Réforme ou rupture ?
La logique du profit s’exerce toujours au profit… du profit. Et c’est cette logique qui, de tout temps, pousse les capitalistes aux restructurations, aux délocalisations et aux licenciements. Dans un marché mondial en récession, frappé par une crise de surproduction, la guerre qui fait rage pousse les patrons à réduire au maximum le « coût du travail », c’est-à-dire les salaires. Seulement, le « coût du travail » ce n’est pas une notion virtuelle. Derrière ce terme, ce sont des hommes et des femmes, faits de chair et de sang, pour qui l’avenir s’arrête avec les « plans sociaux ».
Nul doute que Hollande fait de Pierre Gattaz, le patron des patrons, un homme comblé. Jamais les salaires n’auront été aussi faibles, jamais la force de travail n’aura coûté aussi peu cher, jamais ce pays n’aura connu autant de chômeurs (6,5 millions et + 800 000 depuis 2012) et de pauvres (près de 10 millions).
Mais peu importe les difficultés et la misère que vit l’ultra-majorité de la population, les patrons et le gouvernement se réjouissent des « premières retombées positives » du CICE (crédit impôt compétitivité emplois) - qui accorde un crédit d’impôt de 6 % sur la masse salariale des salariés dont la rémunération n’excède pas 2,5 fois le Smic ! - et qui aurait permis de faire baisser le « coût » de l’heure de travail dans l’industrie manufacturière française à 37,50 euros, contre 39,50 euros en Allemagne ! Ah, le fameux « modèle » allemand, où les salariés subissent la paupérisation, où les chômeurs sont obligés de travailler pour 1 euro de l’heure, où les « mini jobs » (payés moins de 450 euros par mois) et les « midi jobs » (payés de 450 à 800 euros) sont devenus la règle…
Les attaques pour faire baisser le « coût du travail » sont permanentes. Hier encore, c’était la Loi Macron (travail 7/7, travail de nuit, etc…) ou l’ « accord » scélérat ARRCO-AGIRC. C’est maintenant au droit du travail et à sa réglementation que Hollande-Valls-Gattaz s’attaquent. D’ailleurs Hollande prévient qu’ « il y aura une clarification du Code du travail », et Valls précise qu’il s’agit de le « refonder » et de le « simplifier ».
Simplifier le droit du travail signifie simplifier les licenciements et liquider les droits et acquis collectifs des travailleurs. D’ailleurs, l’objectif n’est-il pas de définir une base minimale de droits communs (SMIC, durée légale du temps de travail, congés payés) et de renvoyer à des accords de branches ou d’entreprises toutes les autres questions, y compris les possibilités de dérogations au socle minimum ?
Cette contre-réforme signerait la mort du Code du travail, la mort des conventions collectives, et le retour, comme au XIXe siècle, au contrat de travail individuel. Le MEDEF en rêve, le PS le fait !
Mais Hollande et Valls savent pertinemment que rien n’est possible sans le soutien et la collaboration active des directions prétendument syndicales. C’est pour cela qu’ils ont déjà annoncé qu’un projet de loi « élaboré dans le dialogue avec les partenaires sociaux » serait présenté début 2016 par la ministre du chômage, Myriam El Kohmri.
Alors que les sondages prédisent une abstention record et une nouvelle débâcle pour le PS et ses satellites aux élections régionales, gageons que ceux-ci vont s’indigner du fait que ceux qui ont le droit de vote n’ont pas trouvé bulletin à leur main. Ce sera alors la faute des abstentionnistes, de tous ceux qui ont mal voté et qui favorisent le FN. Alors, réforme ou rupture ?
Lors de la Conférence sociale, Hollande a résumé le « dialogue social » à une formule : « la réforme ou la rupture » ! Bien sûr son intérêt et celui des bureaucrates syndicaux c’est la « réforme », c’est la « négociation » dans le dos des salariés, et les journées d’action sans lendemain. A l’inverse, l’intérêt des travailleurs c’est la rupture, c’est le tous ensemble par la grève générale !
Wladimir SUSANJ, le 07-11-2015
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