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Invalides : comment la police a empêché la minute de silence contre les violences policières de se tenir
dimanche 20 janvier
Nous nous sommes rendus, comme cela était prévu dans l’itinéraire déclaré, à l’esplanade des Invalides, afin de consacrer une minute de silence en mémoires des victimes des violences policières depuis le début du mouvement. Mais cela n'a pas été possible.
Nous sommes samedi 19 janvier 2019. Comme tous les samedis nous nous sommes rendus à Paris avec des amis afin de manifester dans le cadre d’un rassemblement gilets jaunes qui était déclaré. Nous avons rejoint le cortège vers 15h rue de Rennes, pas loin de la Gare Montparnasse. Tout s’est bien déroulé pendant la manifestation. Nous avons vu des manifestants dont les gilets portaient leurs revendications, d’autres brandissaient des drapeaux ou des banderoles. Tout cela était jalonné de slogans à l’endroit de la politique d’austérité menée par le gouvernement.
Nous nous sommes rendus, comme cela était prévu dans l’itinéraire déclaré, à l’esplanade des Invalides, encadrés par des véhicules de police afin de consacrer une minute de silence en mémoires des victimes des violences policières depuis le début du mouvement. À ce moment-là, nous avons découvert un « comité d’accueil » de plusieurs escadrons de police nationale et de CRS qui encerclaient la zone. Un street-médic nous a indiqué qu’un agent de police lui avait dit : « vous avez 20 minutes pour faire votre truc, après on sera sans pitié ! » Certains avaient imprimé les photos des blessés, sans doute dans l’idée de faire la minute en brandissant les photos, mais on n’a pas pu car ils ont menacé de nous dézinguer. Une partie des manifestants a pris le métro avant que l’entrée ne soit fermée, et nous on est restés sur place.
Nous avons tenté de rebrousser chemin sur le boulevard de Grenelle, mais là aussi nous étions pris au piège par des policiers devant et des gendarmes mobiles sur le côté. Les manifestants se sont impatientés, et au lieu de les laisser passer, les policiers ont répondu par l’utilisation du canon à eau et de grenades de désencerclement, puis ont fini par charger alors que les manifestants étaient statiques. Ils ont battu un homme qu’ils ont traîné à terre, puis nous avons vu un nuage de gaz lacrymogène. A croire que c’était pour couvrir l’action de matraquage qui avait commencé sous les yeux des manifestants médusés. Un autre homme a été blessé par un tir de LBD sur le coin de la tête. Il a saigné abondamment.
Quand nous étions bloqués aux Invalides, j’essayais de me mettre à l’abri quand j’ai vu un jeune homme d’une trentaine d’années. Je vois qu’il porte une attelle et qu’il attend. Je lui dit : « tu es manifestant ? ». Il me répond oui. Alors je lui demande s’il est venu seul. Ce à quoi il me dit qu’il est venu accompagné d’une pote et de son beau-frère. Je lui demande s’il a été blessé pendant une manifestation. Et là il me dit qu’il a été blessé le 1er décembre à la place de l’Etoile. Il a été touché par un tir de LBD 40, puis des agents de la bac l’ont roué de coups à terre. Ensuite, ils se sont précipité sur un autre homme, et c’est comme cela que les pompiers ont pu lui porter secours !
Finalement, nous avons pu repartir par Matignon. La rue était barrée par des gendarmes qui sont restés statistiques, et nous ont laissé passer sans histoire. Heureusement que les street-médics qui nous accompagnent chaque samedi effectuent un travail remarquable et ne rechignent pas à la tâche difficile et importante à laquelle ils font face chaque samedi.
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