Brigadier-chef dans un commissariat marseillais, Claude D., 50 ans, n'était pas en service lorsqu'il a prêté main-forte au portier de la boîte de nuit Au son des guitares, samedi 27 janvier à l'aube, dans le quartier de l'Opéra. Celui-ci avait maille à partir avec un client excité et menaçant auquel il refusait l'entrée. Un échange de coups de feu s'est ensuivi, au cours duquel le policier a mortellement atteint le jeune homme de 27 ans. Il a été mis en examen pour homicide volontaire.
Le parquet de Marseille a rapidement évoqué un état de légitime défense. Dix-neuf tirs ont été échangés, à proportion semble-t-il égale, mais, rapporte Me Gérald Pandelon, défenseur du policier,
" l'homme a dirigé son arme sur M. D. lorsqu'il a décliné ses fonctions et indiqué qu'il allait appeler un équipage de police. Il a tiré sur mon client sans l'atteindre et celui-ci a riposté ". Comme l'a requis le parquet, le policier a été placé sous contrôle judiciaire avec interdiction de porter une arme et
de pénétrer dans le 1er arrondissement, où se sont déroulés les faits. Il n'était pas alcoolisé. La victime, elle, était connue pour stupéfiants et vols.
L'inspection générale de la police nationale (IGPN) a été chargée d'une enquête pour infraction à la législation sur les armes et travail dissimulé. Sur autorisation de leur hiérarchie et s'ils répondent aux critères de formation au tir, les policiers peuvent porter leur arme de dotation en permanence, mais, cette nuit-là, Claude D. était en possession d'une autre arme que celle de service. Il a fait usage d'un Glock, une arme de tir sportif pour laquelle il bénéficie d'une autorisation préfectorale – mais uniquement pour son transport de son domicile au stand de tir. La police des polices vérifiera également des soupçons de " tricoche " (travail au noir, en argot policier) : le policier n'assurait-il pas la sécurité de cet établissement de nuit très couru et exploité par les proches de Jacques Cassandri, 74 ans, présenté comme une figure du banditisme corso-marseillais ?
Décrit comme
" fort en gueule ", Claude D., en poste à Marseille depuis vingt-deux ans, avait déjà fait parler de lui. Le directeur départemental de la sécurité publique l'avait déchargé, en 2013, de ses fonctions de chef de groupe de la brigade anticriminalité (BAC) centre pour l'affecter à la garde des détenus au palais de justice. Une décision justifiée par
" son caractère impétueux et violent ". Entre les deux hommes, les choses s'étaient envenimées au point que le brigadier-chef avait, en novembre 2015, assigné le numéro un de la police dans les Bouches-du-Rhône devant le tribunal de police pour injures non publiques. Après sa relaxe, le directeur départemental avait obtenu la condamnation de Claude D. à une amende de 3 000 euros, dont 2 000 euros avec sursis, pour dénonciation calomnieuse. L'affaire doit être jugée en appel.
Une précédente enquête de l'IGPN, ouverte en 2013 sur des rumeurs d'extorsion, avait été classée sans suite. En octobre 2015, Claude D. avait été suspendu pour une durée de deux semaines, dont une avec sursis. Cette sanction disciplinaire faisait suite à des insultes proférées à son supérieur et à des propos diffusés sur sa page Facebook où il évoquait
" les eunuques mis en place à la tête de la BAC de Marseille "et autres propos fleuris contre ses collègues. Il a assuré que son compte avait été piraté. Le quotidien
La Marseillaise a publié, lundi 29 janvier, des captures d'écran du compte Facebook de Claude D. où il pose avec Marine Le Pen et Marion Maréchal-Le Pen.
" C'est sa sphère privée, a commenté Me Pandelon.
Nous sommes en dehors de l'exercice de ses fonctions. "
Luc Leroux (Marseille, correspondant)
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