Incorrigible cabotin ou authentique écorché vif ? Les deux, mon général, et personne n’ira se plaindre des multiples contradictions qui façonnent sa personnalité. Pour une fois qu’un dit « centriste » ne se résume pas à un filet d’eau tiède. On l’a vu, dans l’Hémicycle, entonner des chants béarnais à tue-tête, laquelle s’orne généralement d’un rustique béret. Et s’infliger, devant l’Assemblée, une éprouvante grève de la faim contre la délocalisation d’une usine de sa vallée d’Aspe. Et partir « à la rencontre du peuple » en 2013, marchant pendant 5000 km à travers la France.
Soucieux de ne pas s’arrêter en si bon chemin, Jean Lassalle se présente maintenant à l’élection présidentielle. Encore faut-il parvenir à collecter les parrainages nécessaires. De sa voix chargée de rocailles, le gaillard balaie l’objection : « Si je ne suis pas foutu de réunir ces 500 signatures de merde, c’est que je n’ai plus rien à faire en politique ! » Aucun parti ne le soutient, pourtant. Il a quitté le MoDem et brisé avec l’ami Bayrou, ne lui pardonnant pas son ralliement à Juppé. L’atypique député des Pyrénées-Atlantiques monte seul au scrutin, candidat déclaré des « gens de peu », des paysans, des territoires oubliés…
Il vient de publier un livre dont le titre se veut prophétique : « Un berger à l’Élysée ». Ça pourrait être utile, au fond, lorsque viendra enfin la transhumance des énarques. Lassalle, en attendant, s’applique à porter le désarroi du pays profond et prend la mesure de son futur job. Ni l’énergie, ni l’humour ne lui manquent : « Je dois me préparer à l’immense campagne de déstabilisation mondiale dont je ferai l’objet après ma victoire. » En cas de défaite, le Béarn l’aimera quand même.
Par Gilles DEBERNARDI | Publié le 31/10/2016 à 06:02 Vu 2284 fois
La mort d’un vendeur de poissons dans une opération de police choque le Maroc Le Monde.fr avec AFP et Reuters•
Refusant la confiscation de son espadon, Mouhcine Fikri a été broyé par une benne à ordures. La vidéo diffusée en ligne a provoqué un mouvement de protestations.
La mort de Mouhcine Fikri, un vendeur de poisson broyé par une benne à ordures après la confiscation de sa marchandise par la police, a indigné le Maroc et poussé des milliers de personnes à manifester dans plusieurs villes du pays.
Les funérailles de l’homme âgé d’une trentaine d’années ont eu lieu, dimanche 30 octobre, à Al-Hoceima, ville de la région du Rif où il est mort vendredi soir. Plusieurs milliers de personnes y ont participé, dans le calme.
Des marcheurs brandissaient en tête du cortège un drapeau berbère, rendant hommage au « martyr Mouhcine » et exigeant « la vérité ».
Le soir même, des milliers de personnes se sont de nouveau rassemblées, cette fois dans le centre d’Al-Hoceima, a constaté un journaliste de l’Agence France-presse (AFP). « Criminels, assassins, terroristes », scandaient notamment les manifestants, ou encore « Ecoute makhzen [palais royal], on n’humilie pas le peuple du Rif ! ». Le rassemblement s’est déroulé sans incident.
Des manifestations de moindre ampleur ont eu lieu dans plusieurs autres villes du Rif, mais aussi – fait peu ordinaire – à Casablanca, Marrakech et Rabat, où plus d’un millier de personnes ont défilé au cri de « Nous sommes tous Mouhcine ! », brandissant la photo de la victime ou une pancarte provocatrice « Bienvenue à la COP22, ici on broie les gens ».
« Condoléances » du roi et enquête « minutieuse » promise
Les circonstances exactes de la mort de Mouhcine Fikri restent à établir. Selon l’Association marocaine des droits de l’Homme (AMDH), des policiers ont confisqué et voulu détruire une partie de sa marchandise. Il s’agissait de plusieurs caisses d’espadon, une espèce dont la pêche est actuellement interdite. En voulant essayer de récupérer les poissons, l’homme est tombé dans la benne à ordure, où il a été broyé.
Les circonstances effroyables de sa mort, filmée sur un téléphone portable et ayant circulé sur les réseaux sociaux, ont choqué la population. Une photo de la victime inanimée, la tête et un bras dépassant du mécanisme de compactage, a été largement diffusée.
Pour tenter de calmer la situation, le roi Mohamed VI a demandé au ministre de l’intérieur, Mohammed Hassad, de se rendre chez la famille de la victime pour lui « « présenter les condoléances et la compassion du souverain ». Le roi a donné des instructions « pour qu’une enquête minutieuse et approfondie soit diligentée et pour que des poursuites soient engagées contre quiconque dont la responsabilité serait établie dans cet incident », selon le ministère.
M. Hassad a promis que « toutes les défaillances » de la part de la police « seront sévèrement sanctionnées par la justice ». Il a donné des précisions sur ce que les autorités savent déjà :
« Ce dont on est sûr est que la personne concernée a quitté le port dans une voiture avec quelqu’un d’autre, et a refusé de s’arrêter à un contrôle de police. L’alerte a été donnée, le véhicule a été intercepté, avec à son bord une quantité importante d’espadon, une espèce interdite à la pêche. Le procureur a été informé et la décision a été prise de détruire la marchandise illégale. Toutes les questions se posent après ça. Qui a pris la décision de le faire le soir même, comment la benne a-t-elle pu se déclencher… c’est à toutes ces questions que l’enquête du procureur doit répondre. »
La ville côtière d’Al-Hoceima, comptant environ 55 000 habitants, fut le cœur de la révolte contre le colonisateur espagnol dans les années 1920, puis le théâtre d’une insurrection populaire en 1958.
Longtemps délaissée sous le règne de Hassan II, la région du Rif a une réputation de frondeuse et entretient des relations difficiles avec le pouvoir central. Elle fut aussi l’un des principaux foyers de la contestation lors du mouvement du 20-Février, la version marocaine des Printemps arabes en 2011.
Frédéric Lordon était l'invité d'HEC Débats le 21 septembre 2016
Sociologue et économiste, fin connaisseur de la pensée de Spinoza, Frédéric Lordon est connu pour ses prises de position intellectuelles et politiques. Membre du collectif des Economistes Atterrés, figure éminente du mouvement Nuit Debout, il vient se confronter à un public qu'il connait bien, puisqu'il est lui-même titulaire du MBA HEC !
Après avoir présenté succinctement sa vision du salariat comme rapport d'aliénation, il évoque tour à tour le mouvement Nuit Debout et l'avenir de la gauche et du capitalisme en général.
Cette conférence constitue une bonne introduction à sa pensée et intéressera tous ceux, détracteurs ou partisans, qui s'intéressent au sens de la politique et à l'avenir de la démocratie.
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