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dimanche 17 juillet 2016

Les Crises.fr : Le coup d’État en Turquie a bien réussi, par Djordje Kuzmanovic

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                         Les Crises - Des images pour comprendre

18
Juil
2016

Le coup d’État en Turquie a bien réussi, par Djordje Kuzmanovic

Quelques analyses sur la Turquie à contre-courant – à prendre bien sûr avec prudence et recul.
Fethulla Gulen : « There is a possibility that it could be a staged coup [by r Erdogan’s AKP] and it could be meant for further accusations” against Gulenists and the military.
(ce n’est qu’une opinion de l’opposant à Erdogan, ancien allié)
Il s’agit simplement de s’ouvrir des perspectives possibles, et non pas de tomber dans une propagande qui remplace une autre propagande mainstream – soyons prudents, et n’oublions qu’en général les choses sont très compliquées…
Il ne faut pas avoir le réflexe de voir des conspiration partout, mais ne pas être trop naïf non plus – surtout quand on  affaire à un type comme Erdogan, face au coup d’État le plus ridicule des 20 dernières années (il y avait même des soldats bloquant les rues qui n’étaient pas au courant, vu qu’on leur avait dit qu’il s’agissait de mener une opération antiterroriste)…

P.S. ENTRAIDE : je cherche des personnes parlant turc, arabe ou afghan – merci de me contacter...

Le coup d’État en Turquie a bien réussi, par Djordje Kuzmanovic

Source : Mediapart, Djordje Kuzmanovic, 16-07-2016
Comme on l’annonce partout, hier la Turquie a vécu un coup d’Etat. Comme on l’annonce; le coup d’Etat a avorté et l’ordre constitutionnel est revenu. La réalité est peut-être toute autre et Erdogan avance dans son projet de modification constitutionnelle en sa faveur.
Après observation des événements survenus en Turquie hier soir 15 juillet et les avoir recoupés avec des informations glanées ici et là je vous soumets quelques éléments d’analyse à chaud et une conclusion qui en découle :
  • Le coup d’Etat a été très court – factuellement moins de 6 heures.
  • Durant le coup d’Etat, aucun responsable politique du régime d’Erdogan ni aucun chef de la police n’a été arrêté par les putschistes. Seul a été arrêté le commandant en chef de l’armée.
  • Un seul coup (missile lancé d’un avion) a été tiré sur le lieu supposé où se serait trouvé Erdogan.
  • Les chars n’étaient pas appuyé par une infanterie conséquente et de facto ne représentent presque aucune menace en ville.
  • Les militaires ont peu de pertes (2 morts apparemment de leur côté – 47 du côté des forces spéciales). Ils ont globalement très peu combattu et se sont rendus très vite.
  • La « population » est descendue dans la rue spontanément en pleine nuit pour défendre le régime.
  • Depuis trois jours, les ambassades de France, des Etats-Unis, du Royaume-Uni sont fermées ou au ralenti. Sans que cela ait été justifié.
  • Déjà dans la nuit, la police – fidèle au régime – arrêtait des militaires (près de 3000 pour le moment). 5 généraux d’importance et 29 officiers supérieurs qui comptent ont également été arrêtés.
  • A 15h aujourd’hui, les divers responsables des partis politiques de Turquie passeront les uns à la suite des autres pour dénoncer le coup d’Etat et appuyer Erdogan et la « démocratie ». Toute contestation ou formulation de doute à ce moment sera bien entendu très dangereuse (Erdogan a plusieurs dois été près de lever l’immunité parlementaire des députés, en particulier ceux du HDP).
Bref, pour un coup d’Etat, en particulier de la très sérieuse armée turque, il ni fait ni à faire. Pour le moins, c’est un coup d’Etat mal préparé et frappé d’amateurisme.
La base en ce domaine est de décapiter la tête du régime que l’on veut renverser. En général, avant de sortir les chars et les avions (et de se faire repérer), avec les conjurés les plus fidèles, les putschistes tentent d’arrêter un maximum de ministres, de décideurs, de commandants militaire et de police que l’on sait fidèle au régime.
  • Depuis ce matin, les communiqués de soutien pleuvent du monde entier en appui à Erdogan : « la démocratie est sauvée », préservation de l’ordre constitutionnel », « le chaos est évité dans la région », etc.
Mon analyse à chaud est que tout cela profite à Erdogan :
  1. Il élimine la tête d’une armée traditionnellement kémaliste, qui ne lui est pas acquise et qui a laisser paraître cette année des velléités d’autonomie par rapport au régime en particulier depuis l’affaiblissement d’Erdogan sur la scène internationale.
  2. Il met au pas l’opposition interne dans un contexte de vives tensions intérieurs (sociales, économiques, politiques et même de guerre civile avec les Kurdes).
  3. Il redore son blason au niveau international et s’offre à bon compte une image de défenseur de la démocratie (c’est mieux que celle de dictateur en herbe,  d’associé de Daesh ou d’instigateur d’une guerre civile avec les Kurdes).
En conclusion, pour ma part il s’agit d’un faux coup d’Etat orchestré par Erdogan, l’AKP et les durs du régime.
Cela lui permettra de relancer son projet de modification constitutionnelle telle qu’il le rêve depuis longtemps mais ne parvient pas à réaliser en raison des résultats électoraux du HDP lors des deux scrutins législatifs.
Avoir relancé la guerre civile avec les Kurdes depuis l’attentat de Suruc n’aura pas suffit. Erdogan devrait maintenant pouvoir faire suffisamment pression et trouver le nombre de voix manquantes à son projet tout en continuant sa guerre contre les Kurdes au risque de destabiliser encore un peu plus la région.
En fait, un putsch a bien eu lieu hier en Turquie… et il a réussi.
Source : Mediapart, Djordje Kuzmanovic, 16-07-2016
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Turc, j’ai cru que j’allais me réveiller dans un pays en ruine. Ce qui m’attend est pire

