Chère lectrice, cher lecteur,
Que retiendra l’histoire? Le génie retrouvé de Roman Polanski lorsqu’il filme, dans J’accuse, les violences d’une injustice qui a déchiré la France ou la polémique, qui semble consubstantielle à la carrière du cinéaste?
Avec J’accuse, le cinéaste revient au niveau de ses plus grandes réussites, Rosemary’s Baby, Chinatown ou The Ghost Writer, écrit notre critique Antoine Duplan. Le film est raconté du point de vue du colonel Picquart, qui a relancé l’enquête par laquelle Dreyfus sera finalement réhabilité. Jean Dujardin, qui interprète cet enquêteur ambigu, trouve enfin là un rôle à la hauteur de son talent, se réjouit notre spécialiste.
Dans le dossier de presse du film, le réalisateur tient les propos suivants: «Je connais bon nombre de mécanismes de persécution qui sont à l’œuvre dans ce film et […] cela m’a inspiré.» Ce parallèle entre Dreyfus, victime de l’antisémitisme de son époque, et Polanski, auteur du viol d’une mineure, en 1977, a outré le magazine Variety et a relancé le mécanisme qui accompagne la carrière de cet artiste: celui de la polémique. Peu avant la sortie de ce nouveau film, une photographe a accusé Roman Polanski de l’avoir violée en 1975, alors qu’elle avait 18 ans. Comme il avait nié l’agression sexuelle de 1977, dont il a été reconnu coupable, il nie ces nouvelles accusations.
«Cet inextricable amalgame de vérités et mensonges risque de faire une victime collatérale: le film, regrette notre critique. Ce serait regrettable car il impose la grandeur du cinéma, appelle au courage civique et dénonce la haine de l’autre, ce poison tellement contemporain.»
– David Haeberli, chef de la rédaction genevoise
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