Il y a un an ses larmes en direct sur France Inter et Canal + ont bouleversé le pays. Jean-Pierre Elkabbach, Thierry Ardisson, Guillaume Durand et Michel Denisot l’ont invité dans leurs émissions et à chaque fois sa présence, sa colère, ses mots simples et justes ont déclenché une avalanche de courriers et d’appels. Il était temps : ils sont des milliers d’agriculteurs, pris comme lui à la gorge, à disparaître sans faire de bruit, dans l’indifférence. Parce qu’il a les mots pour raconter les vergers à l’abandon, le paysage français qui se désertifie, l’humiliation quotidienne de paysans infantilisés par les subventions, le scandale de la grande distribution qui les étrangle, les pesticides autorisés en Espagne alors qu’en France, les agriculteurs sont traités de pollueurs. 
"On a commencé à délocaliser dans les années 1960, en Espagne, au Maroc, en Chine, au Bangladesh... jusqu’où ? Aujourd’hui, le gouvernement veut imposer aux agriculteurs de signer des contrats, sans prix. Mais qui voudrait travailler autant et être traité de salaud qui exploite les cochons de façon industrielle ? Vous ne croyez pas qu’on préférerait les élever dans la nature ? C’est l’Europe qui impose ces normes", plaide-t-il. Parce qu’il n’adhère peut-être aussi à aucun syndicat (pour lui la FNSEA, "c’est un système autocratique qui se défend, pas un syndicat. Son patron n’est pas crédible, il cumule 18 postes nationaux, assortis d’indemnités incroyables") et que sa parole est libre, Pierre Priolet est devenu en quelques mois le porte-voix d’un monde qu’on assassine.
Classé parmi les 100 personnalités qui vont changer le monde par le magazine Terra eco, il ne se contente pas de dénoncer, il se veut aussi l’instigateur d’un projet pour bâtir un nouveau système de distribution qui se passerait des aides, et il se bat pour l’idée d’une société où l’on consommerait plus juste. "Nous sommes les seuls à avoir le droit de vendre à perte" expliquait il y a un an l’agriculteur fruitier pris à la gorge. "Le monde agricole a abandonné son rôle d’alimenteur de la population. Ce rôle, on l’a donné à la grande distribution".
Pour cet ex-agriculteur, installé à Caumont-sur-Durance dans le Vaucluse, il est temps de rétablir une relation juste entre le consommateur et le producteur, quel qu’il soit : "Je dis aux consommateurs : on vous vole en vous expliquant qu’on s’occupe de votre pouvoir d’achat, alors qu’à chaque achat vous tuez un peu le producteur. Il faut le répéter, pour que les gens en prennent conscience. Lorsque vous payez des pommes 3 €, l’agriculteur ne reçoit que 0,17 €".
Références de l’ouvrage : Les fruits de ma colère - Editeur : Robert Laffont - Date de parution : 10 février 2011 - 158 pages - ISBN-13 : 978-2221123959 - Prix public : 16 € 

Un appel de 2011 d'une brûlante actualité, redécouvert par le site perspecives gorziennes.  

A (re)lire et (ré)écouter en plein milieu d'été, voir le lien ci dessous,
 car non tout ne s'arrête pas : la vie et le travail continuent pour beaucoup,
le désespoir et les difficultés ne prennent pas de vacances..., les éleveurs ne partent pas sur la Côte,
et cela ne fait pas les gros titres des médias, car c'est lent et silencieux !!

et plus d'infos :
www.consommer-juste.fr
http://static.twinsview.fr/consommerjuste/img/media/marianne_17-07-2015.pdf 

http://www.perspectives-gorziennes.fr/index.php?post/2015/08/01/Les-fruits-de-ma-col%C3%A8re-%3A-un-plaidoyer-de-Pierre-Priolet-pour-le-monde-paysan/2211

source : la lettre d'information de Perspectives gorziennes