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dimanche 29 mai 2022

La lettre de Patrick Le Hyaric du 28 mai 2022

 


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La Lettre du 28 mai 2022
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Bonjour à chacune et chacun,
 
Pour changer vraiment !
L’installation du nouveau gouvernement, jusqu’au second tour des élections législatives, manifeste une sorte de continuité contrairement à ce qu’avait laissé entendre M. Macron. Ça, c’était pour se faire élire !
 
Aujourd’hui, on prend l’essentiel des mêmes pour recommencer ou amplifier une gestion libérale et technocratique au service du monde de la finance et des grands groupes industriels. Nos concitoyens sentent plus ou moins confusément qu’il n’y aura aucune rupture. Et que ça ne joue pas en leur faveur. Laisser entendre que nos concitoyens joueront le jeu des institutions en donnant une majorité de députés au Président pour qu’il recule l’âge de la retraite à 65 ans et applique rapidement une super-austérité au nom de « la crise » reviendrait à se laisser enfermer cinq années encore dans une politique ultra-libérale. Une alternative à cette régression sociale et antidémocratique se présente avec les candidats de la coalition de gauche et écologistes. Les candidats de la NUPES (Nouvelle Union Populaire Ecologique et Sociale).
 
Avec la coalition macroniste, la crise démocratique risque de s’amplifier encore, avec tous les risques qu’elle comporte. Cette continuité dans le choix de l’équipe gouvernementale est aussi révélatrice du manque de vision du pouvoir et des forces qui le soutiennent. Et les premières déclarations des ministres - à commencer par la nouvelle hôte de Matignon - le confirment.
 
Or, nous entrons dans une période de fortes turbulences inimaginable au début de la campagne de l’élection présidentielle. Les conséquences mondiales de la pandémie, la guerre que mènent le pouvoir et l’armée russes contre l’Ukraine, les guerres intra-capitalistes avec l’accélération de la concentration des multinationales et du capital nous font entrer dans un monde plus instable et plus violent. Les risques sont sérieux que le monde entre en récession et qu’une famine va s’amplifier.
 
Il ne suffit donc pas d’accoler le mot « souveraineté » à la fin de l’intitulé des ministères de l’Industrie, de l’Économie ou de l’Agriculture pour résoudre les lourds problèmes qui s’avancent. Dans ce contexte, un gouvernement de la France, membre du Conseil de sécurité de l’ONU et septième économie mondiale, doit être capable de traiter les grands enjeux telle que la possible récession mondiale, de s’attaquer nettement aux défis climatiques en le liant aux enjeux de progrès sociaux et démocratiques, d’éviter la marche en avant vers la guerre, de tenir tête aux États-Unis qui, à la faveur de la guerre contre le peuple ukrainien, recommencent à dicter l’agenda des relations internationales pour soumettre l’Union européenne à ses stratégies.
 
Rien de tout cela au programme du « nouveau » gouvernement. La seule préoccupation du Président de la République est de manigancer ses discours pour s’assurer une majorité au Parlement.
 
Un tel contexte renforce encore la nécessité de la mobilisation immédiate pour le vote en faveur des candidats de la Nouvelle Union Populaire Ecologique et Sociale. C’est un engagement pour l’amélioration de la vie quotidienne de toutes les familles populaires.
 
Il convient partout par des actes militants, de faire mesurer l’enjeu des élections des députés le 10 juin prochain. Plus que jamais, il est indispensable d’agir pour une nouvelle répartition des richesses et une autre manière de les produire. En effet, faire ses courses aujourd’hui fait toucher du doigt les hausses permanentes des prix qui poussent les familles populaires au bord de la rupture. Les privations s’élargissent à de nouveaux produits en qualité comme en quantité. Le choc est là. Et il est violent. L’épargne populaire va considérablement ralentir et ceux qui en disposent voient sa valeur fondre comme neige au soleil, quand le taux de rémunération d’un livret A est aux alentours de 1% alors que l’inflation monte à 5%. Ceux qui doivent rembourser des crédits les paieront plus cher.
 
Un gouvernement de coalition de la gauche et des écologistes aurait pour tâche immédiate de permettre l’augmentation des salaires et des retraites les plus modestes, comme des prestations sociales. Il aurait également à agir sur les prix en prenant des dispositions drastiques contre les spéculateurs de tout poil qui profitent de la guerre aujourd’hui comme ils ont profité de la pandémie. Personne ne peut décemment soutenir et défendre que les propriétaires capitalistes de l’agro-alimentaire aient vu leur fortune augmenter d’un milliard tous les deux jours, alors que les gens ont du mal à remplir leur caddie.
 
De même, la précarité énergétique augmente alors que les grands groupes de l’énergie pétrolière, gazière et charbonnière (ceux qui polluent le plus) voient leurs profits augmenter de 45%. Voilà une illustration de la lutte des classes.
 
Une augmentation substantielle de la prime de rentrée scolaire est indispensable, de même que le blocage des loyers. En même temps, l'investissement réel et utile pour la transition écologique nécessite la mise en formation de millions de salariés de toutes professions et la création de millions de postes de travail. Un combat devrait être mené pour qu'à l'opposé de la période du Covid, la création de monnaie par la Banque centrale ne serve pas à l’augmentation de la rente des actionnaires et des plus fortunés, mais à l’économie réelle, aux services publics de la santé et de l’éducation.
 
Comment les autorités de l’Union européenne pourront-elles défendre encore longtemps qu’elles aient pu créer un fond commun pour la guerre et qu’elles ne le peuvent pas pour le mieux vivre des familles populaires, pour l’éducation et la santé. La mise en place d’un fonds européen, pour les services publics et la transition environnementale est plus nécessaire que jamais. Le 10 juin, l’enjeu est donc considérable dans chaque circonscription pour construire une nouvelle majorité à l’Assemblée nationale de laquelle découlerait un vrai nouveau gouvernement, pour de vrais changements au service des classes populaires.
 
 
Les jeunes réclament une « bifurcation »
Il y a quelques semaines, lors de la cérémonie de remise de diplômes, des élèves ingénieurs d’AgroParisTech ont fermement dénoncé, à plusieurs voix, le système économique dans lequel on voulait les intégrer.

« L’agro-industrie mène une guerre au vivant et à la paysannerie partout sur terre », ont-ils dénoncé. « Nous sommes plusieurs à ne pas vouloir faire mine d’être fiers et méritants d’obtenir ce diplôme à l’issue d’une formation qui pousse globalement à participer aux ravages sociaux et écologiques en cours », ont-ils poursuivi, ajoutant avec fermeté : « La société ne pourra devenir soutenable sans que l’on se débarrasse de l’ordre social dominant ».

Il est plutôt rassurant pour l’avenir qu’en recevant leur diplôme, de jeunes ingénieurs agronomes questionnent le sens de leur futur travail et contestent le rôle des firmes de l’agrochimie, alors que les sols sont trop empoisonnés, les abeilles pollinisatrices décimées, les vaches transformées en usines à lait, que les scandales alimentaires se multiplient et que chaque jour, poussés au plus grand désespoir, deux paysans se suicident.

Mais les cercles de la bien-pensance ne l’entendent pas de cette oreille. Ils s’agitent pour traiter ces jeunes « de petits bourgeois illuminés » dans l’espoir de les couper du reste de la société. Ils refusent évidemment de débattre de la signification politique de leur message. Il y a quelques années déjà, un élève de centrale de Nantes avait également prononcé un discours très critique sur le sens de ses études et leur utilité pour l’intérêt général.

Parce qu’ils contestent les orientations antisociales et antiécologiques, de nombreux jeunes diplômés refusent désormais de travailler pour de grandes sociétés transnationales. Ils illustrent un pan de cette radicalité progressiste qui le 10 avril, a marqué le premier tour de l’élection présidentielle.

Pourquoi vouloir décrédibiliser ces actions ? Parce qu’elles mettent en cause le système ? Elles sont l’une des manifestations de l’aspiration à être considérés, respectés, et à des pouvoirs nouveaux sur l’orientation de la stratégie des entreprises, sur leur travail dans l’intérêt général humain. Ils font entendre fortement l’aspiration à une pleine souveraineté des citoyens dans la cité et la souveraineté des salariés sur leur travail.

Les grands mouvements comme « Occupy Wall-Street » devant la bourse de New York, il a quelques années, suivi du mouvement des « Indignés » dans plusieurs pays européens, des « Nuits debout » à Paris, comme les mouvements sociaux contre la destruction du Code du travail et du système des retraites, celui des gilets jaunes et celui des jeunes pour le climat, sont la marque d’une volonté plus ou moins consciente de transformer les rapports sociaux, la société et le monde.
 
On peut certes discuter de leurs débouchés politiques. Ils peuvent en être les prémisses. On ne saurait donc les opposer à des engagements plus permanents. Ils peuvent trouver des prolongements dans des syndicats ou des forces politiques de transformation sociale à l’opposé de ceux qui appellent à la désertion et à l’abstention.

On peut aussi considérer que le progrès technique, la formation, la recherche et la science « en conscience », pensés comme des moyens d’alléger la peine des êtres humains au travail seront utiles dans la perspective d’une radicale transformation écologique de notre monde.

