Ferrand ferré ?
Les détails qui s’accumulent sur les pratiques passées du ministre de la Cohésion des territoires finissent par faire mauvais effet. Rien d’illégal pour l’instant mais un soupçon de mélange des genres très dommageable. Richard Ferrand semble décidément avoir fait bénéficier des proches de contrats où il était par ailleurs codécideur. Exactement le type de comportement qu’En marche a promis, avec une insistance opiniâtre, d’abolir, en tout cas dans ses rangs. Le ministre peut-il tenir ? Aucune information judiciaire n’est ouverte : il peut donc estimer que la justice le tient pour innocent et attendre que l’affaire s’éteigne d’elle-même. Difficile tout de même, quand les révélations s’égrènent dans les journaux. Difficile surtout parce que les candidats d’En marche risquent de constater dans leur campagne que l’affaire les gêne. Au même moment, François Bayrou, procureur énergique des dérives politico-financières et aujourd’hui ministre de la Justice, prépare une loi de moralisation destinée, entre autres, à proscrire… le mélange des genres qui fait tant de mal à la classe politique. Il arrive un moment où le grand écart provoque une déchirure musculaire.
Dans des circonstances analogues, François Hollande avait écarté sans états d’âme les socialistes soupçonnés de péchés mortels ou véniels : Jérôme Cahuzac, Thomas Thévenoud, Yamina Benguigui, Aquilino Morelle ou Bruno Le Roux. Là aussi, difficile pour Emmanuel Macron d’apparaître plus coulant que son ancien mentor. L’heure de la décision approche : risquer une affaire qui traîne en longueur et empoisonne la campagne des législatives, ou bien trancher dans le vif. Pour Richard Ferrand, le dilemme devient aigu : cohésion territoriale ou cohérence politique ?
Et aussi…
• Les sondages ne bougent guère pour En marche, qui caracole en tête autour de 30% des intentions de vote. Le FN et LR suivent un peu au-dessous de 20%. L’élément neuf réside dans la baisse substantielle de La France insoumise, passée de 19% à la présidentielle à des scores sondagiers qui se situent entre 14 et 11,5%. Mélenchon avait un peu arrondi son discours avant le premier tour de la présidentielle. Son regain d’agressivité ne semble guère payer.
• Emmanuel Macron a encore marqué des points grâce à
son entrevue avec Poutine. Le «parler cash» qu’il a employé à Versailles fait bon effet. A l’étranger, il fait même un carton quand
plusieurs commentateurs soulignent le contraste entre lui et Trump. Le président américain ne parle pas à Poutine, mais les critiques continuent de se multiplier sur sa collusion supposée avec la Russie pendant sa campagne. Macron voit Poutine et garde ses distances. L’exact opposé.
• Le même jour, quatre indicateurs de conjoncture accréditent l’idée d’une embellie sur le front de l’activité. La consommation rebondit, l’investissement est meilleur que prévu, la prévision de croissance pour le premier trimestre est revue à la hausse et la construction repart de 15% à la hausse. Hollande n’est plus en position d’en tirer bénéfice. Si tout cela se confirme, son successeur mangera les marrons que l’autre aura tirés du feu. Macron-la-chance…
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