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Fumées de Lubrizol “pas nocives” selon Edouard Philippe : un ingénieur-chimiste exprime de sérieux doutes sur BFMTV
Ça pue !
Un petit moment de flottement (ou de vérité ?) s’est produit ce matin sur BFMTV lorsque Frédéric Poitou, ingénieur chimiste et expert judiciaire, est questionné sur la manière dont les autorités gèrent la communication autour de l’incendie de Lubrizol.
Les médias et le gouvernement essaient depuis plusieurs jours, en dépit des nombreux messages (et photos) alarmants qui fleurissent sur les réseaux sociaux, de temporiser, de se montrer rassurant et de communiquer au compte goutte, à l’image du premier ministre qui a déclaré jeudi soir que les odeurs senties par les Rouennais étaient “gênantes” mais “pas nocives”. Sur quoi se base t-il pour faire une telle déclaration ? A-t-il pris un risque en affirmant cela avant que les experts ne se prononcent officiellement sur la question ? C’est ce à quoi Frédéric Poitou a tenté de répondre, et il pose à son tour plus de questions qu’il ne donne de réponse…
Question du journaliste :
Est-ce qu’il [le premier ministre] prend un risque quand il dit que les odeurs sont “gênantes mais pas nocives” ?
Réponse de l’ingénieur chimiste :
Ben, c’est toujours pareil on peut interpréter les mots, si vous voulez, moi j’ai bien entendu ce que disait le député et il dit que les analyses ne sont pas “inquiétantes” mais on n’a produit que le centième des analyses de ce qu’on pouvait produire ! Quand le premier ministre dit que les odeurs sont “gênantes mais pas toxiques” c’est pas impossible parce que s’il s’agit de produits de type Mercaptan, ça sent mauvais mais c’est pas nécessairement toxique. Là où ça ne va pas, c’est que certains produits sont quasiment inodores et on ne les voit pas, comme l’a dit le préfet, “lorsqu’il n’y a pas de trace, il n’y a pas de pollution”, quand on entend ce genre de choses, c’est absolument scandaleux, parce que en fait, on ne prend pas en compte la majorité des composés qu’on a même pas dosés et qui eux sont complètement inodores donc il prend un risque lorsqu’il dit, en même temps d’un côté, le côté préfecture, que finalement il n’y a pas de toxicité avérée, et de l’autre côté que les agriculteurs seront indemnisés, il y a un double langage qui ne va pas du tout : si les agriculteurs sont indemnisés, et que leurs productions sont mises sous séquestre, c’est pas par hasard, ça veut bien dire qu’on sait bien en haut lieu, avec les résultats des analyses qui ont nécessairement été faites sur les camions NRBC, qu’il y a de véritables risques. Alors on produit un certain nombre d’analyses qui ne sont pas trés inquiétantes pour rassurer la population, mais la réalité est vraiment tout autre.
Qu’est-ce qui peut expliquer une si mauvaise communication de la part du gouvernement ? Des enjeux politiques bien sûr, mais aussi peut-être des conflits d’intérêts, des histoires de gros sous. Rappelons, à titre d’information, que Lubrizol Corporation est une société américaine qui appartient depuis 2011 à la holding « Berkshire Hathaway » de Warren Buffett, troisième fortune mondiale, lequel avait déclaré en 2005 sur CNN : « Il y a une lutte des classes, évidemment, mais c’est ma classe, la classe des riches qui mène la lutte. Et nous sommes en train de la gagner ».
Pas écolo, Warren Buffet, mais pas très altruiste non plus !
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