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vendredi 1 septembre 2023

La lettre de Patrick Le HYARIC - vendredi 1 er septembre 2023

 


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La Lettre du 1er septembre 2023
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Bonjour à chacune et chacun.

Je reviens, dans mon billet cette semaine sur la situation des classes populaires qui ont fait l’objet de débats dans quelques universités d’été de partis politiques. C’était aussi, la motivation de l’initiative de M. Darmanin.

Donner satisfaction aux classes populaires ou « les reconquérir ». Ce n’est pas la même chose !
Curieusement, jamais n’est soulevé ce qui constitue plus qu’une nuance. Les politiciens de droite et certains journalistes ne demandent jamais : comment apporter des réponses aux difficultés des classes populaires ? Non. Leur thématique est toujours : « comment reconquérir... Les classes populaires ? C’est l’aveu, qu’elles les ont quittés. Précisément parce que les politiques mises en œuvre sont antisociales et anti-démocratique. Évidemment, ceux qui font tant de bruit pour « reconquérir » continueront de servir les puissants et donc mener des politiques contre les classes populaires. Alors pour les reconquérir, on pointe le doigt ailleurs que sur les politiques réactionnaires mis en œuvre et sur le capitalisme qui produit tant de fractures et de malheurs. Ils vont continuer donc à dénoncer les immigrés, l’allocataire du RSA, suspecter votre voisine qui bénéficierait d’arrêts maladie de complaisance, d’autres professions que la vôtre qui profiterait de tel ou tel avantage, expliquer que les difficultés proviennent d’un manque « d’autorité » de l’État alors que cet État est retiré des quartiers populaires comme des campagnes. Bref, tout à condition qu’on ne touche pas au grisbi. C’est ce qui est encore à l’ordre du jour du budget de la nation en préparation.

Opération Macron !
Curieusement M. Macron n’a pas mis cela en discussion lors de son opération enfumage qu’il a fait durer 12 heures d’affilée pour que ce soit plus spectaculaire encore. Enfermer, tous les responsables des partis politiques de France ensemble dans une salle durant...12 h. Et c’est l’événement ! Au vrai qu’a-t-on à attendre d’un pouvoir dont la seule boussole est le service des intérêts du capital. Il a eu d’autant moins de mal à accepter l’idée d’une conférence sociale sur les salaires en deçà du SMIC, puisque ceci a déjà été acté fin juin. Mieux, rémunérer un salarié en deçà du SMIC est illégal. La question est l’augmentation générale des salaires, des prestations sociales et familiales et un blocage au moins temporaires des prix, et une réorientation des politiques industrielles et agricoles afin d’aller vers un réel plein emploi combiné avec de grands plans de formation, le développement des services publics. Le tout orienté vers le développement humain et la transition écologique. Ajoutons que s’il avait voulu produire un geste fort il aurait proposé une initiative de moratoire sur la mise en œuvre de la retraite à 64 ans en annulant les décrets d’application.

En fait le président de la République sans majorité politique dans le pays, ni au parlement veut initier une opération politique qui ne fera qu’aggraver la crise de la politique : Donner l’impression que les forces politiques sont en train de s’entendre dans un huis clos de la maison de la Légion d’honneur. Il avait fait tester auparavant via des fuites bien organisées et répétées par le porte-parole du gouvernement cette curieuse idée du « préférendum » qui n’a aucune base juridique pour être mis en œuvre. Mais, le « préférendum » aurait pu lui revenir comme un boomerang à la figure dès lors qu’il refuse toute consultation populaire sur la retraite à 64 ans. Par contre il fera tester une modification de la constitution pour répondre au désira des droites et des extrêmes droites pour un référendum sur « l’immigration » ou pour un système lui permettant de se représenter à la prochaine présidentielle au nom de la nécessité de battre l’extrême droite qu’il contribue à faire monter. D’ailleurs, curieusement personne ne relève que l’un des aspects de cette opération est aussi de poursuivre la banalisation du parti d’extrême droite, lui aussi enfermé durant 12 h avec les autres forces politiques. Si, comme l’explique l’Élysée la réunion a pour objectif de rechercher des « consensus », on laisse entendre qu’on pourrait trouver des points d’accord avec cette extrême droite. M. Macron tente par cette voie de réhabiliter son opération tombée à l’eau de « conseil national de la refondation en volant le sigle de notre si prestigieux CNR. Les mots sont les mêmes. Le CNR lancé il y a un an devait être « une révolution culturelle » censée « rassembler la nation ». La rencontre à Saint-Denis devait être une « initiative politique d’ampleur » pour « faire nation ».

En vérité M. Macron a surtout pour souci de servir le capitalisme international et n’a aucune intention d’écouter qui que ce soit. Il fait de la politique en tentant une fois encore son opération « union nationale « au service des forces du capital qui ont plus que besoin d’être protégé tant elles sont contestées ; il veut se mettre au jeu du jeu (politicien) il fait mouvement dans un pays qui le rejette de plus en plus après avoir demandé en juin a ses ministres de ne pas « parler dans le poste.

