grand homme qui meurt dans l’indifférence générale
06NOV
S’il y a un cas individuel capable d’illustrer ce qu’est réellement le discours des Etats-Unis et de ses vassaux sur les droits de l’homme, sur l’information « libre », c’est bien Assange. Nous sommes là devant le plus manifeste des deni de droits, un lent assassinat pour avoir mis en oeuvre les principes énoncés mais jamais respectés par ceux qui portent partout la guerre, la misère, les destructions au nom de leur « vertu démocratique ». Cet individu massacré, détruit et qui trouve encore la ressource de demeurer invincible fait partie de NOUS, nous qui voulons un autre monde, les communistes au premier rang. J’ai jadis oeuvré dans un lieu qui s’intitulait « le comité des libertés » aux côtés de Georges marchais, j’y représentais le journal Révolution. Avec quel enthousiasme, je me serais emparé de ce cas et avec la force et l’esprit de responsabilité de mon parti d’alors nous aurions mené un combat digne de celui que nous avons soutenu pour faire libérer Mandela. Vivement que nous ayons un parti en ordre de marche pour les retraites, mais aussi pour défendre le blocus contre les peuples de Cuba et du venezuela, et en même temps ne pas négliger celui qui croupit seul dans sa prison. Il n’y a pas de tâche plus urgente que de reconstruire ce parti. (note de Danielle Bleitrach)
Julian Assange, ce grand homme qui meurt dans l’indifférence générale
Contribution externe
Publié le – Mis à jour le
Une opinion d’Aurore Van Opstal, journaliste, et signé par des universitaires, des journalistes et des personnes issues de la société civile (*).
Il était une fois un pirate informatique, un peu bizarre, habité par le désir de faire connaître la vérité sur le monde dans lequel il vit. Il s’appelle Julian Assange et est né le 3 juillet 1971 en Australie. C’est un cybermilitant, un homme brillant qui trouve que le fossé est trop grand entre la réalité du monde politique et les informations connues des citoyens. Il propose, dès lors, de créer un site où tout le monde pourra, en toute confidentialité virtuelle, faire parvenir des informations sensibles. En anglais, le mot « fuite » se dit « leak » : Wikileaks est né. Assange et quatre personnes s’occupent du site.
En 2010, WikiLeaks publie des documents sur la guerre d’Irak et notamment une vidéo, devenue virale internationalement ; Collateral murder. Cette dernière montre le raid aérien du 12 juillet 2007 à Bagdad. Il s’agit d’une bavure américaine survenue dans le cadre de la guerre, durant laquelle un hélicoptère Apache américain a ouvert le feu sur un groupe de civils, comprenant notamment deux reporters de l’agence Reuters. Au moins 18 personnes ont été tuées lors de ce raid. Des civils. Des innocents. Cette vidéo a fait scandale. Le président Obama a du prendre la parole dans l’urgence. Julian Assange est devenu, ce jour-là, la cible, l’ennemi public numéro 1 des États-Unis. Les autorités américaines commencent à enquêter sur WikiLeaks et Assange en vertu de la loi sur l’Espionnage de 1917. Par ailleurs, des enquêtes sont lancées contre Assange par plusieurs agences gouvernementales, notamment le FBI.
Wikileaks, a aussi, en parallèle, dénoncé les circuits de corruption de dictateurs africains ou de certaines compagnies russes offshore.
En 2010, Assange se rend en Suède où une procureure ouvre une enquête préliminaire suite aux dépositions de deux femmes suédoises dont une voulait l’obliger à faire un test du SIDA (ce qu’il fit) après avoir eu des rapports sexuels avec lui et l’autre qui a refusé de signer la déposition présentée par la police. Après l’avoir classée, l’enquête préliminaire est réouverte par la Suède en mai 2019.
En 2012, Julian Assange, acculé de toutes parts, demande l’asile à l’ambassade d’Équateur à Londres. Il y restera, enfermé, de 2012 à avril 2019. Avec le changement de président en Équateur, début 2019, Assange est arrêté à l’ambassade. Il est depuis incarcéré en prison en Angleterre. Les USA demandent son extradition pour « piratage informatique ». A l’heure où j’écris ces lignes, Julian Assange se meurt. Il aurait perdu 15 kilos depuis le début de son enfermement, peine à trouver ses mots, boîte et est marqué par un vieillissement prématuré.
