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mardi 3 septembre 2019

La lettre du jour - Le vaillant petit économiste - mardi 3 septembre 2019

Chère lectrice, cher lecteur,

Hier, je vous parlais de l’illusion démocratique.

On a pu découvrir que la politique a clairement la possibilité de contourner une décision exprimée par le peuple.

Mais alors qui dirige la France ?

Le Président de la République ?

Comme toujours, il faut suivre l’argent


Follow the Money comme disent les américains.

Et en suivant la piste de l’argent, on a vite des surprises.

Au sein des organes les plus stratégiques de l’État, il y a plus de 600 fonctionnaires mieux payés que le Président.

C’est ce qu’a constaté Vincent Jauvert, journaliste au Nouvel Obs, auteur de l’ouvrage « Les Intouchables d’État ». [1]

Grace à quelques précieux contacts, il a pu accéder à un document explosif : la liste « confidentielle » des plus fortes rémunérations de l’administration publique.

Et quand je dis « confidentielle », ce n’est pas un mot en l’air. Il s’agit bel et bien d’une information qui ne devait pas être divulguée.

EN SAVOIR PLUS SUR LA GUERRE DE L’INFORMATION


Cette liste n’est même pas accessible aux ministres


M. Jean Arthuis, ancien ministre de l’Économie et des Finances, dit n’avoir eu accès à cette information qu’après plus d’une dizaine de demandes … et 6 mois d’attente. [2]

Et, tenez-vous bien, il l’a reçue sur un papier chimique non-photocopiable.

Lorsqu’on voit qu’un salaire de plus de 200 000 € par an est monnaie courante, on comprend cette discrétion.

Alors posons la question sérieusement.

Est-ce que le siège du pouvoir ne se situe pas plutôt … dans les bureaux des indétrônables « servants de l’Etat » ?

L’État profond


Le terme est apparu dans les années 1990 pour désigner une élite de fonctionnaires et de dirigeants de la sphère économiques non élus qui, de par leurs positions stratégiques, tiendraient véritablement les rênes du pouvoir.

Les politiciens changent au fil des élections, mais l’État profond reste et impose son agenda auprès des nouveaux élus.

Lors de sa campagne, Donald Trump a beaucoup communiqué sur la nécessité de « drainer le marécage » (Drain the swamp) de Washington et de lutter contre cet « État profond » qui ne défendrait pas vraiment les américains.

Préférant s’épancher sur les outrances du magnat de l’immobilier, nos médias ont peu parlé de cet argument important.

En fait, il a touché au cœur un peuple américain qui se sent dépossédé de sa souveraineté.

Beaucoup pensent que cette promesse de campagne fut une flèche fatale tirée sur le clan Clinton.

Bien-sûr, l’État profond comporte sa part de mythe et peut vite dégénérer en théorie complotiste fourre-tout.

Cette idée n’en reste pas moins très utile pour identifier les noyaux de pouvoir informels qui s’agglutinent autour des gouvernement élus.

Car ceux-ci, sont loin d’être mythiques. C’est un phénomène largement documenté. [3]

Les indétrônables


En analyse des politiques publiques, la puissance de la bureaucratie est reconnue.

Les chercheurs ont même développé une théorie appelée « École des Choix Publics » qui permet notamment de comprendre les mécanismes de décision de la bureaucratie. [4]

Pour faire court, ces chercheurs ont découvert que les fonctionnaires agissent également en fonction de leurs propres intérêts et qu’ils ont une grande influence sur l’application des décisions politiques.

Yes Minister, une série anglaise des années 80, que je conseille vivement, retranscrit délicieusement ce phénomène.

Dans un des épisodes, le Ministre tente vainement d’appliquer son programme face à son « secrétaire permanent aux affaires administratives » qui touche notamment un meilleur salaire que lui. [5]

Le ministre découvre en arrivant dans son bureau, que la machine de l’État est bien plus écrasante que la solidité de ses promesses électorales.

Toute la série décrit une situation ironique : le secrétaire général se révèle être le véritable patron du ministère !

Un noyau de pouvoir non officiel


Vincent Jauvert, le journaliste de l’Obs, a été bien plus loin que révéler cette seule liste de salaires.

Il a montré qu’une bonne part était en fait constituée de primes difficiles à expliquer.

On va encore dire que j’exagère…

Sauf que la Cour des Comptes a avoué elle-même qu’il s’agit de « dispositifs de rémunération sans base juridique ». [6]

De son côté, France 2 a diffusé récemment un reportage pour le moins édifiant sur le même sujet. [7]

Ce que l’on y découvre, c’est que ces élites privilégiées proviennent toutes de la même école : l’ENA.

Et lorsqu’ils ne sont pas en train de courir après l’électorat ou insérés dans les rouages de la machine administrative, ils servent de grands groupes privés (la carrière de notre Président en est un bel exemple).

Pas du même monde


H16, notre auteur du 10ème Homme, exprimait le problème en ces termes :

Ayant, depuis plusieurs décennies, abandonné toute velléité de venir réellement du pays profond, la petite caste des élites françaises ne se comporte absolument plus comme un groupe au service des gens qui les ont élus, mais comme une caste d’occupation dont le but est d’accroître d’abord ses propres privilèges et ses propres passe-droits, d’augmenter sans cesse ses richesses et dont l’administration est le bras armé, collectant les productions à leur profit premier.

Et ce sera d’autant plus facile que les lois sont faites pour les autres, ce peuple qui paye et qui – magie d’une inculture crasse entretenue par une instruction misérable – en redemande goulûment.

Ne vous y trompez pas les « dérapages » et les « abus » des fonctionnaires et des élus ne sont pas des erreurs, des oublis de la règle ou une simple entorse aux lois en vigueur. C’est une nouvelle démonstration que ceux qui nous gouvernent sont du même pays mais absolument pas du même monde.

C’est pour cette raison que nous avons créé une publication indépendante où seule la présentation des faits compte.

Avec nos auteurs du 10ème Homme, nous fournissons à nos lecteurs une analyse percutante et ne dépendant d’aucun financement extérieur !
EN SAVOIR PLUS


Frédéric Duval
Le Vaillant Petit Economiste




Sources :

[1] https://www.lagazettedescommunes.com/567522/la-noblesse-detat-fait-la-loi-vincent-jauvert-auteur-de-les-intouchables-detat/

[2] https://www.contribuables.org/2018/03/les-primes-illegales-des-hauts-fonctionnaires-de-bercy/

[3] http://www.le-politiste.com/les-elites-politiques/

[4] https://wp.unil.ch/bases/2013/07/theorie-des-choix-publics/

[5] https://www.youtube.com/watch?v=qmXzGI0XP7M

[6] https://lexpansion.lexpress.fr/actualite-economique/la-cour-des-comptes-epingle-encore-les-salaires-pratiques-a-bercy_1970764.html

[7] https://www.francetvinfo.fr/societe/video-hauts-fonctionnaires-le-tresor-de-bercy_3180031.html



Chère lectrice, cher lecteur, 

Ne riez pas au titre de cette lettre et lisez-là jusqu’au bout, c’est du sérieux

Elle commence assez loin de notre préoccupation, dans un petit pays, riche et montagneux. 

C’est bien connu : les petits pays riches montagneux sont pleins de retraités et milliardaires qui sont venus y planquer tout leur argent. 

Ils sont assis sur des ressources naturelles qu’ils exploitent égoïstement. 

Ils font du dumping fiscal pour attirer les sièges d’entreprises qui exportent en retour vers leur pays d’origine qu’elles ont trahi pour quelques billets après avoir profité du système : aides, santé, éducation, main d’œuvre… 

Et c’est très méchant

Tous ces phénomènes sont réels. Et surtout microscopiques au regard des enjeux

La Suisse n’a pas vraiment d’autres ressources naturelles que de l’eau, du bois et du lait de vache. 

Quant au dumping fiscal, les grandes multinationales qui en profitent le plus sont… suisses : Nestlé, Roche, Novartis, Rolex. 

Et si les impôts sont bien moins élevés en Suisse, c’est tout simplement parce que les pouvoirs publics ne prélèvent que 30% du PIB contre 57% en France

Pourtant les Suisses sont riches.

Et il y a plusieurs raisons à cela.

La première c’est qu’ils travaillent beaucoup plus que les français.

Mais quand je dis beaucoup, c’est ÉNORMÉMENT plus.

Un Suisse travaille littéralement 2 fois plus qu’un Français. 

2,03 fois pour être précis même si une telle précision n’a pas beaucoup de sens. 

Et il y a une raison majeure : la part de la population employée en Suisse est de 62% contre 37% en France

C’est-à-dire qu’il y a 6 personnes qui travaillent en Suisse pour en faire vivre 10 alors qu’en France ce sont 4 personnes qui doivent trimer pour en faire vivre 10. 

Ce serait une grosse lapalissade si nous n’avions le cerveau à ce point pourri par trois décennies perdues de « bataille pour l’emploi », conservation des « acquis sociaux » et réductions du temps de travail. 

Ajoutez à cela 42h de travail hebdomadaire contre 35, quatre semaines de congés contre cinq et vous arrivez à un nombre d’heures travaillées par habitant deux fois plus élevé en Suisse qu’en France. 

Vous allez me dire que nous avons 2,7 millions de chômeurs…  C’est effectivement le principal problème !

Comment donc voulez-vous que nous trouvions 13 millions de nouveaux emplois en France ?? 

Eh bien c’est très simple : 

Il s’agit de ne pas les chercher. 

Et je ne suis pas du tout en train de me payer votre tête. 

Il faut laisser les entrepreneurs entreprendre et inventer les richesses de demain. Des vrais richesses… pas des richesses crées grâce à de la dette, des subventions et des privilèges légaux comme on en a l’habitude dans notre pays.

En gros, il s’agit de ne plus laisser commander l’économie par la politique.

Aujourd’hui, nous croyons que celui qui va « créer de l’emploi » est un homme politique en cravate qui passe son temps dans des meetings politiques et des réunions de communication.

Ce dernier, avec son appareil bureaucratique, contrôle aujourd’hui plus de 58% du PIB. La France est juste derrière le Danemark dans le record du prélèvement de l’Etat sur les travailleurs.

Vous me direz : « Mais le Danemark est un bon exemple de pays qui réussit ! »

Oui et la France devrait même s’en inspirer ! Car contrairement à ce pays nordique, la France cumule un autre problème : une bureaucratie avec des pouvoirs absolutistes et une législation envahissante.

Le Danemark a fait énormément de réformes durant les années 90 et n’a jamais mis en place de salaire minimum.

Il est également très facile pour un employeur d’engager ou de licencier du personnel. Les contrats de travail sont simples et flexibles.

Pas de salaire minimum, pas de 35 heures, pas de protection, pas de règles contraignantes de licenciement … et pourtant l’un des pays les plus « social » au monde ! 

Avez-vous remarqué que les politiciens danois, suisses ou islandais se rendent au travail à vélo ou dans les transports publics ?

Les citoyens ne savent parfois même pas qui ils sont !



Ces pays n’ont pas l’impression d’élire des « dirigeants » qui vont contrôler leur vie et régler leurs problèmes : ils élisent des gens de confiance pour gérer certains services communs.

Nous élisons des princes, ils élisent des gestionnaires.

La mentalité est très différente jusque dans les moindres dépenses de l’Etat. L’écologiste Eva Joly en a d’ailleurs fait les frais !

Cette native de Norvège, après avoir passé des décennies dans l’appareil politique français, a été incapable de réintégrer la mentalité norvégienne (alors qu’elle a quitté ce pays à 18 ans !).

De retour dans son pays natal, elle cumule les scandales en n’y comprenant rien de ce qui lui arrive.

C’est simple, en France les politiciens et les fonctionnaires croient qu’ils sont sur un piédestal et sont coupés des nécessités financières et cette mentalité est présente dans tout l’appareil d’Etat.

