Thaïlande : vers un régime encore plus répressif ? |
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Le pouvoir militaire thaïlandais est-il en train de remplacer un mal par un autre, encore plus grand ? Chef de la junte qui a pris les rênes du pays à la faveur du coup d'Etat du 22 mai, et premier ministre depuis août, Prayuth Chan-ocha a obtenu mercredi du roi Bhumibol Adulyadej (alias Rama IX) la permission de lever la loi martiale, instaurée peu avant le putsch, rapportent la BBC et le Wall Street Journal. Ce régime d'exception, établi après de longs mois de contestation contre l'ancien chef de gouvernement Yingluck Shinawatra, interdisait tout rassemblement politique de plus de cinq personnes et permettait à l'armée de procéder à des arrestations et à des mises en détention. Il est supplanté par l'article 44 de la Constitution provisoire, lequel donne à l'homme fort du pays les coudées franches pour "juguler les actes considérés comme dangereux pour la paix et la stabilité nationale", souligne CNN. Soucieux de désamorcer toute polémique, Prayuth Chan-ocha a assuré qu'il "utiliser[ait] (cet article) de manière constructive, et non pour attiser les tensions" (The Nation). Si le secteur touristique s'est réjoui de cette annonce, les associations de défense des droits de l'homme ont fustigé par anticipation un "affermissement de la dictature". De fait, l'article 44 confère au premier ministre une autorité totale sur les trois pouvoirs – exécutif, législatif et judiciaire –, constatent The Straits Times et AsiaOne, qui s'en inquiète. Un absolutisme mis au service d'un objectif : empêcher le clan Shinawatra de revenir aux affaires, analysait mardi le Washington Post. Pour Pravit Rojanaphruk, de The Nation, il faut aussi, et peut-être surtout, se méfier des inconditionnels aveugles de l'autocratie. Car, conclut-il, ceux-là sont prêts à tout abdiquer au nom du maintien de l'ordre, à commencer par leurs droits en tant que citoyens... |
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