Seul un mouvement populaire conscient, déterminé, uni peut créer un rapport de force pour battre sa politique dans la rue et dans les urnes tout en conjurant une victoire de l’extrême droite. (J’y reviendrai) ; la journée unitaire d’actions le 13 octobre devrait préparer un fort contrefeu contre ces manigances politiciennes.

Raison de plus pour rassembler largement lors de la fête de L’Humanité en plaçant en nombre le bon de soutien. Loin des opérations et des petites phrases, la fête est ce lieu unique en France où on débat, on se cultive, on se rassemble pour préparer un autre avenir, modifier les rapports de force pour une autre politique et une autre société, pour chercher les chemins du dépassement du capitalisme qui fait tant de mal et de ravages.
 
 
 
Qui fait souffrir les classes populaires ?

Il paraît que les mêmes responsables politiques qui, jour après jour, mènent une politique qui écrase les classes populaires, voudraient en cette rentrée s’en soucier. C’est évidemment une farce. Leurs discours vont sans doute être parsemés du mot, pour mieux continuer à transférer une part toujours plus grande des richesses produites par les classes populaires vers les rapaces du capitalisme industriel et financier. C’est le sens des orientations du projet de budget de la nation pour l’année prochaine.

Les souffrances sociales ne se sont pas évanouies avec l’été. Loin de là. 40 % des familles populaires n’ont pas pu partir en vacances. Des centaines de milliers d’autres ont raccourci leur durée de séjour hors de chez elles. Fait inédit, plusieurs associations d’aide alimentaire n’ont déjà plus de stocks. La rentrée est celle de toutes les hausses de prix, que ce soit pour manger, s’habiller, se déplacer, se chauffer. La gratuité de l’école est devenue un mirage quand la rentrée scolaire pèse toujours plus lourd dans le budget des familles. Des professions entières s’interrogent sur le sens de leur métier, de leur travail, sur le sens des efforts qu’exige d’elles le système. Les infirmières qui accordent tant de leur temps et de tendresse au bénéfice de notre santé se détournent de leurs fonctions devenues aussi dures que peu reconnues. Les enseignants – les plus mal payés des pays de l’OCDE - assistent médusés à la prise de contrôle du ministère de l’Éducation nationale par le président de la République qui décoche directive sur directive pour intensifier encore leur travail – sans aucune reconnaissance supplémentaire, et mettre l’école au service des besoins du capitalisme industriel.

Les fortes chaleurs, liées aux bouleversements climatiques, causent plus de mal aux plus humbles, contraints de vivre dans des logements si peu isolés, et aux travailleurs de première ligne, qu’ils soient urbains ou ruraux. Dans les quartiers populaires comme à la campagne, l’asphyxie des services publics ou leur éloignement organisé aggravent encore toutes les insécurités sociales et, au-delà, toutes les insécurités humaines. L’augmentation des taux d’intérêt des prêts freine la construction de logements, met à mal la vie des petites entreprises, des collectivités locales et des familles qui doivent changer de voiture, d’appareils ménagers ou qui cherchent à accéder à la propriété de leur logement.

Et après avoir imposé le recul de l’âge de départ à la retraite à des travailleurs exténués, puis la compression des allocations chômage, voici que le pouvoir veut réduire le niveau de remboursement des médicaments et augmenter un certain nombre de prélèvements indirects. En laissant filer les prix, il remplit les caisses de l’État vidées par les cadeaux aux puissances industrielles et financières, puisque les impôts indirects comme la TVA ou les taxes sur l’énergie augmentent en proportion.

Ainsi, chaque année depuis 2017, les grandes entreprises et les grandes fortunes ont bénéficié de 100 milliards d’euros en réduction d’impôts. Six cents milliards d’euros de cadeaux en six ans, donc. Ceci au nom de la fumeuse théorie du « ruissellement », censée contribuer au redressement de l’économie. Et le pouvoir, par les voix de l’Élysée et du ministère des Finances, continue de clamer que la « croissance française est solide et supérieure » à celle des autres pays européens. Certes, la croissance des profits ne connaît pas de saison, mais le « ruissellement » annoncé s’est transformé en un assèchement du pouvoir d’achat des familles populaires. Seize millions de nos concitoyens terminent chaque mois sans le sou alors que le dogme de la baisse des impôts pour les plus fortunés et le grand capital est à la fois une injustice et un funeste mensonge. Cela n’a favorisé ni l’investissement, ni la productivité, ni la croissance. Les marchés financiers ne s’en accommodent plus. Ils ont une nouvelle fois montré leur violence lorsqu’ils ont débarqué en quelques jours celle qui avait succédé à Boris Johnson au poste de Premier ministre du Royaume-Uni, Mme Liz Truss, pour s’être rendue coupable de vouloir amplifier cette politique de baisse des impôts.

Curieux renversement de tendance marquant une nouvelle adaptation du capitalisme à ses propres contradictions.
Que se passe-t-il ? Les institutions financières qui font fonctionner les marchés financiers, détenteurs notamment des dettes des États, commencent à percevoir que les cadeaux au grand capital et aux fortunes conduisent à affaiblir les recettes des budgets des États au point de moins bien garantir leur solvabilité, et ce du fait de l’augmentation des taux d’intérêt qu’ils ont eux-mêmes réclamée. Le niveau des taux d’intérêt de la dette devient l’un des principaux postes de dépense de l’État, constituant ainsi, une rente pour les marchés financiers. Les fonds financiers veulent à la fois sécuriser leurs remboursements et utiliser cet argument pour augmenter encore les taux d’intérêt sur la dette. Ces derniers augmentent depuis des mois sur décision des banques centrales. La théorie du « ruissellement » s’avérant inefficace pour la croissance et la productivité, du point de vue capitaliste, les marchés financiers s’inquiètent de la dégradation du rapport existant entre dette publique – dont une partie importante est causée par le soutien au capital – et richesse produite. Avec l’augmentation des taux d’intérêt, les institutions financières et bancaires, et les assurances tiennent à ce que leur rente soit garantie.

On assiste ainsi, depuis quelques jours, à un conflit interne au capitalisme : le grand capital industriel insiste pour que les « impôts de production » continuent d’être abaissés. Les rapaces de la finance qui veulent s’assurer leur ponction sur la dette freinent depuis plusieurs mois ces tendances. Le pouvoir macroniste compose, donc comme on vient de le voir avec le discours de Mme Borne au MEDEF. Et, il compose au détriment des travailleurs et des classes populaires. D’un côté, il s’engage à continuer de diminuer les impôts sur le capital, mais en les étalant dans le temps tout en continuant à subventionner de grandes entreprises, notamment dans le secteur de l’armement. De l’autre, il rassure les détenteurs de dettes publiques, c’est-à-dire les institutions financières, en engageant un nouveau programme de réduction des déficits publics.

Cette stratégie, très loin de remédier aux difficultés des classes populaires, est au cœur du budget de la nation en préparation.
C’est prétendument au nom de l’écologie que certains secteurs seront légèrement mis à contribution pour environ 600 millions d’euros au total. D’autres seront aidés. Mais l’essentiel est constitué par une brutale diminution des « dépenses dans les services publics » et la Sécurité sociale pour une valeur de 15 milliards d’euros. Nous devrions dire, pour être exacts, « le désinvestissement dans les services publics et dans la garantie d’une sécurité sociale ». C’est ce qui explique la volonté de diminuer encore les remboursements de médicaments, l’augmentation des impôts indirects (dont la fin de la détaxation du fuel agricole et les impôts locaux), les modifications de structure de l’Éducation nationale, les refus d’engager les moyens nécessaires pour l’hôpital, le peu d’engagements avec la SNCF et la RATP pour diminuer les prix des transports, le laisser-faire des prix de l’électricité qui risquent encore d’augmenter après la hausse de 10 % que les familles populaires subissent depuis un mois.

Pour rassurer les marchés financiers, c’est donc le monde du travail, la santé de toutes et tous, les agents publics d’État, des collectivités et des hôpitaux, les chômeurs et les retraités qui vont payer cher. Très cher. Tout ceci est camouflé depuis des semaines derrière des écrans de fumigène brun, servant à alimenter polémique sur polémique et empêcher l’expression par les classes populaires de leurs exigences de vie meilleure.

Il est urgent de mettre sur le tapis la question de l’augmentation des salaires et des prestations sociales et un projet de révolution fiscale pour la justice et l’efficacité économiques, la nationalisation des banques, visant une autre utilisation du crédit pour le développement humain et une transition écologique créatrice d’emploi, tout en portant à l'ordre du jour des débats politiques la question d’une autre répartition des richesses – mais, au-delà de celle de la souveraineté des travailleurs, sur le sens du travail et sur l'utilisation sociale des richesses qu’ils produisent. Les travailleurs, les créateurs comme les retraités ont un grand intérêt à ce que la journée unitaire intersyndicale du 13 octobre soit une réussite. C’est la condition pour modifier le rapport des forces.

Les politiciens de droite et d’extrême droite, inscrits sur la liste de la course à l’Élysée, qui parlent de « classes populaires » sans remettre en cause le système, leur préparent un sale coup. Servir les classes populaires implique de lancer des initiatives populaires et unitaires pour préparer un « post-capitalisme ».
 
 
En vous souhaitant une bonne semaine et une bonne rentrée pour celles et ceux qui sont concernés, je vous adresse mes amicales salutations.
 
Patrick Le Hyaric
 
 
 
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