Philippe Martinez: « Pas de trêve sociale pendant l'état d'urgence »
Secrétaire général de la CGT
CYPRIEN BOGANDA ET PIERRE-HENRY LAB
VENDREDI, 27 NOVEMBRE, 2015
HUMANITÉ DIMANCHE
Patrick Nussbaum
Le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, brocarde une tentative de restriction des libertés sous couvert de lutte contre le terrorisme. Évoquant Air France, il dénonce une recrudescence de la répression sociale. Il accuse le gouvernement de n'accepter aucune divergence d'opinion et appelle les salariés à se mobiliser contre la violence sociale le 2 décembre.
HD. 130 morts, plusieurs centaines de blessés, un peuple meurtri : comment réagissez-vous à ce bilan dramatique ?
PHILIPPE MARTINEZ. Comme n'importe quel citoyen, j'ai été profondément marqué par l'horreur des attentats. Ces attaques ne visaient pas des personnalités, ou la liberté d'expression comme cela a été le cas pour « Charlie Hebdo » en janvier, mais des lieux de vie, de culture, d'événements sportifs, bref, tout ce qui fait la richesse de notre quotidien. Comme d'autres, la CGT a été frappée en son coeur : trois de ses membres sont décédés, dont la dirigeante d'une structure territoriale, qui avait une histoire particulière puisqu'elle était arrivée en France pour fuir la dictature chilienne.
Cela dit, je pense qu'il faut souligner le réflexe citoyen de la population au moment du drame. Beaucoup de gens ont spontanément ouvert leurs portes pour recueillir des blessés chez eux, venir en aide aux victimes. La solidarité a fonctionné. Il faut également saluer le travail des personnels de la sécurité et des services publics tels que la santé, pourtant mise à mal par les coupes budgétaires. De nombreux professionnels sont retournés au boulot ce soir-là, parce qu'ils savaient que la gravité de la situation l'exigeait.
Cela dit, je pense qu'il faut souligner le réflexe citoyen de la population au moment du drame. Beaucoup de gens ont spontanément ouvert leurs portes pour recueillir des blessés chez eux, venir en aide aux victimes. La solidarité a fonctionné. Il faut également saluer le travail des personnels de la sécurité et des services publics tels que la santé, pourtant mise à mal par les coupes budgétaires. De nombreux professionnels sont retournés au boulot ce soir-là, parce qu'ils savaient que la gravité de la situation l'exigeait.
HD. Êtes-vous favorable à la prolongation de l'état d'urgence ?
P. M. Il y a évidemment besoin d'un surcroît de sécurité, ce qui implique des moyens supplémentaires pour la police et la gendarmerie. Mais cela ne suffit pas. Il ne faut pas confondre renforcement de la sécurité, lois sécuritaires et restrictions des libertés. C'est pourtant ce qui semble se dessiner, lorsqu'on nous parle de multiplier les perquisitions à toute heure et en tout lieu, d'interdire les manifestations, d'étendre les assignations à résidence ou de renforcer les écoutes.
HD. Vous avez dit il y a quelques jours que l'intégration par le travail était un instrument de lutte contre le terrorisme. Que voulez-vous dire?
P. M. C'est l'un des moyens, pas les eul. Mais nous pensons que le travail pour ceux qui en ont un est un lieu où se forgent des valeurs de solidarité, de vivre-ensemble. Malheureusement, ces repères collectifs sont mis à mal par une individualisation croissante des tâches, qui livre le travailleur à lui-même. Les temps de pause (pause-café, repas du midi, etc.) sont des espaces de socialisation qui sont remis en cause.
- Retrouvez l'intégralité de l'entretien sur 4 pages avec Philippe Martinez dans l'Humanité Dimanche de cette semaine, ou ici, dans sa version payante.
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