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vendredi 29 mai 2015

Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du PS, enfin adoubé par les militants


Le Huffington Post

Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du PS, enfin adoubé par les militants

Publication: Mis à jour: 


CAMBADELIS PS

PARTI SOCIALISTE - Il lui manquait l'onction suprême, celle des militants. Adoubé depuis un peu plus d'un an par François Hollande, Jean-Christophe Cambadélis était toujours en quête d'une légitimité populaire. Le premier secrétaire du PS l'a enfin obtenu. Le vote des adhérents socialistes l'a confirmé jeudi 28 mai dans la soirée, à la tête du parti majoritaire où il est arrivé en avril 2014 après l'exfiltration d'Harlem Désir au gouvernement.
L'élection de "Camba" ne faisait guère de doute depuis que la motion dont il était le premier signataire est arrivée en tête une semaine plus tôt. Son texte a remporté la majorité absolue des suffrages, devançant très largement celui des frondeurs menés par Christian Paul qui l'affronte aujourd'hui. Une semaine plus tard, il a même accentué l'écart sur son rival, obtenant plus de 70% des voix. C'est donc en vrai patron du PS qu'il se présentera à Poitiers du 5 au 7 juin pour le Congrès.
Dans ce scénario idéal pour lui, il y a cependant quelques points noirs. Ses détracteurs pointent en effet une participation à peine supérieure à 50% lors du premier tour (sans doute moins pour le second) et un score de 60% que l'on aurait pu imaginer encore plus élevé pour une motion de soutien au gouvernement qui a ratissé très large, de Martine Aubry à Manuel Valls.
De Jospin à Hollande en passant par DSK à Aubry
C'est en réalité depuis que Martine Aubry a accepté, en avril, de rejoindre son campque Jean-Christophe Cambadélis a assuré ses arrières. Jamais avare de critiques sur la politique du gouvernement, la maire de Lille s'est laissée convaincre autant par François Hollande que par le patron du PS. "Il a réussi à maintenir le lien entre toutes les sensibilités différentes du PS et à être l'épicentre de ce rassemblement", applaudit Olivier Faure, l'un des porte-paroles du parti et signataire de sa motion.
Camba était sans doute l'un des mieux placés pour entretenir le dialogue avec l'ancienne ministre des Affaires sociales. En 2011, il fut l'un de ses soutiens à la primaire contre François Hollande dès lors que son champion, Dominique Strauss-Kahn (dont il était l'un des principaux lieutenants) a été éjecté de la course à la présidentielle. Malgré sa défaite, Martine Aubry avait tenté d'en faire son successeur rue de Solférino mais François Hollande et Manuel Valls avaient mis leur véto, privilégiant Harlem Désir jugé plus malléable. Mais quand, au sortir de départementales ratées, la situation de ce dernier est devenue intenable, c'est vers l'ancien trotskiste, ex-patron du syndicat étudiant Unef, que le couple exécutif s'est tourné.
Une sorte de revanche pour cet apparatchik du PS qui y a adhéré en 1986 et en connaît les arcanes comme personne. En 1997 déjà, il avait espéré en prendre la tête, à la suite de Lionel Jospin pour lequel il avait joué les architectes de la gauche plurielle. Mais le nouveau premier ministre lui avait préféré François Hollande. Ironie de l'histoire c'est son ex-rival qui lui offre aujourd'hui le poste qu'il n'espérait plus.
Art de la synthèse ou du grand écart?
"Sa part d'habileté est réelle et ne date pas d'hier", constate le frondeur Pouria Amirshahi qui aurait préféré une victoire de Christian Paul, plus à même de réclamer des inflexions au gouvernement. "Aujourd'hui, il est devenu le candidat du pouvoir puisque tout le gouvernement ou presque a signé son texte", affirme le député des Français de l'étranger. Comme tous les signataire de la motion B, il dénonce "le grand écart" auquel Jean-Christophe Cambadélis a dû se résoudre pour faire la synthèse. "Sa motion réunit les contraires avec des personnes qui pensent strictement l'inverse et elle n'est pas cohérente puisqu'entre ce que signent les ministres et ce qu'il font au quotidien, il y a un énorme hiatus", dénonce-t-il. D'autres frondeurs ont dénoncé un verrouillage du congrès, Christian Paul déplorant notamment qu'on lui refuse le débat télévisé (Cambadélis préfère en demander un à Sarkozy) qui lui aurait permis de mettre à jour les contradictions de son adversaire.
"Mais c'est le principe même de la politique, toutes les majorités sont toujours écartelées", défend Olivier Faure. "S'il avait dû écrire sa propre motion, bien sûr qu'elle n'aurait pas été exactement la même mais la qualité de l'exercice est justement que chacun s'y retrouve. Si on ne signe que les textes avec lesquels on est 100% d'accord, on en signe pas beaucoup. Résultat on avance pas", poursuit un cadre socialiste pour qui le grand mérite de Cambadélis a été jusqu'ici d'être "dans un dialogue constructif avec le gouvernement".
Constructif, peut-être, mais insuffisant en terme de résultats aux yeux des frondeurs qui voient trop en lui un porte-parole du gouvernement. "Il y a déjà Le Foll pour faire ce job, pas besoin du premier secrétaire", tranche un député. Ce dernier n'a pas oublié que le patron du PS a été incapable d'obtenir une inflexion sur la loi Macron; alors qu'il souhaitait un nombre de dimanches travaillés inférieur aux 12 proposés par Bercy, Cambadélis n'a rien obtenu. Résultat, il fut incapable de calmer la fronde et d'assurer une majorité à Manuel Valls, contraint de passer par le 49-3.
"Trois ans d'épreuve, deux ans de preuve"
Que retenir aussi du bilan de Camba 1? Comme Harlem Désir avant lui, il a perdu toutes les élections générales auxquelles son parti a été confronté. S'il est difficile de lui imputer une quelconque responsabilité dans la dérouté des européennes en mai 2014 (un mois après son arrivée), il ne peut être totalement exonéré de la défaite du Sénat et encore moins de la perte de la moitié des départements en mars dernier. Bien sûr l'absence de résultats du gouvernement et la faible popularité de l'exécutif y sont pour beaucoup mais il n'a pas réussi à faire l'union de la gauche, en dépit de ses multiples appels. "Jusqu'ici, son habilité n'a pas suffi à nouer des alliances", regrette Pouria Amirshahi.
A six mois des élections régionales, le défi est de taille pour Jean-Christophe Cambadélis qui ne peut plus se permettre de voir le réseau d'élus qui faisait la force du PS se disloquer encore un peu plus.
Autre défi qu'il n'a pas encore relevé, enrayer la chute des adhésions au Parti socialiste. De 170.000 fin 2013, le nombre de militants est passé à 130.000 aujourd'hui. Et encore, à peine plus de 65.000 ont participé au premier tour du congrès. Cela n'empêche pas le premier secrétaire de faire le rêve d'atteindre le chiffre chimérique de 500.000. "Il ne faut laisser personne au bord du chemin, explique Jean-Christophe Cambadélis dans sa profession de foi. Ça serait incompatible avec la vigoureuse campagne de renouvellement et de recrutement que nous souhaitons engager: élargir notre base militante, moderniser nos pratiques et bâtir une stratégie de dépassement du Parti socialiste pour aller vers un nouvel Epinay".
Cambadélis aspire à rien de moins qu'une véritable renaissance de son parti. "Le Parti socialiste vient de vivre trois ans d'épreuve, il lui reste deux ans pour faire ses preuves. Si l'habileté politique se conjugue à la sincérité, ça peut faire de belles choses", conclut Pouria Amirshahi en lui souhaitant "bonne chance". Pas sûr cependant que la chance suffise à la réussite .
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La suite ici ---->http://www.huffingtonpost.fr/2015/05/28/jean-christophe-cambadelis-premier-secretaire-ps-enfin-adoube-par-militants

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