Translate

mercredi 1 juin 2016

Loi travail : un compromis est-il possible entre la CGT et le gouvernement ?

Moi je suis pour que notre mobilisation aille jusqu'au retrait de ce funeste projet de loi et si c'est nécessaire jusqu'à la chute du gouvernement Valls & Cie ...BV



Loi travail : un compromis est-il possible entre la CGT

 et le gouvernement ?


LE MONDE |  • Mis à jour le  | Par 

Philippe Martinez, le secrétaire général de la CGT, le 31 mai à Fougères (Ille-et-Vilaine).

Philippe Martinez, le secrétaire général de la CGT, le 31 mai à Fougères (Ille-et-Vilaine). DAMIEN MEYER / AFP

La CGT est-elle en train de changer de stratégie dans son combat frontal contre la loi travail ? La question se pose depuis les déclarations de son secrétaire général, Philippe Martinez, lors d’un débat sur RTL, lundi 30 mai, avec Laurent Berger, le numéro un de la CFDT. Interrogé sur la question de savoir si le retrait du texte est toujours un « préalable » à l’ouverture de discussions avec le gouvernement, M. Martinez a répondu : « Il n’y a aucun préalable. On attend depuis trois mois pour pouvoir discuter ». Il ajoute qu’« une solution acceptable » est cherchée.
Enumérant ses « points majeurs » de désaccord, notamment « le fameux article 2 » qui donne la priorité aux accords d’entreprise sur le temps de travail, le patron de la CGT a estimé qu’il fallait « retirer cette colonne vertébrale du projet de loi » et « rediscuter d’un certain nombre d’articles » (ceux, entre autres, sur la médecine du travail et sur le recours aux référendums dans les entreprises). Adoptant un ton plutôt mesuré, il a aussi relevé qu’il y avait dans cette réforme des « choses positives » – le compte personnel d’activité, par exemple, « sauf qu’il n’y a pas grand-chose dedans », a-t-il toutefois déploré.
Mardi, en déplacement à Fougères (Ille-et-Vilaine), M. Martinez a visiblement voulu corriger l’impression de flottement provoqué par ses propos de la veille. La CGT, a-t-il dit en substance, n’a pas varié son positionnement : d’après lui, « la chose nouvelle » depuis trois mois, c’est le coup de fil que Manuel Valls lui a passé, le 27 mai : « Quand on se parle, c’est quand même mieux que quand on dit “ma porte est ouverte, mais on ne discute pas”’. »
Quelques heures plus tard, la centrale de Montreuil (Seine-Saint-Denis) a publié un communiqué dans lequel elle rappelle que « le seul enjeu (…) reste le retrait de la loi travail, afin d’ouvrir de véritables négociations autour d’un code du travail du XXIe siècle ». Mais le mot « préalable » n’apparaît à aucun moment.
A la tête de la confédération, plusieurs responsables jugent qu’il faut réfléchir à « une sortie de crise ». Une analyse partagée par un proche de la direction de la CGT : « Philippe Martinez a compris qu’il ne pouvait pas tenir indéfiniment sur une ligne consistant à exiger le retrait du texte. » François Hollande et Manuel Valls ont clairement signifié une fin de non-recevoir à cette revendication. Lors de la réunion du groupe socialiste à l’Assemblée nationale, le premier ministre a expliqué que « reculer serait une faute politique »« Sur le fond du texte, et notamment sur l’article 2, il faut tenir », a-t-il martelé.
D’autant que, à ses yeux, la contestation, si elle se poursuit et complique l’activité dans certains secteurs (filière carburant, transports), est loin de paralyser le pays. Mercredi matin, le trafic SNCF était, certes, perturbé par une grève reconductible (à l’appel de la CGT, de SUD-Rail et de l’UNSA), avec 60 % des TGV, 40 % des Transiliens et le tiers des Intercités qui circulaient. Mais il est possible que la mobilisation baisse très vite de plusieurs crans, l’UNSA cherchant à s’extraire du mouvement, après avoir obtenu satisfaction grâce au nouvel accord d’entreprise qui préserve les acquis des cheminots (Le Monde du 1er juin). La CGT, de son côté, n’a pas grand intérêt à bloquer la nouvelle organisation du travail, qui doit être entérinée le 8 juin, car elle maintient des garanties sociales à un niveau inespéré – du point de vue des syndicats. Seul SUD-Rail, troisième syndicat à la SNCF, est enclin à continuer l’épreuve de force.
Dans la filière carburant, la situation est « en très nette amélioration », selon l’Union française des industries pétrolières (UFIP), même si 20 % des stations-service connaissaient, mardi, une rupture d’approvisionnement partielle ou totale. « La communication de la CGT a été plutôt bonne, en donnant le sentiment que les blocages se multiplient, alors que, en réalité, le pays fonctionne, confie une source au sein de l’exécutif. Quoi qu’on en pense, ce mouvement de contestation plafonne ; et un mouvement qui ne s’étend pas est un mouvement qui recule. »

« Sortir la tête haute du rapport de force »

Autre paramètre susceptible de jouer dans le sens de l’apaisement : l’Euro de football, qui débute le 10 juin. Si des grèves sèment le désordre dans les transports durant cet événement très populaire, l’opinion, plutôt bienveillante à l’égard des opposants au projet de loi El Khomri, pourrait très vite se retourner. « Si le climat social pouvait s’apaiser, ce serait important pour assurer la tenue de l’Euro dans de bonnes conditions, alors que ce tournoi va demander la mobilisation de nombreux policiers et gendarmes déjà éprouvés par l’état d’urgence », estime un ministre. Une donnée dont Philippe Martinez tient compte, selon un proche de la direction de la centrale de Montreuil, qui ajoute : « Il ne veut pas que la CFDT rafle la mise et puisse prétendre que c’est grâce à elle que le texte contient des aspects positifs. Le CPA correspond à une vieille doléance de la CGT, même s’il reste, selon elle, à l’état embryonnaire dans le texte. »
Si la CGT a entrouvert une porte, « il faut maintenant que chacun puisse sortir la tête haute du rapport de force », ajoute un ministre. Mardi, M. Valls s’est dit « ouvert au dialogue et aux propositions », mais a réfuté tout « troc », notamment contre un arrêt des actions de la CGT. Toutefois, des espaces de négociation existent sur des aspects de la réforme qui hérissent M. Martinez. Le rapporteur du projet de loi, Christophe Sirugue (PS, Saône-et-Loire), l’a clairement suggéré, mardi, en affirmant, sur LCI : « Il faut continuer à travailler pour amender cet article 2, pour régler cette question entre la place de l’accord d’entreprise, qui doit être principale, et, en même temps, un rôle à donner à la branche professionnelle. »
Mais trouver un compromis sera tout sauf évident. Car, comme le fait remarquer le collaborateur d’un ministre, la CGT est fondamentalement hostile à des points-clés du projet de loi. Philippe Martinez, s’il change d’approche, va aussi devoir composer avec une partie de ses troupes, partisanes d’une ligne dure. Les sept organisations qui contestent le texte porté par Mme El Khomri lancent leur« votation citoyenne » dans les entreprises pour obtenir son retrait… L’issue du conflit n’est pas encore tout à fait en vue.



En savoir plus sur : http://www.lemonde.fr/politique/article/2016/06/01/cgt-gouvernement-un-compromis-est-il-possible...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire