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29 septembre 2019
Publications
La Raison n°645 (octobre 2019)
L'Editorial
De Philippe Pétain à la Cinquième république : la mémoire nécessaire
Un grand congrès régional de l’AILP s’est tenu à Valparaiso, au Chili à l’invitation de la Grande Loge du Chili et de son nouveau grand maître Sebastián Jans Perez. Il a eu lieu du 8 au 10 août 2019 et c’était la seconde fois, après celui de Concepción qu’un tel congrès avait lieu dans ce pays. Près de 150 libres penseurs se sont bousculés dans les cérémonies inaugurales, les diverses conférences magistrales et aussi les 5 tables rondes dont vous trouverez la liste dans le compte rendu copieux qu’en a fait José Arias.
Par ailleurs, ce numéro est riche en informations historiques. Nous publions cette semaine la deuxième partie de l’article consacré par Annie Lacroix-Riz à la genèse du Pétain dictateur soumis, lors de la débâcle, à la domination hitlérienne. On y découvre comment le « héros de Verdun » était déjà largement acoquiné avec les éléments les plus troubles des ligues fascistes françaises, de la synarchie, de la cagoule, et de tous ceux qui ont activement ou passivement œuvré en France à la défaite de la révolution espagnole. Une lourde pièce supplémentaire au dossier.
Pour faire bonne mesure, nous revenons également sur la création de l’UGIF, autre fait de Philippe Pétain, sous la plume de Dominique Goussot. Cette Union Générale des Israélites de France avait la particularité effrayante d’être composée de personnalités juives qui collaboraient avec les nazis jusque dans la persécution des juifs. Voilà un antisémitisme paradoxal et bien digne d’être soutenu par l’Etat français de Vichy. Cette organisation perverse, cousine des « Judenräte » des autres pays occupés devint rapidement obligatoire pour tous les juifs de France. L’étoile jaune alla de pair avec la carte d’adhésion à l’UGIF. Ayant officiellement « pour objet d'assurer la représentation des Juifs auprès des Pouvoirs publics notamment pour les questions d'assistance, de prévoyance et de reclassement social », l’UGIF devint en fait un horrible fichier ethnique. Pilier de la politique antisémite du ci-devant maréchal Pétain, elle s’abstiendra d’informer la population juive parisienne de l’imminente rafle du Vel d’Hiv. Ces deux articles de fond apportent des éléments peu connus sur les origines et le fonctionnement du pétainisme. Ce n’est pas inutile.
Notre association a réalisé un à deux colloques pendant chacune des années anniversaires de la première guerre mondiale. Tous les aspects inhumains et intéressés de cette guerre, de son déclenchement au honteux armistice de 1918 ont été abondamment traités et nous dotent d'une riche collection documentaire. Nous terminerons l'année 1919 dans l'Aube, par un colloque sur Paul Meunier, courageux député, défenseur des travailleurs, et artisan d'une vaste action qui aboutit à la suppression des terribles Conseils de guerre spéciaux en 1916. Quelle que soit la brutalité de la répression militaire de 1917, cette suppression fit que les condamnations prononcées alors le furent avec plus de contenu juridique. Ce ne fut pas indifférent lors des révisions de procès qui purent avoir lieu à partir des années 20. Il n'était que naturel de rendre hommage à ce combattant de la justice.
Christian Eyschen signe une note de lecture sur un livre absolument remarquable qui doit figurer dans votre bibliothèque : « l'Etat, l'argent et les cultes de 1958 à 1987 » par Jean-Pierre Moisset. Une analyse très précise des méfaits de la Ve République qui a repris et aggravé les bases du Régime de Vichy dans les relations entre l'Etat et les cultes. Plusieurs arrêtés du Conseil d'Etat sont cités dans la période, tous défavorables au principe laïque de non-subvention à tous les cultes. Par contraste, ceux que nous avons obtenus à une date récente représentent des victoires éclatantes. Ceux qui, sans n’avoir jamais mené aucune action juridique, ont tenté de minimiser ces avancées considérables en seront pour leurs frais.
Quelques rappels historiques seront également utiles à l’encontre des nostalgiques de la "grandeur" gaullienne: la présidence du chanoine Kir pour la première séance de l'Assemblée Nationale de 1958, qui en appelle à l'aide de Dieu pour la nouvelle république. Bien entendu la loi Debré y est traitée en détail, mais aussi des coups moins connus. Ne croyez surtout pas que vous n'ayez rien à apprendre dans ce livre, même ceux qui, témoins des événements, jouissent en dépit de leur âge, d'une excellente mémoire, y découvriront nombre de forfaitures passées sous le tapis au fil des années.
Je vous souhaite bonne lecture.
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