Au Maroc, un film censuré enflamme la Toile |
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Son titre est trompeur : Much Loved, le dernier film du cinéaste Nabil Ayouch, présenté à la Quinzaine des réalisateurs de Cannes, attise les haines au Maroc. La raison ? Le principal sujet est la prostitution, et plusieurs scènes qui se déroulent dans des hôtels sont filmées avec une réalité crue. Implacable, le gouvernement a rapidement sanctionné le réalisateur, interdisant la diffusion de son film au Maroc, pour "outrage grave aux valeurs morales et à la femme marocaine".Les réactions indignées ont déferlé dans la presse nationale. Un éditorial de l'hebdomadaire TelQuel déplore "une vision moraliste nourrie par des décennies de propagande, distillée successivement par la gauche et le mouvement islamiste"."On demande à l'artiste, comme s'il était fonctionnaire à l'office du tourisme (...) de donner une image positive du Maroc à l'étranger" conclut-il amèrement. Dans une chronique intitulée "Foutez la paix aux artistes !" sur Lemag, l'écrivain Mokhtar Chaoui s'indigne : "Nous vivons déjà dans une société encombrée d'interdits, de censure, de tabous, de peurs et de menaces", avant d'ajouter : "Si vous avez peur d'ouvrir les portes de l'art, celles des libertés totales, laissez le soin aux artistes de le faire ; ils sont là pour ça." Si les professionnels du secteur ont fait bloc autour de Nabil Ayouch en défendant "la liberté d'expression avant tout", rapporte leHuffington Post Maghreb, les milieux conservateurs marocains ont aussi laissé entendre leur voix et leur mécontentement contre Much Loved. Ainsi, l'actrice principale du film, Loubna Abidar, a été menacée de mort, s'inquiète TelQuel, dénonçant un climat de "terreur" dans le milieu du cinéma. Le film a même été critiqué dans certaines mosquées, lors du prêche du vendredi, souligne le siteBladi. En réponse, le réalisateur Nabil Ayouch a sobrement invité les Marocains à regarder son film avant d'avancer des préjugés sans fondement. |
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