Loi travail. Encerclés sans raison pendant plus de 5 heures...
LAURENT MOULOUD
JEUDI, 30 JUIN, 2016
HUMANITE.FR
Plusieurs dizaines de policiers se sont déployés en arc de cercle devant la façade de la Bourse du travail afin d’empêcher les personnes d’en sortir ou d’y entrer.
Photo : Twitter (@Paris_luttes)
Manifestants «nassés» dans la Bourse du travail à Paris, syndicalistes matraqués sans raison dans le Nord... La journée de mobilisation de mardi dernier contre la loi El Khomri a encore été émaillée de dérapages des forces de police.
Des manifestants pacifiques «nassés» pendant des heures, des militants de la CGT chargés sans raison... La journée de mobilisation de mardi dernier contre la loi El Khomri a encore été émaillée de dérapages, provocations et autres tensions inutiles à mettre au crédit des forces de police. A Paris, plusieurs centaines de personnes, qui participaient à une assemblée générale «interluttes» à la Bourse du travail, près de la Place de la République, ont été «nassés» par les CRS pendant plus de 5 heures (!) alors qu’elles voulaient rejoindre tout simplement le défilé. A partir de 12h30, plusieurs dizaines de policiers se sont, en effet, déployés en arc de cercle devant la façade du bâtiment, rue du Château d’Eau, afin d’empêcher les personnes d’en sortir ou d’y entrer. Officiellement, ce groupe a été «encadré pour éviter tout départ en cortège» qui aurait pu être assimilé, selon les explications tarabiscotée de la Préfecture de police, à une «manifestation non déclarée».
Marcher en groupe pour rejoindre un défilé devient une «manifestation non déclarée» ? L’écrivain Arno Bertina, qui s’est retrouvé parmi les nassés au même titre que l’économiste Frédéric Lordon et le syndicaliste Xavier Mathieu, ne souscrit pas à cette fable. «Je crois que nous sommes radicaux jusque dans notre pacifisme. Certains ont joué au volley au-dessus du cordon de CRS, d’autres chantaient... Il n’y avait aucune raison de sécurité à nous retenir ainsi. Et si c’était ça, ça en dit long sur l’état de panique de la police !» Pour lui, le seul but de ce nassage de masse était d’enrayer la mobilisation du jour et de collecter des identités. «D’ailleurs, les gens pouvaient passer le cordon s’ils acceptaient de se faire contrôler et fouiller, mais il y a eu un refus collectif de se plier à cette exigence illégitime», souligne Arno Bertina. Au final, les CRS ont levé le camp à partir de 18 heures, lorsque la manif touchait à sa fin...
Des « policiers sous tension » à Lille
Dans le Nord, cette fois, ce sont des syndicalistes CGT qui se sont fait gazer et matraquer sans raison. Le mardi matin, huit militants de l'union locale d’Armentières, dont un enfant de 15 ans, s’étaient fait interpeller et placer en garde à vue pour avoir bloqué un rond-point en guise de protestation contre la loi travail. Tandis que la fourgonnette de l’UL terminait, elle, à la fourrière. En fin d’après-midi, plusieurs centaines de personnes se sont alors rassemblées devant le commissariat central de Lille pour réclamer la libération des syndicalistes. Une délégation est reçue, puis ressort. Et là, tout dérape. « Nous venions d'apprendre la libération de deux des huit interpellés, explique Christine Carlier, secrétaire générale de l'union locale CGT de Lille. Les CRS nous ont demandé de reculer, ce qu'on a fait pacifiquement. Puis, sans que l'on comprenne pourquoi, ils ont chargé dans notre dos, envoyé des gaz lacrymogènes et arrêté quatre nouvelles personnes.» Raison invoquée : réunion de personnes pendant l’état d’urgence… Christine Carlier, elle, dénonce surtout des « policiers sous tension ».
« Nos gouvernants actuels pensent nous affaiblir, nous diviser, nous museler, mais en agissant de la sorte ils ne font que nous renforcer dans nos convictions et nos valeurs », a déclaré hier la Fédération nationale des Syndicats de Transport CGT. Elle exige la « libération immédiate » des syndicalistes interpellés. Et demande aux pouvoirs publics d’arrêter de« traiter les syndicalistes comme des voyous ».
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