CULTURE ET SAVOIRS
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Un jour un poème
NICOLAS DUTENT
SAMEDI, 23 JUILLET, 2016
HUMANITE.FR
Grande fête de la poésie contemporaine, le festival Voix Vives en Méditerranée propose du 22 au 30 juillet plus de 650 manifestations en différents lieux de la ville de Sète.
Dans le cadre du festival de poésie Voix vives qui se tient à Sète du 22 au 30 juillet, L'Humanite.fr vous propose de découvrir chaque jour un poème d'un poète méditerranéen invité de l'édition 2016.
Des bienfaits du pétrole sur le sang, d'Ashraf Fayad, lu par Nicolas Dutent
Dans le cadre du festival de poésie Voix vives qui rend hommage aujourd'hui (à partir de 21h au Jardin du Château d’eau) au poète et artiste d’origine palestinienne Ashraf Fayad, condamné et détenu pour apostasie en Arabie Saoudite, nous proposons la lecture de son poème Des bienfaits du pétrole sur le sang, extrait du recueil Instructions à l’intérieur (Editions le Temps des Cerises)
Des bienfaits du pétrole sur le sang
Ô vous, les errants
votre errance hante les métropoles
Vous êtes ruinés
et dans le néant
qui vous ronge de l’intérieur
les voies du salut
de vos âmes
ont été coupées
Ton sang muet
le restera
tant que tu te vanteras de la mort
et proclameras en secret
que tu as confié ton âme
à ceux qui ne comprennent goutte
La perte de l’âme
prendra un temps
qui ne suffira pas à apaiser tes yeux
terrorisés d’avoir tant versé
de pétrole !
Et c’est ainsi qu’a parlé
le seigneur de la tribu :
Celui qui possède du pétrole
et couvre ses besoins
en suçant le sang de ses dérivés
est bien meilleur
que celui qui allume ses yeux
pour faire du cœur
un dieu
Avec le pétrole
tu résistes !
et tu perces l’hermétique
des soutiens-gorge
afin de sucer les cerises
et leurs aréoles
te délecter de la moiteur
d’entre les cuisses
et de la manne de volupté
alentour
Quoi encore ?
alors que tous les apostats
ont accroché la pioche à ton épaule
et que tu as — dit-on —
hasardé des sangs
ne servant même pas
à apaiser la nostalgie
Que tu as continué
à piéger les tavernes
avec le mal de la splendeur
Tout cela pour boire un verre
sans débourser
Les globules noirs
du pétrole
se promènent entre tes cellules
Ils réparent
ce dont ta nausée
n’a pas réussi à te débarrasser
Traduit de l’arabe par Abdellatif Laâbi
Né à Gaza en 1980, Ahsraf Fayad est un poète et artiste palestinien qui vit en Arabie Saoudite. Il a d’ailleurs représenté ce pays lors de la Biennale de Venise en 2013.Des extrémistes religieux l’ayant accusé d’avoir écrit des poèmes athées, il a été condamné à mort, le 17 novembre 2015.Une campagne internationale s’est engagée en sa faveur. Et le 2 février 2016, la Cour d’appel a décidé de commuer la peine capitale en huit ans de prison et huit cent coups de fouet.L’action se poursuit pour que soit libéré Ashraf Fayad.
Horia Badescu (Roumanie) lit Des automnes, des hivers ont passé...
Des automnes, des hivers ont passé...
Des automnes, des hivers ont passé,
chaque fois et depuis toujours illusoires
et pourtant si réels,
tel l'air du soir avant qu'il commence à neiger.
Sur l'arête des heures, sur leur fil édenté,
des paroles qui glissent au-dessus
du clavier égaré du premier instant.
