■ INFORMATIONS OUVRIÈRES N° 631
À LA UNE Semaine du 19 au 25 novembre 2020
Une indication de la révolte qui gronde
Pierre Demale
Des milliers se sont rassemblés ce mardi 17 novembre devant l’Assemblée nationale contre la loi de « sécurité globale » du gouvernement, caricature monstrueuse des mesures liberticides qui se succèdent dans le cadre de l’état d’urgence.
Des rassemblements ont eu lieu dans tout le pays, avec à chaque fois un grand nombre de jeunes. Le 28 octobre, Macron a annoncé le reconfinement. Pour le justifier, il avait averti : « À ce stade, nous savons que, quoi que nous fassions, près de 9 000 patients seront en réanimation à la mi novembre, soit la quasi-totalité des capacités françaises. »
L’Express, le 16 novembre, écrit : « Avec le recul, les affirmations d’Emmanuel Macron (…) apparaissent précipitées.
Au 15 novembre, 4 880 personnes atteintes du Covid-19 se trouvaient en réanimation, soit presque la moitié du chiffre donné par le président de la République. »
Le gouvernement truque, invente, maquille les chiffres, y compris ceux édités par ses propres agences.
Ce n’est plus à démontrer.
Et, pendant ce temps-là, les commerces dits « non essentiels », les bars et les restaurants restent fermés. Pour des milliers d’entre eux et leurs employés, c’est le risque d’être acculés à la ruine.
Dans une situation où, au même moment, une avalanche de plans de licenciements est en cours, financée par les centaines de milliards du mal nommé « plan de relance » du gouvernement.
La multinationale Bridgestone vient d’annoncer la fermeture de son usine de Béthune.
Tous les secteurs sont touchés : 7 magasins du groupe Printemps ferment, entraînant la destruction de 450 emplois… Les chiffres du chômage, les enquêtes publiées ces derniers jours sur l’explosion de la pauvreté dans ce pays, sur la situation alarmante de milliers de jeunes (lire page 3) donnent une idée du désastre auquel conduit la politique de ce gouvernement.
Une politique qui ne peut que conduire à l’explosion, à la révolte.
C’est cela qui panique le gouvernement.
Alors ce mardi 17 novembre, l’Assemblée nationale débat d’une proposition de loi « pour une sécurité globale ».
La publication de vidéos montrant les interventions policières au cours des manifestations pourrait être illégale. La Défenseure des droits, Claire Hédon, s’est dite « particulièrement préoccupée » par cette disposition, rappelant que « l’information du public et la publication d’images relatives aux interventions de police sont légitimes et nécessaires au fonctionnement démocratique ».
« DÉLIT D’INTRUSION » Pendant ce temps-là, toujours, ce mardi, doit être voté le très contesté projet de loi de programmation de la recherche (LPR) qui prévoit d’instaurer un « délit d’intrusion ».
En clair, le fait de pénétrer ou de rester dans l’enceinte d’un établissement d’enseignement supérieur sans y être habilité ou autorisé serait passible d’un an de prison et de 7 500 euros d’amende.
Il s’agit autrement dit d’une disposition visant à rendre illégales les occupations d’université.
Et c’est dans cette situation que le groupe Les Républicains a fait voter le week-end dernier au Sénat un amendement au projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2021 qui demande au gouvernement d’aller au bout de la réforme des retraites.
ROUVRIR LE DOSSIER DES RETRAITES
Ainsi, il est désormais proposé « de réunir une conférence de financement chargée de formuler des propositions autour des différents paramètres de calcul des pensions. Cette conférence reprend le modèle proposé par le gouvernement à l’article 57 du projet de loi instituant un système universel de retraite.
Si la conférence de financement aboutissait, ce qui est le souhait du rapporteur, il appartiendrait au gouvernement de traduire ces propositions dans un projet de loi de réforme des retraites. »
Les sénateurs LR présentent ainsi leurs offres de service au gouvernement en rouvrant le dossier des retraites et en réactivant la conférence de financement mise sur pied en début d’année par Édouard Philippe, alors Premier ministre, qui vise à faire passer le système de retraite par points.
La ministre déléguée en charge de l’Autonomie, Brigitte Bourguignon, a jugé l’initiative « prématurée » compte tenu de « l’absence de visibilité sur les conséquences de la crise sanitaire sur le système de retraites ».
Si elle est « prématurée », il n’en reste donc pas moins que cette initiative est, dans la bouche de la ministre, justifiée !
À juste titre, les réactions confédérales caractérisent l’amendement comme ce qui « s’apparente à un 49-3 » et exigent que le gouvernement annonce « l’abandon d’un projet rejeté par la majorité de la population ».
Interdiction de filmer les interventions policières, instauration d’un « délit d’intrusion » à l’université, réactivation de la réforme des retraites… Le rapport avec l’épidémie de Covid-19 ?
Aucun.
« LE CANCER DE LA SOCIÉTÉ, C’EST LE NON-RESPECT DE L’AUTORITÉ. »
(Le ministre de l’Intérieur, G. Darmanin)
En une du dernier Parisien Dimanche, Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, déclare : « Le cancer de la société, c’est le non-respect de l’autorité. »
Dans la bouche de ce responsable, comme pour l’ensemble de ce gouvernement, il faudrait se réduire à rester chez soi, obéir, se taire. Cela commence à ressembler à cette affiche du régime de Vichy qui titrait : « Il est inadmissible de placer son bien-être personnel au premier plan des préoccupations du moment.
Critiquer, récriminer, c’est agir sciemment contre la France (…). Notre Chef (Ndlr : le maréchal Pétain) a la volonté de rétablir une France nouvelle.
Suivons-le. Taisons-nous. »
Indice de la crise qui déchire les sommets, même Laurent Fabius, président du Conseil constitutionnel, s’inquiète : « Que serait une démocratie dans laquelle les droits fondamentaux ou les libertés seraient à l’éclipse ? » (Journal du Dimanche, 15 novembre).
Le journal L’Opinion du 16 novembre s’alarme du « vent de la contestation qui souffle constamment sur la France ». Ce mardi 17 novembre, les rassemblements qui ont eu lieu, le plus souvent de manière spontanée, dans de nombreuses villes du pays, sont l’indication de la révolte qui monte : « Trop, c’est trop ! »
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire