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Affaire Benalla: Le Drian dit avoir découvert son voyage au Tchad en lisant la presse
AUDITIONS Le chef de la diplomatie française a concédé que l’ambassadeur de France à N’djamena avait été informé de ce déplacement de l’ex-collaborateur de l’Elysée, mais n’avait pas jugé utile d’en informer sa hiérarchie…
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Il aurait découvert le voyage en lisant Le Monde. Le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a déclaré mercredi que l’ambassadeur de France au Tchad était au courant du déplacement de l’ex-collaborateur de l’Elysée Alexandre Benalla dans ce pays mais n’avait pas jugé utile d’en informer sa hiérarchie et que lui-même n’en avait donc pris connaissance que le 24 décembre.
« J’ai appris le déplacement de M. Benalla des 5 et 6 décembre au Tchad le 24 décembre », par la presse, a-t-il dit devant la commission du Sénat enquêtant sur l’affaire Alexandre Benalla. Le chef de la diplomatie française a alors saisi le procureur de la République pour utilisation illicite de passeports diplomatiques par l’ancien conseiller de l’Elysée.
Selon le journal Le Monde du 24 décembre, Alexandre Benalla s’est rendu à N’djamena accompagné « d’une demi-douzaine de personnes, par avion privé », soit trois semaines avant une visite d’Emmanuel Macron dans ce pays. La Lettre du continent avait évoqué ce déplacement dès le 12 décembre.
« Sur La Lettre du Continent, je n’ai pas considéré que cet entrefilet était suffisamment significatif pour moi pour engager une procédure article 40 » de saisie du procureur, a-t-il dit. « J’ai considéré par contre que l’article extrêmement argumenté, très précis du 24 décembre m’obligeait d’agir », a-t-il ajouté.
« Un avion privé de qualité qui se pose à N’djamena ne passe jamais inaperçu »
Alexandre Benalla a expliqué qu’il s’agissait d’un voyage d’affaires, portant sur des projets d’investissements au Tchad de « grands patrons du Moyen-Orient ». Il a alors rencontré pendant deux heures le président tchadien, Idriss Déby.
Le chef de la diplomatie française a concédé que l’ambassadeur de France à N’djamena avait été informé de ce déplacement. « J’ai interrogé le 26 décembre notre ambassadeur sur ce sujet. Il m’a fait savoir qu’il était informé de ce déplacement et qu’il n’avait pas considéré qu’il fallait en faire rapport », a relaté le ministre. « Je considère qu’il y a eu un manque d’appréciation de notre ambassadeur, il s’en est expliqué depuis et il a reconnu son erreur, voilà », a-t-il ajouté sans plus s’attarder.
Jean-Yves Le Drian a relevé être un « habitué du Tchad » où il s’est rendu à de multiples reprises en tant que ministre de la Défense puis des Affaires étrangères. « Quand on connaît l’aéroport de N’djamena, on imagine bien qu’un avion privé de qualité qui se pose à N’djamena ne passe jamais inaperçu », a-t-il noté, laissant entendre que l’ambassadeur avait été informé de la visite à partir d’une observation « visuelle » à l’aéroport.
« Je ne connais pas d’intermédiaire et je souhaite ne pas en connaître »
Le directeur de cabinet d’Emmanuel Macron, Patrick Strzoda, avait révélé juste avant devant la commission que l’ex-collaborateur de l’Elysée avait utilisé « presque une vingtaine de fois » ses passeports diplomatiques après son licenciement fin juillet.
Jean-Yves Le Drian a précisé qu’Alexandre Benalla avait utilisé son passeport diplomatique au moins pour entrer au Tchad et en Israël. « J’ai eu de la part du Tchad mais aussi des autorités israéliennes la confirmation que c’est bien le passeport diplomatique qui a été utilisé », a-t-il dit.
Le chef de la diplomatie française a réfuté par ailleurs qu’Alexandre Benalla ait pu servir d’intermédiaire dans une diplomatie parallèle. « Je ne connais pas d’intermédiaire et je souhaite ne pas en connaître », a-t-il dit. « J’ai fait savoir, à la demande du président de la République, à l’ensemble de nos postes que personne ne pouvait se prétendre intermédiaire de quiconque », a-t-il ajouté.
Il a précisé par ailleurs que les deux passeports diplomatiques d’Alexandre Benalla avaient été invalidés le 28 décembre seulement, soit près de deux mois après une demande du Quai d’Orsay à l’Intérieur (le 8 novembre) en ce sens, en raison d’une « incompatibilité » entre les systèmes informatiques des deux ministères.
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