On ne se bouscule pas dans les isoloirs, ce dimanche 28 janvier à Pontoise. Dans la salle polyvalente du groupe scolaire des Cordeliers, le bureau 6 détient à midi un record sans prestige. Une centaine de votants sur plus de 700 inscrits, un des meilleurs chiffres de la ville pour cette élection législative partielle. " C'est pas glorieux ", concède un assesseur.
Dans la 1re circonscription du Val-d'Oise, le scrutin de juin 2017 a été annulé par le Conseil constitutionnel. La gagnante, la candidate de La République en marche (LRM) Isabelle Muller-Quoy, avait choisi un suppléant inéligible. L'ex-députée s'est à nouveau qualifiée pour le second tour, dimanche soir, avec 29,28 % des voix. Dimanche 4 février, elle affrontera, comme en juin 2017, le candidat Les Républicains (LR) Antoine Savignat (23,67 %).
Cette élection partielle, dans une circonscription traditionnellement ancrée à droite, était particulièrement attendue par LRM. Les cadres de la majorité se sont d'ailleurs succédé pour soutenir la campagne de Mme Muller-Quoy, première députée macroniste à briguer sa réélection. Après la visite de Christophe Castaner, patron du parti, et d'Agnès Buzyn, ministre de la santé, Edouard Philippe doit faire le déplacement dans l'entre-deux-tours. Difficile de tirer des leçons des résultats de dimanche soir tant la participation a été faible (20,33 %), mais la candidate LRM a perdu 6,7 points tandis que LR en gagne presque 6. L'écart de voix, beaucoup plus faible qu'en juin, augure d'un second tour très ouvert.
" Marre des vieux croûtons "L'état des lieux du macronisme se ressent davantage dans les propos des citoyens qui se sont déplacés.
" Je suis plutôt à droite mais je ne regrette absolument pas mon choix pour Macron ", raconte ainsi, à la sortie du bureau 6, Hélène, 66 ans, un œil sur ses petits-fils à vélo dans la cour de l'école. Elle énumère le
" dynamisme, la rapidité d'exécution, l'impact à l'étranger " de la nouvelle présidence.
Personne n'est capable de citer les noms de députés, en dehors de ceux de Richard Ferrand, ou des ministres Benjamin Griveaux et Christophe Castaner, les personnalités les plus médiatiques de ce début de quinquennat. Ce qui revient, c'est la
" jeunesse " du président et sa capacité à faire
" bouger le pays ".
" On en avait marre de tous ces vieux croûtons ", s'amuse Michèle, 70 ans, qui n'avait pourtant pas choisi Emmanuel Macron ni ses députés en 2017. Les premiers mois du macronisme ont convaincu cette femme qui penche à droite.
" Il est ferme dans ses décisions, on l'a vu sur - le projet d'aéroport de -
Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique)
", poursuit-elle après avoir glissé un bulletin LRM dans l'urne.
Les électeurs du bureau 6 confirment la tendance avancée par les sondages : le chef de l'Etat s'ancre chez les sympathisants de droite, même si tous n'ont pas voté LRM.
" J'admets qu'ils font du bon boulot ", confie Lionel en sortant du bureau de vote avec sa femme, Isaline. Tous deux ont choisi le candidat LR mais ne tarissent pas d'éloge sur Emmanuel Macron.
" Il a commencé par les réformes économiques et sociales quand la gauche a commencé par le mariage pour tous. Ils ont le sens des propriétés ",continue Lionel. Laurent Wauquiez, le nouveau leader de la droite, est, selon lui,
" à contre-courant, seul, une défaite annoncée ".
En apparence, pas de doutes non plus chez ce couple de septuagénaires réfugiés sous un parapluie vert bouteille. Elle est plutôt de gauche, lui plutôt centriste. Tous deux ont soutenu Macron dès le premier tour de la présidentielle.
" On est plutôt d'accord avec ce qu'il fait et nous apprécions la rapidité de la mise en œuvre ", relate l'homme. Une opinion ternie par d'autres aspects de ce début de quinquennat.
" On est interrogatif sur les mesures vis-à-vis des réfugiés, euphémise-t-il.
On connaît des Africains concernés et c'est de plus en plus difficile pour eux ", parvient-il à expliquer avant de s'échapper avec son épouse.
Accueil des migrantsL'immigration et les récits des violences policières contre les migrants a aussi fait basculer Alix, orthophoniste de 57 ans, qui a voté Macron sans conviction en 2017.
" Il va vers un durcissement de la politique d'accueil des migrants en surfant sur des idées populistes, c'est très grave pour les droits de l'homme ", s'inquiète cette
" centriste qui a souvent voté à gauche " et vient de revoter pour le PS (6,88 % des voix).
A quelques semaines de la présentation du projet de loi asile-immigration, cette question pourrait s'inviter dans le résultat du second tour dimanche prochain.
" Il va falloir mobiliser l'électorat, notamment à gauche ", a ainsi déclaré Isabelle Muller-Quoy après les résultats du premier tour. Comme si la candidate était consciente que le soutien à Emmanuel Macron est en ce moment plus friable à gauche qu'à droite.
Manon Rescan
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