LE BILLET
« L’esprit du 11 janvier » ne passera pas l’été
Après Charlie, la France entière ou presque s’était serrée les coudes. La classe politique aussi : pour une fois elle avait remisé ses chicayas au vestiaire. Un réconfortant « esprit du 11 janvier » répondait à la folie furieuse.
Après le Bataclan, l’unité nationale avait déjà le souffle un peu plus court. Mais au moins les politiciens avaient eu la décence d’attendre que la fumée des canons de kalachnikovs se dissipe pour relancer leurs sempiternelles querelles.
Avec Nice, le petit monde politique se montre plus qu’impatient. Les cadavres jonchaient encore le bitume de la Promenade des Anglais qu’il relançait les enchères. Estrosi et Ciotti se mesuraient dans un concours de mauvaise foi pathétique tandis qu’Henri Guaino voulait équiper les policiers de lance-roquettes. Pour finir le boulot des tueurs ?
Marine Le Pen, Dupont-Aignan et même Alain Juppé d’ordinaire plus mesuré, tous auraient été bien plus efficaces que le gouvernement contre le tueur au camion. En lui retirant son permis de conduire ?
Seul Nicolas Sarkozy s’en est tenu au registre de la compassion sans patauger dans le caniveau des polémiques. L’ancien président n’oublie pas que Mohammed Merah ne lui avait pas fait de cadeau.
Autant la colère et la douleur des victimes et de leurs familles sont légitimes et ne peuvent qu’inspirer silence et respect, autant les propos d’estrade ne méritent qu’une indifférence polie. Dommage, un « esprit du 14-Juillet » avec la devise « liberté, égalité, fraternité » pour étendard, ça aurait eu de la gueule.
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