Le nouveau petit prince des comiques a comme ami et scénariste de ses films un ancien proche d’Alain Soral. Un mélange des genres que les producteurs d’un de ses prochains films ont découvert et très peu goûté. Le tout sur fond d’accusation d’escroquerie en bande organisée impliquant la plus grande agence artistique de Paris... Récit.
Les compliments pleuvent à son sujet. Aimable, affable et, surtout, drôle. Drôle à en pleurer. Ahmed Sylla a rejoint le club très fermé des comiques qui font se gondoler les Français. Sa trajectoire en mode turbo impressionne. En à peine quatre ans, ce jeune homme de 30 ans au regard doux s'est ouvert toutes les portes et mué en une véritable machine de guerre du rire sur commande. À l'aise dans toutes les circonstances, qui plus est, c'est le roi de la promo. La télé puis le cinéma l'ont adoubé. On se l'arrache sur les plateaux. Toujours sur le coup, Arthur en a fait un de ses chouchous pour son émission comique « Vendredi, tout est permis ».
DERRIÈRE LA JOLIE FAÇADE DU TYPE SUPERCOOL DE BANLIEUE Avec ce Nantais grandi dans une cité, il y a toujours du spectacle. Sa féroce parodie de Karine Le Marchand, celle de l'émission politico-people « Une ambition intime », adoptant les poses sexy ultraprovocantes de l'animatrice lui valent encore les compliments de fans énamourés. Vraiment too much, cet Ahmed ! La bonhomie d'un Jamel Debbouze doublée d'une souplesse à la Jim Carrey, un gars comme ça, c'est de l'or en barre. Ou… du plomb ! Car, derrière la jolie façade du type simple et supercool de banlieue se cache un autre visage, beaucoup moins séduisant. Un homme bling-bling aimant les grosses voitures et les bijoux, côtoyant au quotidien un membre de sa « famille » aux idées très extrémistes. C'est ce qu'ont découvert les producteurs Marc Fiszman et Christophe Cervoni. Un peu trop tard…
L'histoire avait pourtant bien commencé. Emballés par le personnage, les patrons d'Axel Films avaient flairé la bonne affaire. Mais comment faire pour retenir un tel « zébulon », connu dans le milieu pour sa fiabilité à géométrie variable lorsque survient un projet plus appétissant ? Ils proposent non pas un mais deux films à l'humoriste. Et pensent le ferrer grâce à deux contrats de 580.000 puis 770.000 € (voir document, ci dessous). Avec Babysitting et des grosses comédies populaires à succès depuis dix ans, les producteurs ne sont pas des perdreaux de l'année. Ils savent exactement où ils vont. Même si Ahmed Sylla ne signe qu'à la condition expresse d'embaucher ses amis, le scénariste Thomas Pone (1) et le réalisateur Varante Soudjian. Après tout, pourquoi pas ? Ce ne serait pas le premier acteur à demander ce genre de coup de pouce pour sa clique de potes.
Cinq cent mille euros d'avance sont ainsi mis sur la table et versés, entre autres, au trio ainsi qu'à leur agence. Des délais sont définis. Premier objectif : faire tomber rapidement le scénario de Challenger. L'histoire ? Une sorte de Rocky à la sauce Pieds nickelés. Celle d'un boxer de troisième zone qui parvient à décrocher un combat avec le champion du monde… pour ne finalement jamais l'affronter. Le but du jeu de la bande et du fameux « challenger », se « gaver un max » (dixit le scénario pondu par Pone et Soudjian) grâce aux sponsors avant de s'esquiver en plantant tout le monde.
"L'histoire du scénario, c'est exactement ce qui nous est arrivé"
« On aurait dû flairer l'embrouille, avoue Fiszman. L'histoire du scénario, c'est exactement ce qui nous est arrivé… » Les semaines passent et, côté production, on commence à s'impatienter. Le canevas tant attendu peine à se concrétiser et, lorsqu'il est finalement livré, il n'est pas à la hauteur des attentes. Pas un problème pour le producteur habitué à reprendre des histoires bancales. Il propose à l'équipe de venir travailler dans ses bureaux du Xe arrondissement de Paris. Ceux-ci s'exécuteront durant cinq jours. S'ensuivent deux nouvelles livraisons avec des modifications réalisées à la marge seulement. Entre-temps, les relations se refroidissent.
UBBA
Le scénariste Thomas Pone commence à lancer des remarques homophobes lorsqu'il déboule dans les locaux. « Difficile de savoir si c'était du lard ou du cochon, se remémore Fiszman, mais nous commencions à nous sentir mal à l'aise. » Quand le producteur joint Ahmed Sylla pour lui faire part des difficultés avec ses acolytes, celui-ci semble compatir. Mais s'empresse de changer… d'agence et de numéro ! Thomas Pone, lui aussi, finit par disparaître dans la nature...
Retrouvez la suite de cette enquête sur Marianne.net et dans notre dernier numéro "Vous allez aimer la deuxième vague" disponible en kiosques demain et en version digitale dès maintenant ici. |
|
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire