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mardi 17 novembre 2015

Les Crises.fr : « Nous n’avons aucune vocation à nous mêler de ce qui ne nous regarde pas !» – Yves Bonnet, ancien patron de la DST

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17
Nov
2015

« Nous n’avons aucune vocation à nous mêler de ce qui ne nous regarde pas !» – Yves Bonnet, ancien patron de la DST


Intervention de Yves Bonnet, ancien préfet et ancien chef de la DST dans les années 80 sur le plateau de C dans l’air le 8 octobre 2012.
Il explique d’une part les modes opératoires pour quadriller les foyers terroristes, puis d’autre part l’alliance trilatérale entre les USA, l’Arabie et le Qatar dans le financement massif des groupes djihadistes en Afrique, au Proche-Orient et en Occident.
Emission « C dans l’air », diffusée le 8 octobre 2012 sur France 5
Transcription des interventions de Yves Bonnet, ancien Préfet et ancien Directeur de la DST (Direction de la Sécurité du Territoire) :
Autre intervenant (non identifié) : … Je ne crois pas qu’on soit encore menacés par une prise de pouvoir de force ; c’est plus occulte que ça. Encore une fois, tout ce qui est très très visible, et relativement facile à cadrer
YB : Sauf qu’il y à tout de même une propagande salafiste ; il faut quand même appeler un chat un chat : Il y en à deux qu’il faut citer, parmi les pays étrangers : le Qatar et l’Arabie Saoudite !Ils ne se contentent pas seulement de payer les footballeurs du Paris St Germain, mais quand je vois le Qatar se préoccuper de la situation dans nos banlieues, de quoi se mêlent-ils ? C’est une grande démocratie, le Qatar ?
Présentateur : Yves Bonnet, excusez-moi, vous avez des éléments qui tendent à prouver, par exemple, que les cinquante millions d’euros que la Qatar vamettre, effectivement, dans le développement d’un certain nombre de projets dans les banlieues françaises va aller au financement du terrorisme ?
YB : Comme vous le savez, j’ai été Préfet ; je trouve absolument intolérable qu’un certain nombre de pays étrangers viennent s’occuper de la situation de nos banlieues. C’est à nous de le faire !
Présentateur : C’est une position de principe, mais sur le financement de ces groupes, est-ce qu’on est capables de dire qu’il y à des pays étrangers qui financent des petites cellules ?
YB : Mais attendez ; et l’Arabie Saoudite ? Quelle est la tolérance religieuse de ces pays ? Ce sont des pays qui sont la négation même de l’expression démocratique. Et ce sont ces pays qui viennent s’occuper de nos affaires ! Il y à une propagande salafiste, et tout le monde sait aujourd’hui que la propagande salafiste, mais pas seulement en France, dans les pays de l’Afrique sub-saharienne, est payée par l’Arabie Saoudite et le Qatar. Je pense tout de même qu’il faut que nous posions le problème de façon assez claire avec ces pays qui se prétendent nos alliés, nos amis.
Animateur : Donc le Qatar est un « faux-nez », d’une certaine manière, pour des gens qui ont envie de financer le terrorisme en France ?
YB : Ah ça, je suis incapable de vous le dire…
Animateur : Il est plus compliqué, en France, de surveiller et d’infiltrer des groupes comme celui qu’on vient de démanteler, ou de surveiller et infiltrer les groupes qui étaient responsables, par exemple, dans les années 80 des attentats à Paris ? Est-ce que ça a rendu le métier de surveillance et de renseignement plus difficile ?
YB : C’est-à-dire que le champ n’est pas exactement le même ; aujourd’hui on a un champ qui est pratiquement illimité dans la mesure où c’est l’ensemble de la population qui serait susceptible d’être concerné, alors qu’autrefois le champ était relativement plus restreint.
Animateur : Vous voulez dire que c’est aujourd’hui une aiguille dans une botte de foin ?
YB : Exactement ! Mais ce que je voudrais dire aussi, si vous me permettez de donner un petit coup de projecteur de plus haut, c’est que nous sommes, nous qui sommes une démocratie en train « d’assimiler », en quelque sorte, par ce vieux processus français, des populations nouvelles – qui sont des populations musulmanes et qui, globalement, ne posent pas de problèmes - nous sommes au confluent de deux grandes stratégies : Il y à eu la stratégie américaine de démolition de tous les régimes arabes laïcs. Ca a été fait systématiquement, on voit les merveilleux résultats, avec, je me permets de vous le dire quand même, le problème des chrétiens d’Orient, dont personne ne parle, qui ont disparu ou sont en train de disparaître d’Irak, qui vont disparaître de Syrie… Moi je suis désolé, je ne vois pas on ne prêterait pas aussi attention [à eux ?]. Je pense qu’il y à là aussi un gros problème qu’il nous faut [prendre en compte ?]. Donc il y à cette stratégie américaine, la démolition des régimes arabes laïcs, suspectés d’entretenir des relations plus ou moins sympathiques avec l’union soviétique. Ce sont quand même les américains qui ont fabriqué Al Qaeda, je suis désolé, c’est là un fait qui n’est plus contesté par personne…
Animateur : Ils ont financé les talibans face à l’union soviétique en Afghanistan.
YB : Absolument. Deuxième chose, il y à cette stratégie des pays du golfe qui est de faire monter le salafisme, de le répandre un  peu partout. Je pense que nous sommes bien d’accord ; je dis au passage que le terme « d’antisémite » ne me convient pas du tout, parce que les arabes sont des sémites, et que vous avez les deux tiers des juifs qui ne sont pas sémites ; enfin passons, parlez plutôt de « judéophobie ».
Ces deux politiques ont convergé, parce que ces deux pays du golfe, en particulier le plus puissant , est l’allié indéfectible des Etats-Unis ; et nous sommes pris dans cet espèce de maelström, où nous essayons de préserver notre identité, notre démocratie, avec beaucoup de difficultés, mais il ne faut pas non plus jeter le bébé avec l’eau du bain, et je pense tout de même que nous sommes dans une société qui est en voie d’apaisement sur le plan de la vie entre communautés. Et je pense que vous êtes d’accord avec moi…
Animateur : Si vous le voulez bien , on passe aux questions SMS : un auditeur demande : »La France ne peut-elle pas refuser cet argent étranger ? » On pensait à l’argent du Qatar ; est-ce que parmi les missions de la DST, DCRI aujourd’hui, il est question de tracer l’argent étranger et de voir où il va ? Y compris quand il arrive avec le visa du gouvernement français ?
Louis Caprioli (conseiller du groupe GEOS – ancien de la DST) : Si cet argent arrive du Qatar, il est totalement blanc ; il va être déposé dans des banques françaises, gérées par, je sais pas, une banque spécialisée dans l’aide aux PME, on peut penser que tout ça est clair. Mais cet argent arrive effectivement suite à la vente de gaz, de pétrole…
Animateur : En poussant volontairement plus loin, peut-on imaginer dans une banlieue une levée d’impôt révolutionnaire islamiste, auprès de ces chefs d’entreprise ? Est-ce que vous l’avez vu ?
LC : Non. Je l’ai vu dans la mouvance kurde, le PKK oui, je peux vous dire qu’ils rackettaient les gens.
YB : je pense qu’il faut être très prudent sur certains versements de fonds. Tout le monde sait aussi que certaines mosquées sont financées par l’Arabie Saoudite ; vous me demanderez combien d’églises chrétiennes, sans même parler des synagogues, sont construites [dans ces pays du golfe ?]
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Toujours en 2012, il indique dans la dépêche du midi :
YB : On n’ose pas parler de l’Arabie Saoudite et du Qatar, mais il faudrait peut-être aussi que ces braves gens cessent d’alimenter de leurs fonds un certain nombre d’actions préoccupantes.
La Dépêche : Comment jugez-vous ce tapis rouge qu’on déroule devant le Qatar en France ?
YB : Personnellement, je suis très choqué. Il va falloir un jour ouvrir le dossier du Qatar car là, il y a un vrai problème. Et je me fiche des résultats du Paris Saint-Germain.


