La Sociale
Analyses et débats pour le renouveau d'une pensée de l'émancipation
Pour la levée de létat d'urgence
Après les assassinats barbares commis à Paris le 13 novembre, François Hollande et le gouvernement de Manuel Valls ont décidé « létat durgence », présenté par les sommets de lEtat comme la réponse à la terreur, à la peur et au désarroi répandus dans le pays, comme la mesure adaptée « pour combattre les terroristes » et « protéger les Français », comme condition de « la sécurité, la première des libertés ».
A leur demande, les 19 et 20 novembre, lAssemblée nationale puis le Sénat, ont à lunanimité des groupes politiques qui la composent (à lexception de six députés qui ont voté contre et une abstention ; et labstention de douze sénateurs) ont voté la prolongation de létat durgence et aggravé les dispositions liberticides de la loi de 1955 qui date de la guerre dAlgérie.
Avec létat durgence, ce sont, en réalité, les libertés de tous qui se trouvent dangereusement restreintes et menacées.
Ainsi :
- Tout individu peut être suspecté en fonction « de son comportement ».
- « Lassignation à résidence » linterdiction daller et venir, de se déplacer librement ne « doit pas viser uniquement les activités dangereuses avérées », mais aussi « les menaces fondées sur des présomptions sérieuses ».
- Les « perquisitions administratives » deviennent la règle et relèvent de la décision des préfets, représentants directs du gouvernement, en dehors de tout cadre judiciaire.
- La place du pouvoir judiciaire comme garantie des libertés est bafouée.
- La mise sous contrôle dInternet doit permettre au ministre de lIntérieur de « prendre toute mesure pour assurer linterruption de tout service de communication en ligne ».
Menace contre les libertés individuelles, létat durgence aboutit à un renforcement considérable du caractère autoritaire de la Ve République.
Mais ce sont aussi les moyens daction, dorganisation, dexpression, sur le terrain social et politique qui concernent syndicats, partis, associations qui sont remis en question.
Ainsi :
- Le pouvoir se réserve le droit dinterdire tout rassemblement sur la voie publique, ou toute manifestation pour « raison de sécurité ».
- La loi prévoit la possibilité de « dissoudre les associations ou groupements de fait qui participent, facilitent ou incitent à la commission dactes portant une atteinte grave à lordre public ».
Les notions introduites dans la loi « comportement », « trouble à lordre public », « raison de sécurité », « atteintes graves à lordre public » permettent les interprétations les plus extensives et présentent le risque de mettre en cause très largement tout un chacun.
Sous couvert de combattre « le terrorisme », létat durgence fait peser un danger sérieux sur nos libertés démocratiques, individuelles, sociales et politiques et sur la démocratie.
En conséquence, nous, signataires de cet appel, en appelons à tous nos concitoyens pour exiger, au nom de la liberté, de la démocratie, de la République, la levée immédiate de létat durgence.
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