EN PLEINE CROISSANCE
Pourquoi le chômage ne baisse pas malgré la reprise
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EMPLOI - Plus l'année avance, plus l'inversion de la courbe se fait attendre... Pour le mois d'avril, les chiffres publiés par Pôle emploi sont encore en nette hausse, avec 26.200 chômeurs supplémentaires de catégorie A. C'est la plus forte augmentation mensuelle depuis octobre dernier.
Toutes les catégories sont en hausse. Les chômeurs sans emploi (cat. A) de 0,7% à 3.536.000, ceux exerçant une activité réduite courte (cat. B) de 1,9%, ceux avec une activité réduite longue (cat. C) de 1,4%. Fin avril 2015, 5.645.000 personnes étaient inscrites à Pôle emploi en France et étaient tenues de prouver qu'elles cherchaient bien un travail. Leur nombre a augmenté de 1% (+54.100) en avril. Sur un an, il est en hausse de 7,1%.
Ces performances exécrables sont d'autant plus décevantes que la croissance a été bonne au premier trimestre, avec une progression de 0,6%. C'est mieux qu'anticipé par l'Insee, et le gouvernement. Alors comment expliquer ce paradoxe?
Les chiffres de la croissance sont à prendre avec des pincettes
Si les Français ne voient toujours rien venir sur le front du chômage, c'est d'abord parce que les chiffres du PIB sont trompeurs. L'économiste Marc Touati a lancé un appel à la prudence dès leur publication mi mai.
"Sur les 0,6%, 0,5 point s'explique par la formation de stocks qui est simple variable d'ajustement. Hors stock, la 'vraie croissance' est de 0,1%", a-t-il expliqué àl'Expansion. En clair, les entreprises ont rempli leurs entrepôts, mais elles n'ont pas investi et encore moins embauché.
Ensuite, un surplus de croissance ne suffit pas à faire le bonheur de tous les chômeurs. "Le taux de chômage des professions intermédiaires et des cadres oscille de 4 à 5% depuis 30 ans, analyse Philippe Deljurie, cofondateur de Meteojob, pour 20minutes.fr.Autrement dit, nous sommes pour ces catégories, qui représentent tout de même 15 millions de personnes, en situation de plein emploi. En revanche, le taux de chômage des ouvriers non qualifiés – soit 3 millions de personnes - progresse continuellement."
Aujourd'hui, le taux de chômage des ouvriers oscille autour de 20%. Et il n'a cessé d'augmenter même pendant les périodes de croissance. "La priorité est de s’attaquer au problème de la compétitivité, notamment en faisant baisser le coût du travail pour cette catégorie de salariés", poursuit Philippe Deljurie.
En effet, cette catégorie professionnelle est en concurrence avec les grandes nations industrielles comme l'Allemagne, l'Angleterre, ou encore les pays émergents comme la Chine. Rester compétitif n'est alors pas une mince affaire...
Enfin, même si la croissance atteignait 2% au prochain trimestre, son impact ne serait pas immédiat. Là où les économistes s'accordent pour dire que le chômage baisse en France à partir de 1,5% de croissance, ils s'accordent aussi pour dire que ce rythme doit se maintenir deux, voire trois trimestres pour agir pleinement.
En clair, il faut encore s'armer de patience. "Plusieurs signaux sont positifs. La reprise légère mais réelle des crédits aux entreprises tout comme l’amélioration lente mais réelle du climat des affaires devraient à un moment ou un autre déboucher sur des créations d’emploi", estime Philippe Crevel, directeur du Cabinet d'études Economiques Lorello Ecodata. Si la croissance se maintient à ce niveau...
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