RETRAITES. APRÈS LA CONCERTATION VAINE, LE PRÉSIDENT TENTE LA MÉTHODE VIOLENTE
Mardi, 29 Octobre, 2019
À l’approche des journées de mobilisation contre la casse du système solidaire de retraite, Emmanuel Macron a tenu, ce lundi, un discours brutal, cherchant à diviser les Français. Un revirement stratégique qui trahit des difficultés.....
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Même face à une mobilisation digne de celle de 1995, Emmanuel Macron a prévenu qu’il resterait droit dans ses bottes. « Je veux aller au bout de cette réforme, c’est indispensable pour notre pays, a affirmé le président de la République lundi matin sur RTL. Donc je la défendrai. Peut-être que ça me rendra impopulaire, peut-être que des gens diront : “C’est insupportable.” Je n’aurai aucune forme de faiblesse, de complaisance. »
Si Emmanuel Macron est sorti du bois pour défendre la réforme des retraites, c’est qu’il sent que son gouvernement va se retrouver en difficulté. « Alors il adopte une tactique d’intimidation insupportable, explique le député PCF Pierre Dharréville. Il veut décourager la mobilisation qui vient, mais il risque plutôt de l’encourager. » La CGT, FO, la FSU et Solidaires, ainsi que quatre organisations de jeunesse, ont en effet appelé à la grève illimitée à partir du 5 décembre. La CFE-CGC ne se joindra pas au mouvement mais soutiendra « celles de ses fédérations qui s’y associeront », à l’image de la RATP.
« Le droit à la retraite a été abîmé ces dernières années »
À l’intimidation, Emmanuel Macron a ajouté la carte de la division. Non seulement il « appelle au calme et à la responsabilité » les salariés qui « travaillent dans des services essentiels » pour que leur mobilisation ne bloque pas « des familles ou des travailleurs ». Puis il tente de jouer les salariés jeunes contre les plus âgés, sur le chapitre des régimes spéciaux de retraite. « Moi, je comprends tout à fait quelqu’un qui est à EDF, à la RATP ou à la SNCF, qui a 48 ou 50 ans, et qui proteste. (…) Sans doute qu’il ne faut pas tout bousculer pour lui. (…) Mais vous ne pouvez pas sincèrement et raisonnablement me dire : “On va embaucher un cheminot ou un électricien demain au même régime que vous.” Ce n’est pas possible, ce n’est pas raisonnable. »
Une stratégie dont le président a usé et abusé depuis le début de son mandat, estime Pierre Dharréville. « Il joue sur les divisions, entre retraités et actifs, puis entre travailleurs des régimes spéciaux et du régime général. Pour autant, tout le monde a compris, je pense, qu’il est question ici de sauver notre droit collectif à la retraite. Le contrat social est remis en cause », alerte-t-il.
Pour le député PCF, tout dans la méthode employée par le président pour faire passer cette réforme explosive montre qu’il se sent en difficulté. Faire travailler Jean-Paul Delevoye tout seul pendant un an, avant de le faire entrer au gouvernement et, en parallèle, lancer une phase de concertation avec les syndicats qui a capoté. « La concertation a été un moyen d’endormir l’opinion publique pendant des mois, expliquait à ce sujet Catherine Perret, en charge de la négociation sur les retraites à la CGT, dans les colonnes de la Marseillaise. Tout est resté très flou. C’est dix-huit mois de rencontres pour pas grand-chose. » Puis le président a relancé l’idée du grand débat, comme avec les gilets jaunes. « Cela montre un doute, une forme de fragilité, juge Pierre Dharréville. Cela doit nous pousser à nous mobiliser. Le droit à la retraite a été abîmé ces dernières années. Il faut s’appuyer sur le meilleur de ce qui subsiste pour construire le système de demain. J’appelle Emmanuel Macron à éviter la casse, à considérer la complexité de la société française et à prendre la mesure des rapports de forces sociaux. »
Prochaine étape, avant la mobilisation du 5 décembre, à laquelle devraient se joindre les forces politiques de gauche en soutien des syndicats, Philippe Martinez a annoncé qu’il rencontrerait, ce mardi, le haut-commissaire aux retraites, Jean-Paul Delevoye.
Pierric Marissal
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