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mercredi 31 mai 2017

Une bonne nouvelle

31 mai 2017
Laurent Joffrin
La lettre de campagne
de Laurent Joffrin

Une bonne nouvelle

On le disait mort, voici qu’il renaît de ses cendres. Le «vieux front républicain tout pourri», selon les termes choisis de Marine Le Pen, prend soudain une nouvelle jeunesse. François Baroin, fidèle en l’espèce à ses références gaullistes, vient d’annoncer que les candidats LR devraient se désister en faveur d’En marche s’ils arrivaient troisièmes dans une triangulaire que le FN pourrait gagner. Baroin rompt ainsi avec une tradition (récente) imposée par Sarkozy et Copé à l’ancienne UMP qui était la tactique du «ni-ni», ni gauche ni Front national. Aussitôt, les dirigeants d’En marche ont répondu qu’ils rendraient la pareille à la droite classique et Jean-Christophe Cambadélis a abondé dans le même sens. Cette sage résolution explique – en partie – pourquoi le FN, dans la prochaine assemblée, aura très peu de députés, alors qu’il représente quelque 20 % du corps électoral au premier tour.
A vrai dire, le front républicain, qui consiste à faire barrage au FN au deuxième tour en incitant les électeurs de différents partis républicains, de droite de gauche ou du centre, à se rassembler sur un seul candidat au deuxième tour, même s’il est d’un bord opposé, n’a jamais vraiment disparu. Aux régionales, dans les Hauts-de-France et en Paca, il avait assuré l’élection de Xavier Bertrand et de Christian Estrosi. A la présidentielle, ce sont, de facto, les électeurs qui l’ont maintenu en vie en plaçant Emmanuel Macron en tête au premier tour, même s’ils venaient d’un autre parti qu’En marche et en lui offrant une large victoire au second. On remarquera aussi, phénomène connexe, que les dirigeants de Debout la France, et ses électeurs, ont en grande partie désavoué leur leader Nicolas Dupont-Aignan, quand il a passé une alliance avec Marine Le Pen entre les deux tours. Il est probable que le débat télévisé qui a précédé le deuxième tour de la présidentielle, où la cheffe de l’extrême droite a montré son vrai visage, a contribué à ressusciter le vieux réflexe. Jean-Luc Mélenchon est désormais le seul des grands leaders de formation politique à s’écarter de la tradition républicaine.
Cette résurgence laisse entière la question de savoir pourquoi le FN réunit 20 % des électeurs au premier tour et plus d’un tiers au deuxième. Mais il montre aussi que beaucoup de Français refusent de tenir le FN pour un parti comme les autres. Au bord du gouffre, ils font instinctivement un pas en arrière. Les bonnes nouvelles sont suffisamment rares pour qu’on ne les souligne pas.

Et aussi

Ferrand reste. En Marche a décidé de courir le risque d’une affaire embarrassante, plutôt que de lâcher un de ses leaders de la première heure. Cette fidélité est honorable mais nous ramène tout de même à des traditions politiques anciennes…
Cambadélis reproche à Hamon de soutenir Caroline de Haas et non pas la candidate du PS Myriam El Khomri. Il n’a pas tort. Mais Hamon répond que El Khomri se réclame de la majorité présidentielle (macronienne), ce qui n’est pas la ligne du parti. Il n’a pas tort non plus. Conclusion : à force d’étaler leurs divisions, les socialistes vont faire fuir les électeurs.
Patrick Mennucci dit qu’il va «renvoyer chez lui» Jean-Luc Mélenchon qui est candidat contre lui à Marseille. Mélenchon a déclaré qu’il est «partout chez lui» dans cette élection législative. Sur le plan constitutionnel, il a raison : en principe, les députés sont représentants de la nation et non de leur seule circonscription. Le «mandat impératif» dont semble se réclamer le sortant socialiste, qui met en exergue son implantation locale et sa volonté de défendre les Marseillais, est proscrit par la loi fondamentale.
LAURENT JOFFRIN
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