Pour qui est soucieux de la recherche de chemins d’invention d’un post-capitalisme, ces prises de position doivent être écoutées, entendues et mises en lien avec un mouvement général visant à dépasser l’ordre existant. Voici une bonne nouvelle ! Des jeunes diplômés, de ce haut niveau, refusent le formatage idéologique et manifestent leur volonté de se mettre au service de l’intérêt général et non de celui des voraces de la finance et des firmes agro-industrielles qui, après avoir profité de la pandémie, gonflent actuellement leurs profits grâce à la guerre de M. Poutine.

À ces jeunes diplômés, s’ajoutent ceux qui se mobilisent régulièrement pour exiger la transparence sur « l’impact » social et écologique des activités de la société qui les emploie. D’autres décident de « bifurquer » et quittent des emplois bien rémunérés dans les mondes de la finance, de la publicité, du marketing, de la grande industrie, de l’alimentation industrielle et des frères siamois de McKinsey, pour des projets plus conformes à leurs valeurs progressistes et écologiques.

Ils créent de petites entreprises d’intérêt public dans l’alimentation de qualité, contre le gaspillage alimentaire, dans les services de santé, la qualité de l’eau, l’agro-écologie, ou le sport. Ils y gagnent bien moins d’argent, mais se sentent bien mieux, plus utiles à la société. Toutes et tous posent les deux enjeux anthropologiques et environnementaux majeurs de notre temps : celui du sens des formations et du travail, et celui de l’indispensable combat pour le climat, la biosphère et la biodiversité qui conditionnent la vie humaine et animale.

La nomination d’une ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche, soucieuse que l’université soit « intensive » et que la recherche soit d’abord un investissement économiquement rentable, va à rebours de ces aspirations nouvelles.

Or, il est incontestable que le besoin de démocratisation de l’accès à l’université et l’élévation des compétences et des recherches sont indispensables pour inventer un autre modèle productif, de distribution et de consommation. En revanche, le choix du ministre de l’Éducation nationale, antithèse du précédent, peut être une bonne nouvelle s’il lui est permis d’impulser un grand projet éducatif et de formation pour toutes et tous, en refusant « le marché des savoirs » tout en portant des efforts exceptionnels en direction des enfants des quartiers populaires.

Ces derniers ne peuvent continuer d’être victime de la sélection et d’une sorte de ségrégation pour n’être destinés qu’à devenir des premiers de corvée sous-payés et méprisés. Eux aussi, à leur façon, ont montré leur révolte à l’occasion du premier tour de l’élection présidentielle. Toutes et tous, par-delà leur lieu d’habitation et leur niveau d’études, aspirent à la transformation sociale, démocratique et écologique. En se liant, en s’unissant, ils peuvent constituer une force considérable.
 
Plusieurs enquêtes d’opinion montrent que les jeunes de 18 à 35 ans placent, d’un même mouvement, au cœur de leurs priorités le pouvoir d’achat et l’environnement. Dans une enquête parrainée par la revue interdisciplinaire « The Lancet Plantard Heath », réalisée dans dix pays dont la France, les trois quarts des jeunes jugent le futur « effrayant » et un sur deux considère que « l’éco-anxiété » pèse sur leur vie quotidienne.

Et une récente étude de la fondation Jean-Jaurès réalisée en janvier dernier, montre que 82% des jeunes de moins de 30 ans se disent « préoccupés » par le changement climatique. La problématique climatique devient donc pour une majorité de jeunes quasi existentielle. Voilà qui ouvre un important chantier de mobilisation collective et de débat pour conjuguer, mêler, entremêler intimement dans tout projet de transformation, les enjeux sociaux, démocratiques et écologiques.

Ces jeunes auront l’occasion de prolonger leurs actions et leurs désirs en utilisant le bulletin de vote des candidats de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale le 10 juin prochain, pour changer de majorité à l’Assemblée nationale. Ces débats et actions qui portent les enjeux anthropologiques et environnementaux sont les nouvelles graines d’une visée communiste moderne. On comprend que les milieux dirigeants en soient tant effrayés !
 
 
Sortir du capitalisme

Dans ce nouvel ouvrage, Bernard Vasseur démontre, exemples à l’appui, comment le capitalisme mène l’humanité dans le mur et menace la vie sur la planète. L’auteur donne surtout à voir combien le communisme est à l’ordre du jour et peut se construire chaque jour dans l’action.
 
À lire absolument.
 
 
 
Je vous souhaite une belle semaine et de beaux débats autour de vous.
Amicalement,
 
Patrick Le Hyaric
 
 
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