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jeudi 28 mai 2015

Les CRISES-FR : [Propagande 2/2] Ce que vous n’avez pas appris dans les médias à propos de l’affaire Nisman

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                                       Des images pour comprendre
28
Mai
2015

[Propagande 2/2] Ce que vous n’avez pas appris dans les médias à propos de l’affaire Nisman


Merci à Bernard Guerrien qui m’a proposé et a réalisé ce dossier pour nous…
On se souvient de l’énorme campagne médiatique mondiale sur le « petit magistrat suicidé-assassiné », alors qu’il venait de demander l’inculpation de la présidente de la République, de son ministre des affaires étrangères et de quelques députés et hauts fonctionnaires pour « félonie » – sombres manœuvres visant à disculper des dirigeants iraniens de l’attentat contre la mutuelle juive (AMIA), en 1994, à Buenos Aires. Gros titres dans la presse mondiale. Une « manifestation immense », une « marée humaine » selon Le Monde, d’une population meurtrie et « indignée». 400.000 personnes « selon la police de Bs As » (Le Monde, 19/2/2015). Le Monde omet de signaler que la police dont il parle dépend du maire, de droite, de la capitale, très hostile au gouvernement. 50.000 personnes selon la police fédérale et, le plus crédible, 80.000 selon une étude de densité faite par un journal trotskyste d’opposition (de gauche). Tout cela dans « une ambiance de fin de règne » pour une présidente cernée par les affaires de corruption :
« La mort subite et suspecte du procureur Alberto Nisman, le 18 janvier, alors qu’il s’apprêtait à engager des poursuites contre la présidente Cristina Kirchner, a précipité une ambiance de fin de règne, avec sa succession d’épisodes pathétiques » (Le Monde, 21/2/2015).
La thèse de l’assassinat était ainsi (implicitement) confortée : on ne manifeste pas pour un suicide ! Et cela bien que personne n’ignorait alors que les « accusations » de Nisman reposaient sur du sable. Faites en pleine trêve judiciaire d’été, subitement et théâtralement, elles n’avaient guère convaincu la juge de garde – Servini de Cubria, une personnalité très respectée – qui n’avait pas accédé à la demande de Nisman de rompre la trêve et d’inculper les « suspects ». Le juge chargé du dossier, Canicobal Corral, rentré précipitamment de vacances, l’a approuvée, estimant que Nisman n’ « apportait aucun élément nouveau », qu’il avançait « des propos de services d’espionnage sans aucune valeur judiciaire », l’accusant au passage d’avoir travaillé pendant deux ans, comme il le prétendait, sans en référer à aucun juge. . Pire, le chef d’Interpol entre 2000 et 2014 qui s’était occupé du dossier iranien, Ronald Noble, a pris publiquement position en affirmant :
« je peux dire, avec 100% de certitude, sans le moindre doute, que le ministre des affaires étrangères, Timerman et le gouvernement argentin ont toujours insisté, sans aucune ambiguïté, pour que les listes rouges d’Interpol demeurent en vigueur, sans jamais demander qu’elles soient suspendues ou retirées”.(The Telegraph, 19/01/2015)
Il a qualifié de “fausses” les allégations de Nisman. Tout cela avant son « assassinat », la veille du jour où les députés du parti au pouvoir, sûrs d’eux, avaient convoqué Nisman au Parlement pour qu’il apporte les nouvelles preuves qui justifiaient l’inculpation de la Présidente de la République – rien que ça ! On a appris par la suite que son mentor et principal informateur, l’ancien ‘chef des opérations’ des services secrets, Stiuso, un homme de l’ombre au passé trouble, l’avait lâché et ne répondait plus à ses innombrables appels, la veille de sa parution devant le Parlement. Dans ces conditions, la thèse du suicide d’un homme aux abois n’apparaissait pas comme invraisemblable. Même avant qu’on ait pris connaissance des éléments très gênants de sa vie privée, que lui n’ignorait pas évidemment.
Voilà pour les états d’âme du personnage. En ce qui concerne sa mort, la thèse du suicide semblait la plus plausible : salle de bains sans fenêtre, corps entravant la porte d’entrée (rendant difficile la sortie sans laisser aucune trace de son éventuel assassin), tir à bout portant, aucun signe de lutte ou de résistance, aucune ecchymose sur le corps, éclaboussures du sang sur la porte fermée (vous savez, la lumière bleue des séries policières…), etc. Seul élément de doute : il n’y avait pas de poudre sur la main de Nisman. Mais il semble que cela n’est pas obligatoire avec le tipe de pistolet utilisé. Les éléments recueillis depuis étayent encore plus la thèse du suicide. A supposer que ce n’est pas le cas, on doit se demander alors à qui profite le crime. Sûrement pas au gouvernement, qui savait qu’il lui serait automatiquement imputé par des média très hostiles, et que le dossier de Nisman était vide (ce qui a été confirmé par la suite : toutes les instances judiciaires convoquées par la suite ont qualifié, malgré la pression des média, ses accusations de non fondées). La popularité de Cristina a d’ailleurs nettement baissé suite à la mort de Nisman et