Les jours cueilleront dans leurs corbeilles la fournaise,
mais restera toute entière la lumière insatiable qui coule
de l'oeil céleste,
et rien de ce qui t'est destiné ne changera,
et ne pourra emporter
ce qui doit rester après toi :
un ra, le murmure d'un chant
tel le susurrement amoureux de l'herbe,
une traînée de sang qui monte du coeur insatiable
du monde,
un signe pour le retour
quand l'horizon plonge dans les eaux,
et seule la sirène du bateau perpétue à jamais
la respiration éternelle
de la mer.
Traduit du roumain par l'auteur.
Horia Badescu est né en 1943 à Aref-sur-Arges en Roumanie. Docteur ès lettre, journaliste et diplomate, il est aussi poète, prosateur et essayiste roumain et le lauréat de l'Académie roumaine, de plusieurs prix littéraires roumains et du Prix Européen de Poésie francophone " Léopold Sedar Senghor". Auteur de plus d'une trentaines d'ouvrages publiés en Roumanie, France, Belgique, Etats-Unis, Macédoine, Bulgarie, Vietnam, il est membre de l'Union des Ecrivains de Roumanie, membre de la Maison Internationale de la Poésie de Bruxelles, président d'honneur d'Europoésie, membre d'honneur de l'Académie francophone et membre du Comité d'honneur de l'Union des Poètes francophones et du Cercle Européen de Poésie Francophone POESIAS, membre du Comité scientifique de l'Institut International pour l'Opéra et Poésie de l'UNESCO - Vérone, Italie, membre du CIRET et de l'Académie Universelle de Montmartre. Il est fondateur du mouvement littéraire "Equinoxe", et du Festival International de poésie "Lucian Blaga" en 1991. Après avoir dirigé l'Institut Culturel Roumain (1994-1998) et oeuvré comme Conseiller aux affaire culturelles et pour la Francophonie de l'Ambassade roumaine de Paris (2001-2005), il est Directeur du Théâtre National de Cluj-Napoca (Roumanie) et de la Radiotélévision du Cluj. Parmi ses ouvrages de poésie, citions : Les syllogismes du chemin (L'Arbre à paroles, 2000), Abattoirs du silence (AB éditions, 2001), Le vent et la flamme (Librairie bleue, 2002), Un jour entier (L'Arbre à paroles, Amay, Belgique, 2006), Miradors de l'abîme (L'Arbres à paroles, 2008), Parler silence (L'Arbre à paroles, 2010), Roulette russe (L'Herbe qui tremble, 2015).
Hommage à Yves Bonnefoy
A l'occasion de l'hommage qui est rendu aujourd'hui à Sète, dans le cadre du festival de poésie Voix vives, au grand poète français Yves Bonnefoy décédé récemment, l'humanité.fr propose, en partenariat avec la revue sonore "Donc," un poème lu par l'auteur et extrait du catalogue des Editions Thélème.
Présentation de la revue sonore dont le premier paraîtra le 1 septembre prochain :
Donc, c’est une nouvelle revue. De poésie. Un vrai défi .
Donc, une revue qu’on écoute. Une qui mêle des voix. Parce que les voix, ça porte loin. Jusqu’au coeur de chacun. Des voix nouvelles, des assurées, des qui font leurs premiers pas, des d’humbles géants, des qui poussent jusqu’au chant. En vers, en prose, entre les deux. Des voix de poètes, de chanteurs, un petit peu d’hier et beaucoup d’aujourd’hui.
Un numéro inaugural imaginé au coin d’une table, réalisé dans l’euphorie, entre amis et avec beaucoup d’inédits.