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Sa réaction après le 13/11 :

« Nous n’avons aucune vocation à nous mêler de ce qui ne nous regarde pas !»

Source : Algérie patriotique, M. Aït Amara, 14-11-2015
Yves Bonnet : «La France n’a pas à s’immiscer dans les affaires des autres pays». D. R.
Algerie patriotique: Une série d’attentats sans précédent vient d’avoir lieu à Paris. Comment expliquez-vous qu’une action terroriste d’une telle envergure ait pu se dérouler au cœur de la France ?
Yves Bonnet : Ce genre d’attaque est relativement facile à concevoir et organiser. L’assaillant a un coup d’avance sur le défenseur. Quels que soient les dispositifs défensifs, ils pèchent nécessairement par leur caractère statique. En fait, on ne combat et on ne peut prétendre gagner qu’en passant à l’offensive, en identifiant les réseaux et en les démantelant. Le plan Vigipirate ne sert à rien.
Les autorités françaises ont décidé de fermer les frontières terrestres quelques jours avant la survenue des attentats. Est-ce à dire qu’elles redoutaient une telle action et qu’elles étaient informées que quelque chose se préparait ?
La fermeture des frontières était prévue dans le cadre d’une sécurisation avant le Sommet de Paris. Mais ce genre de mesures est lacunaire et ne peut que générer un sentiment de sécurité aléatoire.
Comment la France va-t-elle réagir concrètement après cette vague d’attentats meurtriers ? 
Je ne sais pas ce que le gouvernement décidera, à part une augmentation des moyens humains, techniques et réglementaires. Cela ne suffira pas. Les mesures à court terme ne peuvent résoudre des problèmes devenus structurels. En revanche, des mesures à long terme comme un renforcement de la coopération avec les services amis – et je place l’Algérie au premier rang de ceux-ci – et le rétablissement du service militaire sont des armes de bon rapport. Il va falloir être patient et tirer, sur le plan de notre diplomatie, des enseignements définitifs : la France n’a pas à s’immiscer dans les affaires des autres pays, comme nous l’avons fait en Libye. Elle doit, par contre, bien choisir ses partenaires et ses amis.
L’armée française a, depuis longtemps, prévu un plan pour faire face à ce genre de situation. Jusqu’où ira Hollande dans la mobilisation des forces armées, selon vous ?
Notre armée est devenue une armée de professionnels. On ne peut donc en augmenter rapidement les effectifs. La seule solution consiste à établir un service de conscription.
Y a-t-il une menace sur les libertés et la démocratie dans le sillage des mesures draconiennes que le pouvoir va prendre pour faire face à cette guerre ?
Oui. Il ne faut pas tomber dans le piège de l’illégalité ni des mesures d’exception. Les Français eux-mêmes ne le comprendraient pas.
Ces actes terroristes vont-ils aggraver la dichotomie dans la société française ou, au contraire, souder les Français pour prévenir un déchirement intercommunautaire dont seraient victimes les Français de confession musulmane ? 
Il n’y a pas de «Français musulmans» ; il n’y a que des Français ou des résidents en France qui acceptent nos lois. Je connais le courage avec lequel les Algériens ont abordé et subi la guerre qui leur fut imposée. Je souhaite que mes compatriotes soient également responsables sans tomber dans le faux prétexte de la xénophobie.
Comment protéger à la fois les Français de la menace terroriste et la communauté musulmane d’éventuelles représailles ?
Les droits sont les mêmes pour tous. Je milite pour un rétablissement du service militaire qui ressouderait la communauté au-delà des origines ou des religions.
La France doit-elle poursuivre sa politique interventionniste en Syrie, en Libye, au Sahel, en Ukraine, etc. ou devrait-elle plutôt revenir à la politique de non-ingérence prônée par Chirac ? 
Il ne faut pas tout mélanger. La France a raison d’intervenir en Afrique subsaharienne et elle ne peut d’ailleurs faire autrement puisqu’elle est liée à ces Etats par des accords d’assistance et de coopération. En revanche, elle doit s’abstenir d’intervenir comme elle le fait en Libye ou failli le faire en Syrie. Nous n’avons aucune vocation à nous mêler de ce qui ne nous regarde pas !
Propos recueillis par M. Aït Amara
Source : Algérie patriotique, M. Aït Amara, 14-11-2015

19 réponses à « Nous n’avons aucune vocation à nous mêler de ce qui ne nous regarde pas !» – Yves Bonnet, ancien patron de la DST

Commentaires recommandés...


SébastienLe 17 novembre 2015 à 10h44
Les banlieues sont également très prisées des Américains, il ne faut pas l’oublier. Un petit topo sur les officines directement sponsorisées par les agents Smith et autres dîners d’ambassadeurs qui invitent des futurs leaders dans un de leurs innombrables “think-tanks” atlantistes ne serait pas de trop.
Et pourquoi cet invité ne met pas les pieds dans le plat et ne va pas jusqu’au bout? Le Qatar et l’Arabie Saoudite sont des bases américaines.
Il ne suffit pas balancer deux ou trio vérités mais proposer des solutions: sortir de l’OTAN et de l’Union Européenne (ce que tous les mouvements de gauche sponsorisés refusent).
Le problème de ce genre d’émission est de permettre de faire croire aux gens qu’il existe une liberté d’expression et une opposition. Mais, quand vous regardez ces émissions, vous vous dites toujours, et on vous dira toujours à la fin: “Mais qu’est-ce qu’il faut faire alors? Qu’est-ce qu’on y peut?” C’est précisément la technique d’ingénierie sociale qui est voulue, car une critique ou la présentation d’une problématique ne règle jamais rien. Quand on s’arrête à mi-chemin au dessus du vide, la seule chose qui se produit, c’est que vous vous écrasez. Soit on fait tout le chemin, soit on ne va nulle part.
Il ne faut pas prendre ces désirs pour la réalité. Nos dirigeants actuels ne nous obéiront jamais. La démocratie telle qu’on nous la présente se résume à “cause toujours”. Et on continue à croire que nos incantations vont modifier quoi que se soit du réel.

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