Source : Le Nouvel Obs, Yusuf Bahar, 16-07-2016
LE PLUS. Comme tous les soirs, ce 15 juillet, Yusuf était dans un restaurant de son quartier, à Istanbul, avec ses amis, lorsqu’il a appris qu’il y avait une tentative de coup d’État. Il raconte ce qu’il a vu dans la rue, la peur, et le réveil difficile alors que la vie de la ville suit son cours, “comme si rien ne s’était passé”. Témoignage.
Édité et parrainé par Julia Mourri
Des partisans du régime protestent contre la tentative de coup d'État, le 16 juillet. (Emrah Gurel/AP/SIPA)
Des partisans du régime protestent contre la tentative de coup d’État, le 16 juillet. (Emrah Gurel/AP/SIPA)
Je suis né et j’ai grandi dans la banlieue d’Istanbul, et j’habite maintenant à Tavla, un quartier du centre-ville. La population y est principalement non-musulmane, composée de migrants, d’étudiants, de jeunes adultes célibataires, d’homosexuels et de trans.
Hier soir, j’étais avec des potes dans un restaurant du quartier où nous avons l’habitude de nous retrouver tous les jours après le travail. On a commencé à recevoir des messages de nos proches : les forces armées bloquaient le pont de Bosphore. On s’est dit qu’il devait s’agir d’une mesure de sécurité en prévention d’une nouvelle attaque terroriste.
On a aussi pensé à un putsch – la Turquie en a connu quatre dans son histoire récente – sans l’envisager sérieusement.
Les minarets des mosquées ont appelé les gens à descendre dans la rue
Puis l’intervention du premier ministre Binali Yildirim sur la chaîne NTV – réputée pro-gouvernementale – vient confirmer nos doutes : on vient bien d’assister à une tentative de coup d’État. Avec Recep Tayyip Erdogan et d’autres membres de l’AKP, ils appellent le peuple à tout faire pour enrayer cette tentative, en répétant à plusieurs reprises que les responsables seront lourdement punis.
En parallèle, une partie de l’armée affirme qu’elle a pris le contrôle de la République et retient en otage le chef de l’État-major. Les forces militaires s’emparent du Parlement, de la chaîne nationale CNN Türk, de l’aéroport Ataturk d’Istanbul et du siège de l’État major.
Les partisans de l’AKP commencent à sortir de chez eux et les minarets des mosquées appellent les gens à descendre dans la rue au nom de la “démocratie”. Depuis les maisons, on entend le Tekbir, le crédo musulman, suivi par l’Allahuekber de la foule.
Les partisans du régime tirent dans la rue
Tout s’enchaîne rapidement. Devant les supermarchés et les épiceries, des files d’attente se forment. Les gens achètent de l’eau, du pain. Tout le monde s’attend à ce qu’un couvre-feu officiel soit annoncé. Cela n’arrivera pas.
Des voitures de police bloquent l’une des artères principales qui mène au siège de l’État-major, à Harbiye. Un grand nombre de policiers sont armés de mitrailleuses lourdes et barrent la route.
À la télévision, on assiste en direct aux frappes des soldats sur le Parlement turc. On peut voir les journalistes sur place aller se mettre à l’abri.
Puis les coups de feu commencent. Viennent-ils de Harbiye ? Non, en fait, ils viennent de partout. Les partisans du régime tirent dans la rue.
Toute la nuit, jusqu’à six heures du matin, nos maisons tremblent sous le bruit des explosions, des tirs, des avions de chasse qui rasent la ville. Leur bruit est indescriptible, incessant, toujours plus fort. Je frissonne et perds l’équilibre. À plusieurs reprises, je me jette à terre en pensant qu’une bombe vient de toucher ma maison.
Ceux qui nous terrorisent sont des “héros”
Après trois heures de sommeil, je suis terrifié à l’idée de me réveiller dans un pays en ruine. Pourtant, la vie suit son cours, comme si rien ne s’était passé. Comme après chaque attentat suicide qui fait une dizaine de morts, comme quand les forces de police et l’armée massacrent les Kurdes ou les Alevis.
Que s’est-il passé hier soir ? Beaucoup de journalistes et de commentateurs envisagent la possibilité d’un faux coup d’État, orchestré par Erdogan pour obtenir les pleins pouvoirs. D’autres disent que la menace d’un putsch n’était pas si sérieuse.
Moi, je me fous des hypothèses. Tout ce que je vois, c’est que plus de 200 personnes sont mortes. C’est que ceux que l’AKP a appelé à envahir les rues ont décapité de jeunes soldats, jeté leur tête du pont Bosporus et sauté sur leur corps inerte. Ceux qui, chaque jour, tuent, violent, harcèlent, agressent, terrorisent, ont aujourd’hui le statut de “héros”.
Nous sommes les prochains
Les autorités turques ont annoncé avoir renvoyé 2.745 juges après la tentative de coup d’État. Une dizaine de membres du Conseil d’État sont détenus, 38 autres sont recherchés et 2.800 membres des forces armées turques ont été arrêtés.Le département de Police d’Istanbul a donné l’ordre de “tirer à vue” sur tout soldat en uniforme qui ne se trouverait pas sur son lieu de travail.
Erdogan avance vers le pouvoir absolu. Ses partisans armés ont pris la rue.
Nous sommes les prochains. La prochaine fois que vous entendrez parler de la Turquie, ce sera pour des décapitation de gauchistes, de Kurdes, d’Alévis, d’homosexuels, de femmes ou étudiants… Chacun d’entre nous est menacé.
Propos recueillis par Julia Mourri
Source : Le Nouvel Obs, Yusuf Bahar, 16-07-2016
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La dislocation gagne la Tursuie

Les ravages des politiques suivies depuis la crise de 2008 continuent de se propager. Aujourd’hui, c’est la Turquie. La Turquie est un maillon faible politiquement, géopolitiquement , et surtout financièrement.  La situation financière du pays est une catastrophe en attente d’arriver.
Erdogan s’est inséré dans  un jeu/rêve géopolitique qui le dépasse, mégalomane. Il veut participer au grand remodelage des néocons. Il n’en a pas les moyens , mais il en l’ambition.
Il a été obligé d’évoluer dans  une voie de plus en plus tyrannique,  de moins en moins soucieuse de démocratie et de plus en plus aventureuse. Il a divisé et archi-divisé son pays, laissé se developper la corruption, le non-droit,  à l’abri pense t- il du parapluie de l ‘OTAN et de ses amis allemands.
La tentative de coup d ‘état n’est que la partie visible  de l’iceberg de contradictions qui secoue la Turquie. La Turquie c’est de la dynamite au mileu d’ une région minée.
Tout se tient, le monde était un puzzle complexe et fragile et la voie suivie depuis la crise a tout mélangé, tout rebattu, elle a libéré les forces de dislocation, de balkanisation, d’éclatement dont le renouveau de la guerre froide, le Brexit, les attentats en France,  ou le coup d ‘état  Turc ne sont que des illustrations. Nous vous rappelons que la Turquie est à la fois candidate à l’entrée dans l’Union et une pièce maitresse de l’OTAN, ce qui signifie que l’interconnection est étroite.
La violence, le risque politique sont la conséquence des politiques susivies, elles sont des aboutissements logiques, organiques, pas des produits du hasard. La succession des crises a un sens même si ce sens est occulté par les » dominants » afin d’exonérer leur responsabilité et d’empêcher les prises de conscience des peuples.
Le sens  c’est , la destruction de l’ordre ancien, c’est la re-fragmentation du monde et la folle tentative de certains comme les atlantistes de le réaménager à leur profit. En attendant le « Grand Goulfre », celui de la confrontation avec la Chine.
Nous sortons de plus en plus du monde global de concertation des G8, G20 et autres G30 , ou tout le monde est gagnant pour aller vers le monde de l’imperieum ou seuls les plus forts s’en sortent. .. sur le dos des plus faibles ou des plus divisés. C’est d’ailleurs la même chose, au plan réduit de l’Europe, « the winner takes all ». Le gagnant rafle tout.
Notre clef de lecture est inscrite en exergue de notre site: » il n’est »de vérité que du tout ».
Cela signifie que seule une vision d’ensemble permet d’approcher le sens profond des évènements, leurs liens de cause à effets, leur logique interne de développement. Eux, les « dominants » saucissonnent, ils coupent en tranches pour vous cacher le sens  général, ils vous aveuglent avec les arbres pour que jamais vous ne voyiez la forêt. Ils vous font vivre dans  un monde d’illusions, ils détounent votre attention, ils pointent leurs médias sur vos yeux afin de vous empêcher d’élargir votre persepctive. Les médias sont des obturateurs.
Face au drame, face à ce qui devrait vous faire réflêchir comme l’attentat de Nice; ils vous incitent à des rites, à chanter, à agiter des petits drapeaux et bien sur à l’esentiel à L’UNITE, l’unité derrière eux, cette unité qui a pour fonction de vous souder en tant que troupeau, de faire taire les voix discordantes et de les rejeter dans le marginal et le politiquement non correct. Ce qui frappe c’est l’usage des superlatifs par ces domiants, comme ils ne peuvent rien dire qui touche au vrai, alors ils enflent , ils emphatisent.
Combien  de fois avons nous entendu le fameux « absolument » ces dernières heures? On estabsolument bouleversé, on condamne absolument, on est absolument terrifié,on fera absolument  tout! Tout? vraiment ? Chiche !
Ce sont des menteurs par saucissonnage. Qui hier a évoqué le lien  entre les attentats en France et les bombardements là bas en Syrie, en Irak? Qui a tracé le  fil conducteur avec les attentats qui ont encore fait plus de 400 morts en Irak? Qui ose montrer la filiation entre le chaos illégitime que nous provoquons, le désespoir et la régression et les morts de Nice? Personne !  Ils veulent faire croire que tout vient du ciel, vient de la religion, de la barbarie, de la méchanceté des hommes;  mais non tout vient de la politique irresponsable, inique, illégitime qui est suivie. La religion est un moyen de créer un front , une masse docile et fanatique, ce n’est pas une cause, il suffit de relire les discours premiers de Bin Laden, la religion est une idéologie , une abstraction qui est utilisée à des fins unifiantes  qui sont politiques,  gépolitiques, militaires. On n’a jamais dit mieux que ceci: « la religion est l’opium des peuples » et ici c’est l’opium qui les fait marcher à la violence et à la destruction.
Il n’y a pas de différence entre l’utilisation de l’idéologie fasciste dans  les années 30 pour sortir des contradictions du capitalisme et l’utilisation de l’idéologie Islamiste dans  les trente dernières années. Objectivement , nous sommes dans  la répétition, dans l’isomorphisme. Seule change la subjectivité , c’est à dire l’idée que les gens   s’en font.  Bien sur que les combattants, les kamikazes, les terroristes eux y croient, mais ce ne sont pas eux  qui fixent les tactiques, les stratégies et encore moins les buts. Lesquel sont par  exemple et entre autres de conduire la région au chaos afin  de sécuriser le sanctuaire saoudien et les tyrannies locales et empêchant l’émergence de forces démocratiques/nationales  plus porteuses de progrès.
Qui ose analyser l’incroyable fumisterie des occidentaux qui sont en guerre pour changer des régimes dits autoritaires  mais qui cirent les babouches -et plus si affinité- des tyrans pétroliers et surtout manitenant des  détenteurs du capital et des fonds propres du  monde entier. Les tyrans du Moyen-Orient ce ne sont plus les producteurs pétroliers en tant que tels, , mais les détenteurs du capital du système;  les Anglais en savent quelque chose, eux dont les banques  ne tiennent que par la recyclage de ce capital. Plus c’est gros et plus cela marche! Qui ose dire que le stupide et  prétentieux et arrogant Erdogan s’est pris les doigts dans  un jeu qui le dépasse , qu’il ne comprend pas et qu’il n’est qu’un pion qui sera sacrifié quand ce sera le moment. Est-ce  le moment?
Notre hypothèse de départ est qu’en 2008 le système a buté sur ses limites.
-Il a buté sur ses limites internes symbolisées par le surendettement et
-il a buté sur ses limites externes, une globalisation mal conçue, inégalitaire, déséquilibrée, conflictuelle avec trop de laissés pour compte. La globalisation a buté sur ce que l’on appelle le developpement inégal.
Nous avons jour après jour montré la pourriture des produits financiers, le dysfonctionnement des marchés, la fragilité de l’appareil financier et bancaire, puis nous avons analysé la montée des tensions , l’évolution vers de moins en moins de liberté, de démocratie,  de respect des contrats, puis la montée des antagonismes géopolitiques, le délire des néo-conservateurs américains soucieux de préserver l’ordre impérial ancien, fut-ce au prix de la guerre; nous avons mis à jour la fausseté des théories, la disparition de la vérite comme catégorie et comme référence, et l’irrésistible ascension de la propagande  et du mensonge. Les peuples ont laissé les dominants se fabriquer des ennemis
Nous avons marqué d’une pierre blanche cette marche tragique en pronostiquant : « un jour ou l’autre il faudra qu’il y ait la guerre, on le sait bien… »
La marche est inéluctable, elle est dans  l’ordre des choses car les peuples, trompés , formatés,  eux même marchent vers la guerre et la haine. Les peuples s’habituent à toutes les vilénies servies par les dominants, il n’y a pas réaction de défense, de rejet, non il y a accoutumance et c’est qui nous renforce dans  nos convictions .
On suit la pente, comme dans  les années 30.
Les tentatives de dire « non », sont maladroites, primaires.  Elles s’incarnent dans les courants populistes qui n’ont aucune chance d’accéder au pouvoir dans  le respect des lois et des constitutions, car les dès sont pipés par la collusion historique entre les socio- démocrates dits de gauche et ceux dits de droite. Les antidotes, les anticorps  sont par avance rejettés par les sociétés civiles, abruties, manipulées, névrosées.
Cette semaine est une triste semaine, marquée par le fait que le marché boursier mondial, le phare, le S&P 500 a inscrit un nouveau plus haut historique, ce qui est tout un symbole: le symbole d’un monde géré par et pour une élite financiarisée.
La situation est tellement grave que l’on paie pour accumuler les actifs financiers considérés comme sans risque, que l’on parle de distribuer l’argent par hélicopère, que le Japon se lance dans  sa nième tentative suicidaire de stimulation depuis 25 ans , … Cete semaine est une étape clef dans la phase terminale  des excès qui nous emportent.
Mais vous n’avez encore rien vu. On n’est qu’à mi-chemin. 
Source : Bruno Bertez, 16/07/2016
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Sultan va la cruche à l’eau…

