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dimanche 26 juin 2016

ISÈRE - LA NOUVELLE EXPOSITION DU MUSÉE DE LA RÉSISTANCE ET DE LA DÉPORTATION

                           Le Dauphiné Libéré
ISÈRE - LA NOUVELLE EXPOSITION DU MUSÉE DE LA RÉSISTANCE

 ET DE LA DÉPORTATION

La nouvelle exposition du Musée de la Résistance et de la Déportation...

L’exposition comprend aussi toute une partie pédagogique où on peut apprendre ce que fut l’opération Condor, que certains pays ont préféré enterrer ce passé en votant des lois d’amnistie pour les bourreaux, que des familles se battent encore pour retrouver les corps des disparus.
L’exposition comprend aussi toute une partie pédagogique où on peut apprendre ce que fut l’opération Condor, que certains pays ont préféré enterrer ce passé en votant des lois d’amnistie pour les bourreaux, que des familles se battent encore pour retrouver les corps des disparus.

La nouvelle exposition du Musée de la Résistance et de la Déportation de l’Isère,“Ausencias/Absences”, nous emmène en Amérique du Sud, pendant et après les dictatures militaires, et rend hommage aux centaines de milliers de victimes.

Les photos reprennent le principe de “l’avant/après”, si populaire ces derniers temps. Deux clichés pris au même endroit, avec les mêmes personnes, mais à 20, 30 ou 40 ans d’intervalle… Sauf que la nouvelle exposition du Musée de la Résistance et de la Déportation de l’Isère – qui se tiendra jusqu’au 17 octobre – ne parle pas de nostalgie, mais plonge bien dans un passé brûlant pour explorer ce que le photographe Gustavo Germano a appelé « la violente présence de l’absence. » Ce passé, c’est celui des dictatures militaires sud-américaines. Et les absents sont des hommes, des femmes, des enfants…
L’expo “Ausencias/Absences” rend donc hommage aux centaines de milliers de victimes du Brésil, du Chili, de l’Argentine, du Guatemala, etc. À ceux qui un jour, entre les années 60 et 80, ont été enlevés, torturés, assassinés par les tenants des régimes alors en place, avant d’être considérés comme “disparus”. Tout ça parce qu’ils militaient pour la liberté, tout ça parce qu’ils étaient opposants ou proches d’opposants… Rien qu’en Argentine, il y en a eu 30 000, et parmi eux l’un des frères de l’artiste…

La présence de l’absence

C’est cette absence du mari, de l’enfant, du père, du cousin ou du copain que Gustavo Germano a voulu saisir en partant de photos de famille prises à l’époque et en refaisant le même cliché des décennies plus tard, dans le même décor, avec des vêtements presque similaires, mais avec une, ou deux, ou trois personnes en moins. Et parfois même, avec plus rien…
L’effet est immédiat et saisissant. Le manque criant heurte la vue, juste avant le cœur…
C’est Omar qui court avec son frère Mario, dans la campagne argentine en 1975. Et c’est Mario qui descend la même colline en 2006, seul… On reconnaît les herbes folles, le ciel bleu, les traits du visage vieilli de Mario, mais il manque Omar… Ce petit frère, militant socialiste qui, le 19 novembre 1976, a été assassiné, avec sa femme et ses deux enfants âgés de 3 et 5 ans, lors du massacre de la rue Juan B. Justo, dans la ville de San Nicolas, perpétré par les forces conjointes de l’armée argentine et de la police de Buenos Aires…
C’est aussi Maria, Raul, Mario Eduardo, Roberti, José Ismaël, Silvia Ester, Jorge, Claudio, Orlando, Leticia, Jana, Virgilio… Des prénoms, tant de prénoms, avec des visages qu’on ne pourra plus oublier maintenant… La présence de l’absence.
L’exposition comprend aussi toute une partie pédagogique où l’on peut apprendre ce que fut l’opération Condor, que certains pays ont préféré enterrer ce passé en votant des lois d’amnistie pour les bourreaux, que des familles se battent encore pour retrouver les corps des disparus. On apprend également que de nombreux dignitaires nazis ont fui l’Europe après la Libération et rejoint différents pays d’Amérique du Sud, où ils ont pu “vendre” leur funeste savoir-faire aux juntes militaires… Et on découvre également, via des photos et documents inédits, ce que fut la vie des “survivants”, dont beaucoup s’exileront, notamment en Isère.
“Ausencias/Absences”, exposition de Gustavo Germano. Musée de la Résistance et de la Déportation de l’Isère, 14, rue Hébert (Grenoble) jusqu’au 17 octobre. Tel : 04 76 42 38 53.



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