Méritons-nous nos lecteurs ? C’est ce que je me suis demandé en recevant, une nouvelle fois, le courrier manuscrit de l’un d’entre vous. L’une, pour être précise. C’est à peu près tout ce que l’on sait de cette personne qui nous écrit régulièrement – on croit deviner qu’elle est enseignante, puisqu’elle évoque parfois ses élèves, mais nous n’avons aucun moyen de vérifier cette théorie. Cette lectrice fidèle ne s’adresse pas à nous pour nous insulter (cela arrive souvent, notamment en commentaires et sur les réseaux sociaux), ni pour nous envoyer des fleurs (plus rare), mais simplement pour « discuter » de l’article que l’on vient de publier.
La plupart des journalistes du « Nouvel Obs » ont déjà reçu une lettre de sa part. A tel point que nous sommes nombreux à avoir dans nos tiroirs des textes signés de sa main. Parfois, c’est long. Autant que l’article en question. Trois ou quatre pages, recto verso. Le rythme est variable mais, sauf exception, les cordiales missives sont hebdomadaires – comme notre magazine. Ce qui me donne le sentiment qu’elle entretient une correspondance filée, une relation épistolaire même, avec le journal.
A chaque fois, cette lectrice s’adresse directement à celui ou celle qui a signé le papier. Sans omettre les habituelles formules de politesse. C’est souvent intéressant. Elle n’est pas toujours d’accord avec nous et je dois dire, nous non plus. Mais je savoure ces échanges vintages, à sens unique. Parce que nous ne pouvons pas lui répondre : nous n’avons ni son nom – elle change constamment d’une lettre à l’autre – ni son adresse. Elle varie aussi, s’amuse à se localiser un jour à Hendaye, un autre à Orthez et le suivant à Hasparren. A moins que nous ayons affaire à une multipropriétaire. Voilà pourquoi nous lui dédions cette newsletter. Pour lui répondre, puisque c’est le seul moyen.
Alors merci, chère lectrice anonyme aux identités variées, vous qui semblez vivre dans des villes aux décors de carte postale. Merci de votre fidélité, de votre intérêt, de votre lecture assidue du « Nouvel Obs » et de vos observations. Cela fait au moins cinq ans que je vous lis et que je sais que vous aussi. Ce n’est pas rien.
Barbara Krief
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