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… qu’à la fin elle ne se brise pas.
Le fidèle lecteur du blog ne sera pas surpris par la tentative de coup d’Etat en Turquie, nous en avions prévu l’éventualité fin mars, avant tout le monde. Ainsi, hier soir, une partie de l’armée s’est soulevée, mais une partie seulement. 265 morts plus tard, le putsch a fait pschitt et le pouvoir d’Erdogan en sort renforcé.
Le coup, teinté d’amateurisme, était désorganisé en diable, peu soutenu, à la fois par la population mais aussi par l’armée elle-même, patiemment noyautée par le sultan durant des années : seules la gendarmerie et une partie de la force aérienne ont pris part au soulèvement. La coordination des différents groupes putschistes laissait franchement à désirer – certains bataillons se rendaient déjà tandis que d’autres, au même moment, bombardaient le palais présidentiel.
C’était perdu d’avance… Ce qui explique peut-être la prise de distance assez rapide, à la fois des partis politiques turcs qui ont tous condamné la tentative (y compris le HDP kurde, némésis d’Erdogan) et des leaders des grandes puissances (même si Kerry a paru un instant hésiter). A ce propos, notons que tous, parfois avec réticence, parfois avec vigueur, ont blâmé le putsch – Israël comme Hamas, Russie comme USA, Arabie Saoudite comme Iran… C’est assez rare pour être souligné. Il n’y a guère qu’à Damas que des tirs de joie ont été entendus.
Des scènes assez insoutenables ont eu lieu par la suite : certains soldats ont été lynchés et, encore plus dérangeant, des partisans islamistes d’Erdogan ont décapité des prisonniers au cri d’Allahu Akbar, fait documenté par Les Crises. Ne vous attendez bien sûr pas à en lire un mot dans la presse grand public. Ah ce délicieux “retour aux institutions démocratiques” chanté à Bruxelles…
Et maintenant, qui est derrière ?
Il semble à peu près exclu que Washington ou Moscou aient quelque chose à voir là-dedans. Aux premières heures, quand on ne connaissait pas encore l’étendue de la conspiration, l’on pouvait peut-être se dire que l’un des deux grands pouvait être derrière – voire les deux ensemble ! (Kerry était à ce moment à Moscou avec Poutine et Lavrov) C’était quand même un peu tiré par les cheveux car le timing posait problème : il y a quelques mois, d’accord, mais maintenant… Après le Brexit, Washington n’a sans doute pas envie de voir une autre composante de l’empire, l’OTAN, battre de l’aile. Quant à Moscou, Erdogan venait de s’excuser platement et semblait même avoir diminué son soutien aux djihadistes “modérés”, ce que paraît confirmer l’actuelle offensive syrienne près de la frontière turque grâce aux intenses bombardements russes. L’amateurisme de la tentative de putsch finit par nous convaincre que ni Russes ni Américains n’y sont pour quelque chose.
La piste interne alors. Sans doute… Erdogan a mené son pays à l’abîme ces dernières années, l’isolant de presque tous ses voisins, important la guerre civile syrienne sur son propre territoire, fermant médias, emprisonnant pour crime de lèse-majesté. Que le coup ait échoué ne change rien : adulé par les uns, il est franchement détesté par l’autre moitié de la population parmi laquelle se trouve ce qui reste d’officiers kémalistes. L’armée, fidèle ou non, est excédée des divers retournements sultanesques, de son aventurisme djihado-syrien, de ses déroutes stratégiques. Quant à la fameuse piste Gulen, du nom de ce religieux soufi devenu la bête noire du sultan, elle reste à prouver.
Mais il y a encore une dernière possibilité : Erdogan lui-même. Car qui, au final, profite du chaos d’hier ? Lui ! La manip est un jeu d’enfants : un général fidèle au sultan assure les rebelles du soutien de l’armée, les laisse débuter l’opération puis retourne sa veste : les putschistes se retrouvent le bec dans l’eau, sans l’appui escompté. Il semble d’ailleurs que les simples soldats n’aient pas très bien comprisdans quoi ils s’engageaient.
Rien de tel en tout cas pour isoler les derniers bastions de l’opposition et purger l’armée de ses poches kémalistes. D’ailleurs, Erdogollum ne l’a-t-il pas déclaré lui-même ? “Ce coup d’Etat est un cadeau de Dieu car il va nous permettre de nettoyer l’armée”, CQFD. La chasse aux sorcières a déjà commencé : 2 745 (!) juges ont été démis de leurs fonctions. Le rapport avec le putsch militaire ? Aucun. Pas grave, les Occidentaux resteront silencieux…
Le sultan surfe sur la vague afin de conforter son pouvoir autocratique et toutes les barrières s’abattent devant lui. Hier encore, il était dans une impasse, avait perdu la face vis-à-vis des Russes, ne savait plusquoi dire ni quoi faire en Syrie. Il est aujourd’hui plébiscité par la rue (la minorité agissante en tout cas) et conforté par les messages de soutien (nominal) de toutes les chancelleries. De quoi faire passer, auprès de l’opinion turque, la pilule amère de la réconciliation avec Israël et de l’abandon plus ou moins prévisible de la rébellion syrienne.
Oui, ce putsch était décidément un cadeau de Dieu…
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Erdogan : “Ce coup d’état est un cadeau que Dieu nous fait, car nous allons pouvoir purger l’armée”

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Toujours dans la catégorie “un autre regard” – mais soyons prudents et circonspects…
Bahar Kimyongür, est un journaliste et polémiste belge issu d’une famille arabe alaouite originaire de Turquie mais aux racines syriennes, de tendance marxiste et opposant à Erdogan.
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