Népotisme, dépenses outrancières, cadeaux acceptés, omission dans la déclaration d’impôt… tous ces scandales qui sont des habitudes dans notre république sont exposés, dénoncés et réparés en quelques mois en Norvège.

Le pire… c’est que nos hommes d’Etat trouvent cela parfaitement normal !

Pour eux, toutes ces dépenses sont pour le « Bien Commun » car ils en sont l’incarnation. Ils voient chacune de leurs décisions comme les actes du peuple lui-même et non comme des actes sur lequel le peuple pourrait les juger !

Alors aujourd’hui la France aurait besoin d’une chose assez simple :qu’on laisse le peuple français respirer ! 

Redonnons à chacun le pouvoir de contrôler sa propre vie, d’entreprendre sans devoir porter des boulets aux pieds et la dignité de ne pas avoir à s’agenouiller devant le pouvoir pour obtenir un revenu.

Que chacun regarde autour de lui ce qui ne va pas et essaie de faire, à sa mesure, du mieux qu’il peut, et améliore les choses sans mettre des bâtons dans les roues des autres.


Vu comme ça, je peux vous garantir qu’il y a du travail pour 13 millions de personnes car il y a une quantité de choses à régler dans notre société ! 

Le problème ce n’est pas le travail c’est l’organisation : il faut laisser les gens faire dans la dignité.

C’est ce que les Suisses ou les Danois ont bien compris. 

Ils laissent faire : le marché du travail est très flexible. À part dans quelques domaines bien précis, l’économie intérieure de ces pays est libre.

Regardez cette image qui est un extrait du classement des pays les plus libres économiquement en 2018.





Ne cherchez pas la France… elle est à la 71ème place contre la 4èmeet la 12ème place pour la Suisse et le Danemark. La France avoisine les scores du Montenegro et du Guatemala.

C’est peu reluisant.

Mais ce n’est pas tout, les Suisses ou les Danois garantissent la dignité de chacun en donnant un filet de sécurité plutôt qu’un arrosoir de subventions. 

En faisant ainsi, vous vous retrouvez avec des employés de supermarché suisses qui vivent deux fois mieux qu’en France.

Et c’est vrai pour toute l’économie : la Suisse est le pays de l’OCDE qui la plus faible écart de salaires. Et ce ne sont pas les patrons qui sont moins payés, ce sont les employés qui le sont mieux… Et sans salaire minimum !  

Ce n’est pas une idéologie mais un constat.

La France à l’envers

Il se trouve qu’en France nous faisons tout le contraire. 

Nous continuons à restreindre la liberté des citoyens en espérant pouvoir contrôler la création d’emploi.

Nous surprotégeons les emplois, nous rigidifions à outrance le marché du travail et nous croyons, à chaque élection, qu’un politicien règlera nos problèmes. 

Vous voulez « inverser la courbe du chômage » ?

Voilà ce qu’il faut faire en deux phrases : 

  • Laisser les gens entreprendre et échanger sans restriction.
  • Réduire notre dépendance au politique.
Malheureusement, en France, pour une raison que j’ignore, nous voulons sans cesse que quelqu’un s’occupe de nous et résolve nos problèmes.

Ensuite, nous nous plaignons de son manque d’efficacité.

À nous de faire émerger, chacun à notre mesure, les solutions et les hommes pour les porter. À nous de nous engager que ce soit en politique ou ailleurs. 

Le titre de cette lettre est un pied de nez mais ce n’est pas une farce. 

J’aurais pu mettre chacun de vos noms à la place de Frédéric Duval : c’est vous et moi qui inverserons la courbe du chômage. 

Je suis certain qu’H16 aurait des choses très intéressantes à dire sur cette lettre.

Il parle souvent du chômage dans Le 10ème Hommeson mensuel irrévérencieux.

Ce sont plus de 4500 lecteurs (février 2019) qui le reçoivent déjà etje vous invite à les rejoindre pour obtenir votre dose de réalité, chaque mois.





Source : 

[1] Cette anecdote est tirée de « L’économie du diable » d’Alfred Sauvy, 1976 

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