Ceux qui ont assisté à l’enterrement de son ami Jean Daniel au cimetière Montparnasse se souviennent encore du formidable discours d’Edgar (c’est comme ça qu’on l’appelle au « Nouvel Obs » ; pour Jean (Daniel), il n’y avait qu’un seul Edgar) sans la moindre note. Résistant, compagnon de route du journal, pilier de la deuxième gauche, humaniste et pionnier de l’écologie, Morin est l’un des grands penseurs de notre temps. Loin des chapelles et sans frontières, théoricien et militant, il a traversé le siècle, à contre-courant quand il le fallait. Il a pensé sa vie et vécu sa pensée, toujours là où ça se passe, aux premières loges de l’histoire.
La joie de vivre chevillée au corps, Edgar Morin fêtera ses cent ans le 8 juillet 2021. L’homme est vif-argent et toujours curieux d’aujourd’hui. Le penseur est complexe, questionnant l’imprévu et l’incertain, et d’autant plus précieux en temps de crises. Pour preuve, deux formules, deux « haïkus » trouvés dans son nouveau livre : « On devrait chercher un vaccin contre la rage spécifiquement humaine, car nous sommes en pleine épidémie » ou encore « Le Covid nous rappelle que nous vivons une Aventure, une Aventure dans l’inconnu, l’Aventure inouïe de l’espèce humaine ».
C’est à nous qu’Edgar a pensé quand il s’est agi de publier les bonnes feuilles de son livre en avant-première. L’éditeur, Denoël en la circonstance, nous a proposé de publier des extraits de notre choix en exclusivité. C’est une démarche classique de la part d’un éditeur. Il choisit alors le média qui donnera la meilleure audience au livre (et celui avec lequel son auteur a le plus d’affinités). C’est le cas de « L’Obs » qui suit Morin depuis toujours (récemment
un grand entretien le 1er septembre 2019 pour la parution de ses Mémoires ; et un débat
Debray/Morin/en couverture de « L’Obs » le 12 décembre 2019). Nous préférons en général publier nos propres analyses, enquêtes ou entretiens aux bonnes feuilles, sauf lorsqu’il s’agit d’un document particulièrement brillant. Avec un plaisir de lecture évident. Voilà pourquoi vous pourrez lire la semaine prochaine, dans notre magazine, le premier chapitre de « Leçons d’un siècle de vie » (Denoël), le dernier essai d’un homme qui n’a cessé de s’interroger sur sa propre vie et sur la nôtre.
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