De la poésie concrète ou lyrique, énigmatique, douce ou violente, tranchante ou apaisante. Des mots. Des mots dits. Parce que la poésie, ça s’adresse à tout le monde. Ça peut changer le monde. À commencer ici. Alors, vous offrir une revue. Un grand spectacle. Juste entre nous. Qui commence, Donc,
Au sommaire du premier numéro :
Jean-Pierre VERHEGGEN & Jacques BONNAFFÉ • Le Poési
Stéphane BATAILLON • Édito
Julien ALLOUF lit RABELAIS • Gargantua – L’Abbaye de Thélème
Brigitte FONTAINE • Éloge de l’hiver − Inédit
Michaël LONSDALE lit Victor HUGO • Jeanne fait son entrée
Aurélia LASSAQUE • Je porte un bracelet (Éditions Bruno Doucey 2017, extrait)
Arthur H • Le son et la lumière − Inédit
Mâya DE FAY, musique de Vincent BONNEFOIS • Élise à la grise mine
Christian OLIVIER lit APOLLINAIRE • Le pont Mirabeau
Yves BONNEFOY • Poèmes
Stéphane BATAILLON • 1961 − Inédit
James NOËL • Les cigales − Inédit
Perrine GRISELIN • Le désespoir non plus (Éditions Color Gang, extrait)
Juanito SANCHEZ • La Paloma de Pilar
Linda Maria BAROS • Je sors dans la rue avec l’ange − Inédit
Christian OLIVIER lit APOLLINAIRE • Les cloches version chantée
Stéphane BATAILLON • Prépare toi à la pluie − Inédit
Aurélia LASSAQUE • Chant traditionnel occitan – Donne moi un nom
Alain BASHUNG lit Bernard De VENTADOUR • Chanter ne peut guère valoir
Victor BLANC • Catabase (Éditions Le Temps des cerises)
Les frères SUAREZ-PAZOS & Sylvain CLÉMENT • Tomas Tranströmer (Éd. Castor Astral)
Arthur H • À cheval en rêve (Éditions Actes Sud)
Philippe JACCOTTET • Poèmes (Éditions Gallimard)
Mâya DE FAY, musique de Quentin POURCHOT • Branlade de morue
Brigitte FONTAINE • Portrait de l’artiste en déshabillé de soie (Éditions Actes Sud)
Jean-Pierre VERHEGGEN • Inédits
Donc, la revue sonore de poésie des éditions Thélème
Comité éditorial : Adeline Defay, Emmanuelle Leroyer & Stéphane Bataillon
DIRECTION ARTISTIQUE / RÉALISATION : Mâya HEUSE & Quentin POURCHOT
GRAPHISME : Nathalie BAUZA
Twitter : @RevueDonc / Facebook : facebook.com/RevueDonc
James Sacré lit un extrait du poème Pas si facile d'effacer ce qui gêne
(America solitudes, André Dimanche Editeur).
Okefenokee, la terre qui tremble, c'est immense et le petit bateau
Part faire un tour de vingt-cinq minutes, promène sa quinzaine de personnes
Par de beaux chemins d'eau à travers les taillis de cyprès chauves.
Le bateau progresse dans beaucoup de silence et parmi les feuillages légers des cyprès
Qui sont à la fois dans le ciel très haut
Et dans le miroir sombre de l'eau.
De la grande herbe et du soleil à des endroits
Où ne bougent pas, sauf un oeil ouvert, les alligators : en voilà un qui file devant dans l'eau, presque s'ébroue, petit bruit des appareils photos, quelqu'un
Raconte qu'il en a mangé hier soir au restaurant Holiday Inn.
Un peu plus loin
Le guide montre les restes d'une barque des Indiens séminoles :
Elle est couchée contre un peu de cette terre qui tremble,
Okefenokee comme disaient à peu près les Indiens. Les Séminoles
Faut chercher dans les livres spécialisés pour connaître un peu de leur histoire.
Le bateau progresse dans beaucoup de silence et parmi les feuillages légers des cyprès
(Leur gros pied conique les tient solides
A même un sol en quelque sorte
Posé sur l'eau, comme on l'explique au centre d'accueil du parc),
Il y a eu un moment de silence quand le guide a fait remarquer cette barque morte,
Pas de questions. Pas de commentaires non plus.
Presque aussitôt
La vie de tous ces Américains d'aujourd'hui (la mienne aussi)
A repris sa confortable respiration.