« 70% des argentins pensent que la mort du procureur ne sera jamais élucidée et que les responsables ne seront jamais punis » (Le Monde, 4 février),
le suicide n’étant même plus considéré comme une possibilité par la journaliste (et donc ses lecteurs).
Le Monde ne se distingue en rien de ses confrères du Pais et du Guardian, réputés sérieux comme lui. Il suffit de faire « Nisman Argentine » dans leurs moteurs de recherche pour constater que le thème dominant est l’ assassinat de Nisman, ou sa « mort suspecte », toujours en faisant le lien avec ses accusations envers la présidente. Inutile d’y chercher le nom de Ronald Noble, dont le démenti a mis Nisman en grande difficulté.
Campagne des media … et des fonds vautour
Les média, violemment hostiles au gouvernement, ont vu dans l’affaire Nisman l’occasion de porter lui porter le coup de grâce – ne pouvant plus compter sur les militaires, ils rêvent d’un « coup en douceur », genre Maïdan, la « marée humaine » (des beaux quartiers) forçant le départ de Cristina (la capitale lui étant très majoritairement hostile). Une immense campagne fut déclenchée, relayée obligeamment par la presse mondiale anti « populiste », NYTEl PaisLe MondeLibération, leGuardian …
L’American Task Force Argentina, organe des fonds vautour voué à dénigrer systématiquement le gouvernement argentin – plusieurs millions de dollars dépensés jusqu’à présent – en a évidemment profité pour multiplier ses compagnes de désinformation. Il a crée un prix, le Alberto Nisman Award for Couragequi sera attribué par la Foundation for Defence of Democracies (FDD),dirigée par un ami intime de Nisman, Mark Dubowitz. Prix financé par le fonds spéculatif NML Elliott, du « célèbre » vautour en chef, Paul Singer, grand donateur du parti Républicain. On verra si ce prix survit à la suite des évènements … La page d’ouverture du site, albertonisman.org montre une photo de Nisman dissertant pour le FDD, ce qui est pour le moins troublant… Depuis, un ex dirigeant de la DAIA(organisme de la communauté juive argentine), Jorge Elbaum, a déclaré sous serment que, lorsqu’il était en exercice, Nisman avait offert de la part de Paul Singer de financer la campagne contre l’accord avec l’Iran (« memorandum ») que le parlement argentin avait approuvé et pour essayer de débloquer la situation en permettant aux juges argentins d’enquêter à Téhéran.
Puis, on en a de moins en moins parlé. En Argentine les media ont tenté pendant un certain temps d’exploiter à fond l’affaire – certains ont inventé une sombre histoire faisant intervenir des agents iraniens entraînés au Venezuela qui n’auraient pas pardonné à Nisman d’avoir découvert le pot aux roses… Mais cela n’a pas pris. Fini le « deuil national » pour Nisman, le « jour Nisman », le procureur martyr. Plus grand chose dans Le MondeEl PaisThe Guardian et autres, si ce n’est sur les tentatives de Cristina K pour « surmonter l’affaire », que les juges cherchent à enterrer. Il s’en est pourtant passé des choses depuis …
Comme cela a déjà été signalé, toutes les instances judiciaires, malgré les multiples appels faits par des procureurs ouvertement opposés au gouvernement et soumis à une énorme pression par les média, ont désavoué Nisman. Mais cela ne suffit pas pour les faire taire – ils peuvent toujours dire, ou laisser entendre, que les juges sont, soit corrompus, soit a la merci du pouvoir (en fait, dans leur grande majorité ils lui sont très hostiles et ne le cachent pas), soit … tout ce qu’on veut.
Ce qui a fait taire les media, ce sont les révélations faites notamment (et maladroitement ?) par la famille de Nisman, qui ont mis a mal l’image du petit juge intègre qui tient tête, au péril de sa vie, au pouvoir.
Ici commence la saga, qui pourtant devrait délecter les journalistes. Car la réalité dépasse parfois la fiction.

Cigarettes, whisky et petites pépées
(Si vous vous demandez si c’est bien une…, oui oui, c’est bien une….)

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