Quid du droit international et de la souveraineté ?
Sans entrer dans les arcanes du droit britannique, le cas Assange soulève une question fondamentale de droit international. Assange est citoyen australien, pas des États-Unis. Il n’a commis aucun délit dans ce pays. Il a divulgué des informations confidentielles mais transmises par d’autres (Chelsea Manning en particulier) et ne les a pas volées. Tous les journalistes font cela, avec des informations en général moins importantes, mais le principe est le même. Dans la presse des États-Unis on parle sans cesse d’informations venant de « sources officielles non identifiées ».
Si Assange doit être extradé sur cette base et mis en prison pour le reste de ses jours, cela signifie qu’en principe tous les pays qui espionnent les USA devraient leur livrer leurs espions, ainsi que tous les journalistes qui publieraient des informations sur ce pays obtenues par des moyens illégaux.
Certes les États-Unis ne sont pas de grands défenseurs de la souveraineté nationale des autres pays que le leur, mais ici on franchit une étape extraordinaire et l’absence de réaction des gouvernements alliés des USA, principalement britannique et australien, illustre le degré extrême de leur soumission.
Un homme (presque) seul
Des gens défendent Julian Assange comme le réalisateur américain Oliver Stone qui a déclaré : « Julian Assange est un éditeur pour la vérité. Il a accompli un travail remarquable pour le compte de l’humanité malgré son traitement inhumain. Cette affaire est cruciale pour la survie de notre droit de savoir et de notre liberté essentielle pour lutter contre l’oppression des USA et du Royaume-Uni — et maintenant contre la tyrannie ! » (1) Mais beaucoup trop de peu de personnages publics prennent la défense de cet homme. Citons-en, néanmoins, trois qui développent des réflexions intéressantes autour du « cas Assange » : John Pilger (2), journaliste australien ; Craig Murray (3), ex-diplomate britannique et Roger Waters (4), musicien et fondateur du groupe Pink Floyd.
Demande de libération immédiate
Citoyens du monde, soutiens à Julian Assange, nous exigeons sa libération immédiate et son retour dans sa famille en Australie. Cet homme souffrant n’a commis aucun crime si ce n’est de dénoncer ceux des autres !
Manifestation à Bruxelles tous les lundis
Un très petit comité de soutien à Julian Assange se réunit Place de la Monnaie à Bruxelles, tous les lundis, de 17h à 19h pour montrer leur indignation. Si vous aussi, vous êtes indignés par la mort lente de Julien Assange ; rendez-vous est pris (5).
(1) Sputnik, « Oliver Stone prend la défense d’Assange » , sur fr.sputniknews.com
(*) : Liste des signataires :
- Catherine de Voghel, psychologue
- Carine Russo, ancienne sénatrice et écrivain
- Corinne Gobin, politologue, maître de recherche Fnrs – ULB
- Jean-Claude Deroubaix, sociologue, enseignant Umons
- Anne Staquet, Professeur de Philosophie, Université de Mons
- Vincent Engel, professeur UCLouvain, et écrivain
- Anne Dufresne, sociologue, GRESEA
- Marc Reisinger, psychiatre bruxellois
- Anne Morelli, professeure honoraire ULB
- Mateo Alaluf, professeur honoraire ULB
- Arnaud de la Croix, philosophe et historien
- Rachel Carton, formatrice en éducation permanente, CEPAG
- Jean-Louis Siroux, sociologue (ULB)
- Camille Martin, journaliste
- Prof. Geoffrey Geuens (ULiège)
- Evelyne Dehenin, licenciée en philosophie
- Antoine Ponza, journaliste
- Greta Alegre, productrice de documentaires
- Jean-marie Dermagne, avocat, ancien bâtonnier, enseignant universitaire
- David Ramboux, citoyen belge
- Francis Houart, syndicaliste (pensionné)
- Diana Johnstone, journaliste américaine
- Javier Carrasco philosophe
- Olivier Mukuna, journaliste et essayiste
- Gil Honoré , citoyen belge
- Luk Vervaet, enseignant empêché dans les prisons
- Anne-Marie Zorat, animatrice, Seraing
- Didier Mendy, citoyen libre
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