Ils votent, mais nous en payerons cash les conséquences. Comme partout ailleurs, les électeurs et les électrices américaines se déchirent sur l’immigration, la fiscalité, l’accès à la santé, la sécurité et d’autres sujets majeurs de politique intérieure. Qui accueillir ? Comment limiter l’inflation ? Quelles maladies prendre en charge ? Comment réindustrialiser ? Deux visions radicalement opposées de l’organisation de la société se font face en ce jour de vote, de la Pennsylvanie au Texas, en passant par la Floride et la Californie.
La différence, avec les autres pays, c’est que les électeurs et les électrices américaines détiennent le sort de la planète entre leurs mains.
L’influence des États-Unis est remise en cause, contestée, affaiblie. Les puissances régionales suivent leur propre voie, les régimes autocratiques n’en font qu’à leur tête, les démocraties européennes manifestent leur différence. Mais la suprématie économique et militaire de Washington reste si écrasante que le pays conserve la capacité de faire vaciller le monde.
Aujourd’hui, il revient aux électeurs, et plus encore aux électrices de Kamala Harris, quelles que soient ses insuffisances voire ses fautes comme sur Gaza, d’empêcher la démocratie américaine de mourir dans l’obscurité, selon le slogan du Washington Post qui, contrairement à son habitude, vient de refuser de prendre parti en faveur de l’un ou l’autre candidat – une irresponsabilité historique qui lui vaut une vague de désabonnement massive.
Après l’assaut du Capitole par ses partisans le 6 janvier 2021, un nouveau mandat de Donald Trump, aux visées fascistoïdes, serait dévastateur non seulement pour les citoyennes et citoyens américains, mais aussi pour nous toutes et tous. Ses attaques contre l’État de droit sont autant d’arguments pour les illibéraux du monde entier. Ses positions anti-IVG fragilisent les femmes où qu’elles vivent, tant elles légitiment les reculs. Sa vision essentialiste, raciste et viriliste répand partout le poison d’un suprémacisme blanc, de la haine des étrangers et des minorités dans leur ensemble. Sa politique extractiviste, visant à lever les restrictions sur la production de pétrole, de charbon et de gaz, accélère la catastrophe climatique.
Son imprévisibilité assumée – « Il sait que je suis un putain de cinglé ! », a-t-il affirmé à l’adresse de Xi Jinping – met en péril des équilibres internationaux déjà si précaires. En cas de victoire, Vladimir Poutine aurait le champ libre pour envahir l’Ukraine et Benyamin Nétanyahou pour en finir avec les Palestinien·nes.
Il n’y a pas de plan B. Face à l’ennemi numéro un du vivant, les électrices et les électeurs américains ont le pouvoir d’agir. Nous comptons sur eux.
Mediapart vous propose de vivre ce moment crucial avec les reportages et analyses de ses reporters déployés sur le terrain en Pennsylvanie, en Géorgie, en Caroline du Nord, à New York et en Floride. Notre édition spéciale en live toute la nuit et demain ainsi que nos émissions en direct mercredi et jeudi à 19 heures vous permettront d’accéder aux premiers résultats et aux réactions et de mesurer, en temps réel, les conséquences de cette élection « monde ». |
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