Cette liste n’est même pas accessible aux ministres
M. Jean Arthuis, ancien ministre de l’Économie et des Finances, dit n’avoir eu accès à cette information qu’après plus d’une
dizaine de demandes … et 6 mois d’attente. [2]
Et, tenez-vous bien, il l’a reçue sur
un papier chimique non-photocopiable.
Lorsqu’on voit qu’un salaire de plus de 200 000 € par an est
monnaie courante, on comprend cette discrétion.
Alors posons la question sérieusement.
Est-ce que le siège du pouvoir ne se situe pas plutôt …
dans les bureaux des indétrônables « servants de l’Etat » ?
L’État profond
Le terme est apparu dans les années 1990 pour désigner une élite de fonctionnaires et de dirigeants de la sphère économiques non élus qui, de par leurs positions stratégiques, tiendraient véritablement les rênes du pouvoir.
Les politiciens changent au fil des élections, mais l’État profond reste et impose son agenda auprès des nouveaux élus.
Lors de sa campagne, Donald Trump a beaucoup communiqué sur la nécessité de « drainer le marécage » (
Drain the swamp) de Washington et de lutter contre cet « État profond » qui ne défendrait pas vraiment les américains.
Préférant s’épancher sur les outrances du magnat de l’immobilier, nos médias ont peu parlé de cet argument important.
En fait, il a touché au cœur un peuple américain qui se sent dépossédé de sa souveraineté.
Beaucoup pensent que cette promesse de campagne fut une flèche fatale tirée sur le clan Clinton.
Bien-sûr, l’État profond comporte sa part de mythe et peut vite dégénérer en théorie complotiste fourre-tout.
Cette idée n’en reste pas moins très utile pour identifier les noyaux de pouvoir informels qui s’agglutinent autour des gouvernement élus.
Car ceux-ci, sont loin d’être mythiques. C’est un phénomène largement documenté. [3]
Les indétrônables
En analyse des politiques publiques, la puissance de la bureaucratie est reconnue.
Les chercheurs ont même développé une théorie appelée « École des Choix Publics » qui permet notamment de comprendre les mécanismes de décision de la bureaucratie
. [4]
Pour faire court, ces chercheurs ont découvert
que les fonctionnaires agissent également en fonction de leurs propres intérêts et qu’ils ont une grande influence sur l’application des décisions politiques.
Yes Minister, une série anglaise des années 80, que je conseille vivement, retranscrit délicieusement ce phénomène.
Dans un des épisodes, le Ministre tente vainement d’appliquer son programme face à son «
secrétaire permanent aux affaires administratives » qui touche notamment un meilleur salaire que lui. [5]
Le ministre découvre en arrivant dans son bureau, que la machine de l’État est bien plus écrasante que la solidité de ses promesses électorales.
Toute la série décrit une situation ironique :
le secrétaire général se révèle être le véritable patron du ministère !
Un noyau de pouvoir non officiel
Vincent Jauvert, le journaliste de l’Obs, a été bien plus loin que révéler cette seule liste de salaires.
Il a montré qu’une bonne part était en fait constituée de primes difficiles à expliquer.
On va encore dire que j’exagère…
Sauf que la Cour des Comptes a avoué elle-même qu’il s’agit de
« dispositifs de rémunération sans base juridique ». [6]
De son côté, France 2 a diffusé récemment un reportage pour le moins édifiant sur le même sujet. [7]
Ce que l’on y découvre, c’est que ces élites privilégiées proviennent toutes de la même école : l’ENA.
Et lorsqu’ils ne sont pas en train de courir après l’électorat ou insérés dans les rouages de la machine administrative, ils servent de grands groupes privés (la carrière de notre Président en est un bel exemple).
Pas du même monde
H16, notre auteur du
10ème Homme, exprimait le problème en ces termes :
Ayant, depuis plusieurs décennies, abandonné toute velléité de venir réellement du pays profond, la petite caste des élites françaises ne se comporte absolument plus comme un groupe au service des gens qui les ont élus, mais comme une caste d’occupation dont le but est d’accroître d’abord ses propres privilèges et ses propres passe-droits, d’augmenter sans cesse ses richesses et dont l’administration est le bras armé, collectant les productions à leur profit premier.
Et ce sera d’autant plus facile que les lois sont faites pour les autres, ce peuple qui paye et qui – magie d’une inculture crasse entretenue par une instruction misérable – en redemande goulûment.
Ne vous y trompez pas les « dérapages » et les « abus » des fonctionnaires et des élus ne sont pas des erreurs, des oublis de la règle ou une simple entorse aux lois en vigueur. C’est une nouvelle démonstration que ceux qui nous gouvernent sont du même pays mais absolument pas du même monde.
C’est pour cette raison que nous avons créé une publication indépendante où seule la présentation des faits compte.
Avec nos auteurs du 10ème Homme, nous fournissons à nos lecteurs une analyse percutante et ne dépendant d’aucun financement extérieur !
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