Il y a quelques années, pareille rencontre eût été impensable. Samedi, le président taïwanais, Ma Ying-jeou, et son homologue de Chine continentale, Xi Jinping, se sont entretenus à huis clos dans le luxueux hôtel Shangri-La de la cité-Etat de Singapour. Ce tête-à-tête, organisé en terrain neutre, revêtait une portée historique. Depuis 1949, jamais les dirigeants des deux Chines ennemies, la "nationaliste" et la "communiste" – incarnées naguère par Tchang Kaï-chek et Mao – ne s'étaient retrouvés face à face, souligne USA Today. Aux yeux de Pékin, Taïwan passe toujours pour une province renégate, rétive à toute assimilation et animée par d'intolérables velléités d'indépendance. Lors de cet échange, M. Ma – que le Taipei Times accuse d'avoir "humilié la nation" – a plaidé pour la diminution des tensions de part et d'autre du détroit, l'accroissement des échanges et la mise en place d'un "téléphone rouge" en cas d'urgence, rapporte la BBC. Pour M. Xi, ces pourparlers visaient, en creux, à rappeler Tsai Ing-wen, favorite de l'élection présidentielle taïwanaise de janvier 2016, à ses obligations, notamment celle de respecter le "consensus de 1992", en vertu duquel chaque partie reconnaît "une seule Chine, mais avec des interprétations différentes" (The Diplomat, South China Morning Post). La candidate du Parti démocrate progressiste (DPP) prône en effet une approche plus distante vis-à-vis de Pékin, explique le New York Times. Au-delà de la rhétorique, savamment dosée, l'entrevue entre MM. Ma et Xi peut-elle faire bouger les lignes ? Cité par le Guardian, le politologue Nathan Batto, de l'Académie chinoise de Taipei, ne croit pas à cette perspective. Organe officiel du Parti communiste chinois, le Global Times exhorte la société taïwanaise à ne pas se lancer dans un aventurisme de mauvais aloi. Et assure que le pragmatisme prévaut toujours sur l'idéalisme politique, même dans l'ancienne Formose. |
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