- L’heure des règlements de comptes a sonné sur les rives du Bosphore. Après lecoup d’Etat manqué, perpétré par une fraction minoritaire de l’armée turque dans la nuit de vendredi à samedi (plus de 290 morts et 1 400 blessés), le régime a repris la main, avec une fermeté implacable.
- Dès le lendemain de ce pronunciamiento avorté, qui pendant plusieurs heures a semé la confusion à Ankara et Istanbul, le président, Recep Tayyip Erdogan –aussi adulé que haï –, a lancé une vaste opération de « purge », non seulement au sein des cercles militaires, mais aussi dans l’ensemble de l’appareil judiciaire. Au total, près de 6 000 personnes ont été placées en garde à vue. BBC
- Une contre-offensive destinée à réaffirmer son autorité à la face de ses opposants. Convaincu que le putsch émane du prédicateur Fethullah Gülen – l’ami intime devenu ennemi juré en 2013 lors de révélations de corruption au plus haut sommet du pouvoir –, le chef de l’Etat est résolu à le réduire à quia.
- Il a d’ailleurs enjoint au gouvernement américain de l’extrader. En pure perte. De son côté, l’imam, exilé en Pennsylvanie (nord-est des Etats-Unis), a récusé toute implication, à quelque niveau que ce soit, arguant que, « depuis seize ans, [il vivait]loin de la Turquie ». CNN
- Face aux « insinuations publiques » selon lesquelles Washington pourrait être derrière la tentative de renversement de M. Erdogan, le secrétaire d’Etat américain, John Kerry, a haussé le ton et dénoncé des « allégations totalement fausses »susceptibles d’écorner la relation bilatérale (les deux pays sont alliés au sein de l’OTAN, à laquelle la Turquie appartient depuis 1952). The Wall Street Journal
- Cet échange de philippiques survient alors qu’Ankara a fermé son espace aérien, empêchant les chasseurs américains de décoller de la base d’Incirlik pour aller bombarder les positions de l’organisation djihadiste Etat islamique en Syrie et en Irak. Al-Jazira
- The New York Times préfère s’intéresser aux zones d’ombre du coup d’Etat, dont il s’étonne qu’il ait été mené sans le soutien préalable de la société civile et de l’opposition parlementaire, comme en 1997. Manque de planification ? Incompétence ? Peut-être un peu des deux, suggère le quotidien américain.
- Murat Yetkin, chroniqueur pour Hürriyet, déplore, lui, ce « déjà-vu cauchemardesque » pour le peuple turc, qui « pensait en avoir fini avec l’ère des coups d’Etat [comme en 1960, 1971 et 1980] ». Et préfère oublier cette « nuit de honte pour la Turquie ».
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