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Ce Tour de France qui a forgé la légende de Raymond Poulidor
Décédé ce 13 novembre, Raymond Poulidor n'a jamais remporté la Grande Boucle. Pas même en 1968 alors que la victoire lui tendait les bras
Par Alexandre Boudet
CYCLISME - “On dit Poulidor le malchanceux. Ce n’est pas vrai. J’ai eu énormément de chance.” Dans un portrait réalisé pour une série documentaire du Tour de France et visible ci-dessus, Raymond Poulidor qui est décédé ce mercredi 13 novembre, récusait l’idée régulièrement associée à son nom.
Lui qui n’a jamais remporté le Tour de France ni même porté le maillot jaune confiait d’ailleurs qu’il ne serait pas resté aussi populaire s’il avait gagné la Grande boucle. Il y a pourtant un Tour qu’il aurait dû remporter, celui de 1968. Mais la malchance s’en est mêlée.
Cette année-là, son grand rival Jacques Anquetil qui a déjà triomphé à cinq reprises est absent. Il n’y a pas non plus d’Eddy Merckx qui débutera son règne l’année suivante. C’est donc dans la peau du favori que le cycliste français prend le départ à Vittel. Il renforce cette position dans les Pyrénées qu’il quitte en sixième position au classement général.
Mais tout bascule lors de la quinzième étape entre Font-Romeu et Albi. “C’est le pire souvenir de ma carrière lors d’un Tour de France”, a confié Poupou quelques décennies plus tard au Parisien. Bien placé à l’avant de la course, il est prêt à attaquer quand une moto le projette violemment au sol. “Quand je me suis relevé, j’avais la figure en sang, des plaies aux genoux et aux avant-bras”, raconte-t-il.
Pas question d’abandonner pour autant. Il remonte en selle et alors que ses rivaux ont mis l’accélérateur, il entame une course poursuite qui se termine dans le Tarn avec seulement une minute de débours. “Mais je savais que le Tour était fini pour moi”, se désole-t-il. C’est que les plaies ne sont pas superficielles. “J’avais deux fractures au visage, je ne pouvais ni manger ni me servir de mes bras”, se rappelle-t-il. L’abandon, le surlendemain est inéluctable.
Aux blessures corporelles, s’ajoute une autre douleur, psychologique celle-là. “Le plus dur était d’accepter cette blessure morale, être obligé de quitter ce Tour alors qu’il me tendait les bras”, confie Poupou. Quelques jours plus tard, Jan Jenssen s’impose à Paris. Le nom du Néerlandais est inscrit à jamais au palmarès du Tour de France. Celui de Poulidor n’y figure pas. Il est bien plus haut, dans la légende du sport.
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