Le métier de popstar peut-il être un job comme un autre ? Cette question tourne en boucle dans ma tête – comme toutes les chansons de Chappell Roan, une autrice-compositrice et performeuse drag de 26 ans, qui remplit des stades aux Etats-Unis. Sorti en septembre 2023, son premier album (« The Rise And Fall Of A Midwest Princess ») vient de lui valoir les honneurs des MTV Music Awards, lors desquels elle a été sacrée révélation de l’année. Pour vous donner une idée de l’ampleur de son succès, ses chansons ont été streamées plus de 68 millions de fois pour la seule troisième semaine de juin. Et ce, rien qu’aux Etats-Unis.
Fin août pourtant, dans un long texte posté sur Instagram, la chanteuse a dénoncé les « comportements prédateurs » de certains fans, qui profitent de son statut de personne publique pour la harceler, la toucher ou la suivre quand elle vit sa vie hors de scène. Les mêmes qui se plaignent d’être esquivés ou ignorés quand Chappell Roan les éconduit, au prétexte qu’elle leur doit sa réussite. Comme si elle manquait à sa fiche de poste.
« Quand je suis sur scène, quand je réponds à des interviews, quand je vais à des événements professionnels, je suis au travail. En dehors de ça, je ne suis pas en train de travailler. Je ne suis pas d’accord avec l’idée selon laquelle je devrais donner de l’énergie, du temps ou de l’attention, à des gens que je ne connais pas, à qui je ne fais pas confiance ou qui me font peur, seulement parce qu’ils expriment de l’admiration à mon sujet. » Si le job de popstar était un taf comme les autres, Chappell Roan en rédigerait sans doute la convention collective.
Pour autant, on ne vous la fait pas. Ce discours n’est pas neuf, on l’a entendu dans la bouche de Billie Eilish, de Taylor Swift ou encore de Lorde. En amont de la cérémonie des MTV Music Awards, qui a eu lieu le 12 septembre, Chappell Roan a remis à sa place un photographe qui hurlait son nom, et qui a aussi demandé à l’une de ses consœurs de « fermer sa gueule ». « Elle veut la célébrité mais elle refuse d’en jouer le jeu, il faut qu’elle grandisse un peu », a immédiatement commenté un internaute sur YouTube, après que la vidéo de l’incident a été postée par Associated Press. Va-t-on un jour comprendre que s’il y a un jeu, il y a des règles et qu’il serait bon que les femmes ne soient pas celles qui perdent à chaque fois ?
Henri Rouillier
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