Lu dans le DL du 31.10.2019
ÉDITO
Gilles DEBERNARDI
Sous le ciel du Chili,
un drôle de climat
Le Chili, qui devait accueillir la COP25 début décembre,
jette l’éponge à un mois de la prestigieuse échéance.
Ce n’est
pas sous Pinochet qu’on aurait vu un truc pareil.
Au bon
vieux temps du général, quitte à faire donner la troupe
contre la populace, le pays savait tenir ses engagements
internationaux.
Sauf peut-être en matière de droits de
l’Homme, détail accessoire et vite oublié. Mais ça, c’était
avant, la démocratie change la donne. « Avec un profond
sentiment de douleur, nous renonçons à organiser la Conférence mondiale sur le climat » annonçait donc hier le
président Sebastian Pinera.
Une crise sociale explosive, qui
draine une foule immense dans les rues de Santiago, le
pousse à modifier son agenda. Avant d’entendre parler « fin
du monde », ses compatriotes exigent que soit réglé leur
problème de « fins de mois ».
Ventre affamé n’a pas d’oreille.
Le chef de l’État vire aussitôt huit ministres et bat sa coulpe
à la télévision : « Le gouvernement a sous-estimé l’ampleur
de cette situation d’inégalités et d’abus.
Je vous demande
pardon ».
Pour le reste, à gauche toute : hausse des petites
retraites et des bas salaires, baisse du prix de l’électricité, des
médicaments, augmentation de l’impôt pour les riches…
Le
très libéral M. Pinera, lui-même milliardaire prospère, change résolument de cap. Sous l’impeccable costume du financier, on croit voir apparaître la soutane de l’abbé Pierre.
Miracle ! Un seul objectif l’obsède désormais : « Améliorer
la qualité de vie des plus malheureux. » Le renoncement à la
COP25 se veut sans doute une preuve de sa soudaine
conversion.
En attendant, en dépit des belles paroles tombées du ciel, les Chiliens continuent de manifester.
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