James Sacré est né en 1939 en Vendée. Il est d'abord instituteur avant de partir aux Etats-Unis où il poursuit des études de lettres et enseigne ensuite à l'université, dans le Massachusetts. Après de nombreuses années passées aux Etats-Unis, il revient en France en 2001 et s'installe à Montpellier. Il est de nombreux livres chez différents éditeurs (Le Seuil, Gallimard, André dimanche, Tarabuste et d'autres). Il a récemment publié Si les felos traversent par nos poèmes (Jacques Brémond, 2012), Le paysage est sans légende (Al Manar, 2012), Affaires d'écriture (ancrits divers) et Ah ! V'la un papillon (Tarabuste, 2013), Parler avec le poème (La Braconnière 2013), Dans l'oeil de l'oubli (Obsidiane, 2015), Un désir d'arbres dans les mots (Fario, 2015), Ecrire un poème (Editions Les Venterniers, 2015), Figures qui bougent un peu et autres poèmes dans la collection Poésie/Gallimard (2016).
Pàmbos Kouzàlis (Chypre) lit, en grec, son poème "Immigré"
Μετανάστης
[Immigré]
Κρύψτε με, είπε ο χαρταετός
και μπόρεσε και χώρεσε
πίσω από την αρμαρόλλα με τα ασημένια πιρουνάκια
εκείνα που κρατούνε στιλβωμένη την προσμονή
για τον γάμο της κόρης που δεν έγινε ποτέ
Είχε μπει από το παράθυρο
σπαράζοντας στο κλάμα
κι ας είχε ένα χαμόγελο στο σώμα ζωγραφιά
Φύσαγε λυσσασμένα ο άνεμος
κι έφερε ως την πόρτα μας παιδάκι μια σταλιά
Το είχε δώσει η μάνα του στου χαρταετού τις βέργες
και το λευτέρωσε να βρει την τύχη σ’ άλλο τόπο
Δακρύζει η αλευρόκολλα λυγάνε τα καλάμια σπάει το νήμα
Βγήκαμε έξω και πιάσε το χεράκι του απαλά μην το τρομάξεις
μα τι κάνεις εκεί;
φίλα του τα χείλη ν’ ανασάνει
τρεμόπαιξε τα μάτια ή μου φάνηκε;
Βαριανασαίνει ο βοριάς
σηκώνει το παιδί ψηλά
και δώσ’ του να χτυπούν το στήθος οι γυναίκες
σαν να ’τανε το σπλάχνο τους
που αγγέλου φόρεσε φτερά και ανελήφθη
Αφήστε τες να το θρηνήσουν
ψιθύρισε ο χαρταετός
μην ανεβαίνει άκλαυτο παιδί σ’ άγνωστους ουρανούς
Σε καθαρό δεφτέρι γράφτηκε, σήμερα ν’ αποστάσει
Κάλλιο που μου δόθηκε άκληρη να γεράσω
σκέφτηκε η κόρη ανύπαντρη
μα ποιου να το μιλήσει
Cachez-moi , a dit le cerf-volant
et il a pu se glisser
derrière l'armoire aux couverts d'argent
ceux qui conservent l'attente miroitante
du mariage de la fille qui n'a jamais eu lieu
Il était entré par la fenêtre
avec des pleurs déchirants
malgré le sourire dessiné sur son corps
Le vent soufflant avec rage
a déposé à notre porte un enfant tout petit
Sa mère l'avait confié aux vergues du cerf-volant
puis l'avait envoyé tenter sa chance ailleurs
La colle pleure les baguettes plient le fil casse
Nous sommes sortis et prends sa petite main doucement ne l'effraie pas
mais qu'est-ce que tu fais là ?
embrasse-lui ses lèvres qu'il respire
ses paupières ont frémi ou je me trompe ?
