Les artistes français font rayonner la France de par le monde. Comment, vous n’êtes au courant ? Vous pensez que seule notre calamiteuse gestion des vaccins trouve un écho international ? Mais non, cocorico, l’Hexagone vient de décrocher un prix Nobel de littérature. Bon, pas exactement, mais ce qui s’en fait de plus proche. Soit le prix ALMA (Astrid Lindgren memorial award), créé en 2002 à la mort de la fabuleuse créatrice de Fifi Brindacier par le gouvernement suédois et considéré comme le Nobel de la littérature jeunesse. Chaque année, un auteur est couronné en grande pompe (c’est la princesse Victoria qui le remet) pour l’ensemble de son œuvre et reçoit 550 000 euros, ce qui en fait le deuxième prix littéraire mondial en termes de dotation. Le lauréat 2021 s’appelle Jean-Claude Mourlevat et il a signé entre autres les grands succès « l’Enfant Océan », « le Combat d’hiver » ou « Jefferson ». Le jury a loué ce romancier à « l’œuvre toujours surprenante », dont les « récits abolissent le temps et l’espace et évoquent dans une prose onirique et efficace des questions éternelles comme le désir et l’amour, la vulnérabilité et la guerre ». Tout ça alors que ses livres n’ont jamais été traduits en suédois.
Jean-Claude Mourlevat est le premier français à recevoir cette récompense. Pourtant, l’événement a eu peu de retentissement. Le ministère de la Culture s’est fendu d’
un court communiqué et quelques articles ont timidement pointé dans la presse. Peut-on imaginer la même situation si un auteur français, au hasard Michel Houellebecq, avait décroché le Nobel de littérature ? Se rappelle-t-on du ramdam après le sacre de Patrick Modiano ? Contacté par nos soins, le romancier auvergnat a dit son sentiment d’être toujours
« assis à la table des petits » par rapport à la prestigieuse littérature générale.
« C’est super ! C’est mon copain », a réagi sa collègue Susie Morgenstern, qui, malgré son inaltérable enthousiasme, partage ce sentiment d’être rangée dans une sous-littérature, même après 150 livres, même après de nombreux prix, même après la Légion d’honneur. Nous sommes allés rendre visite à cette reine de la littérature pour enfants dans sa maison-bonbonnière de Nice, à l’occasion de la parution de ses Mémoires. Cette Américaine, qui a adopté la France par amour il y a une quarantaine d’années, s’est livrée avec la générosité et la bonne humeur sans faille qui ont fait le sel de ses best-sellers comme « Lettres d’amour de 0 à 10 » ou « la Sixième ». La rencontre, survoltée, est à découvrir dans « l’Obs » cette semaine. Quant à Jean-Claude Mourlevat, on y reviendra.
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