Le vent du nord souffle lourdement
soulève l'enfant très haut
et voilà que les femmes se frappent la poitrine
comme si c'était leur chair à elles
qui a pris des ailes d'anges et s'élève
Laissez-les le pleurer
a chuchoté le cerf-volant
qu'il ne monte pas sans larmes dans des cieux inconnus
Il est écrit sur une page blanche qu'il doit partir aujourd'hui
Mieux vaut vieillir comme moi sans descendance
a pensé la fille sans mari
mais à qui le dire
Traduit du grec par Michel Volkovitch
Pàmbos Kouzàlis est né en 1964. Il étudie l'Histoire de l'art et de l'archéologie à l'université d'Athènes et à l'université ouverte d'Angleterre dont il est diplômé en lettres classiques. Depuis 1998, il travaille comme philologiste. Il a publié trois recueils de poèmes : Mots cousus (2003), Un (2011) et Presque (2015). Ses poèmes ont été publiés dans de nombreuses anthologies et revues chypriotes et traduits en plusieurs langues. Il a écrit des textes de chansons pour plusieurs productions théâtrales et séries télévisées. Il est également co-créateur de l'association culturelle "Parakentro" au travers de laquelle il a organisé de nombres événements littéraires. En tant qu'éditeur il a publié quatre collections de nouvelles, deux collections de poèmes et une anthologie de poèmes chypriotes et espagnols. Il participe régulièrement à des festivals en Allemagne, Grèce, France et Suède
Vénus Khoury-Ghata (Liban) lit "Les mots", un poème extrait du recueil “Compassion des pierres” (Editions de la différence) figurant dans l'anthologie récente Les mots étaient des loups (Gallimard).
Les mots je le sais maintenant déclamaient du vent à
l’époque
à part les cailloux il y avait des lunes mais pas de lampes
les étoiles sortirent plus tard d’une empoignade entre deux
silex
Cinq cailloux pour tout vous dire
un par continent
assez vaste pour contenir un enfant de couleur différente
Il y avait donc cinq enfants mais pas de maisons
des fenêtres mais pas de murs
du vent mais pas de rues
le premier homme portait une pierre autour du cou
Il fit un arrangement avec le premier arbre
un chêne si mes souvenirs sont bons
celui qui arrivait avant l’autre buvait l’océan
Le langage en ce temps-là était une ligne droite réservée
aux oiseaux
la lettre “i” fente de colibri femelle
“h” échelle à une seule marche nécessaire pour remplacer
avant la nuit un soleil grillé
“o” trou dans la semelle de l’univers
Contrairement aux consonnes aux vêtements rêches
les voyelles étaient nues
tout l’art du tissage consistait à ménager leur susceptibilité
le soir elles se comptaient entre elles pour s’assurer
qu’aucune ne manquait
dans les pays caillouteux les hommes avaient un sommeil
sans rêves
Vénus Khoury-Ghata est née au nord du Nord, à Bécharré en 1937, elle a publié vingt romans et autant de recueils poétiques. Son oeuvre a été couronnée par de nombreux prix, parmi lesquels le Grand Prix de la Société des Gens de Lettres, le Prix Apollinaire, et le Prix Mallarmé. En 2009, elle reçu le Grand Prix de la Poésie de l'Académie Française pour Les Obscurcis. Membre de dix jurys littéraires prestigieux, dont celui de l'Académie Mallarmé, elle est traduite dans de nombreuses langues. Ses derniers recueils sont parus au Mercure de France, chez Folio et chez Al Manar : La Fille qui marchait dans le désert, Où vont les Arbres ? (Prix Goncourt de la Poésie 2011), Orties (2011), Le facteur des Abruzzes, La fiancée était à dos d'âne (Prix Audiberti 2013), et Le livres des suppliques en 2015. Elle est également l'auteur de plusieurs recueils pour enfants, parmi lesquels A quoi sert la neige ? (Le Cherche Midi, 2009).
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