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dimanche 27 octobre 2024

Rue89 avec L'OBS -Comment parler de la mort à ses enfants ?.... Dimanche 27 octobre 2024

 


Dimanche 27 octobre 2024

Comment parler de la mort à ses enfants ? Faut-il tout dire ? A partir de quel âge ? Le sujet est régulièrement traité par la presse et fait l’objet de nombreux ouvrages à destination des parents. Je n’ai, pour ma part, lu aucun de ces conseils. J’ai longtemps mis la tête dans le sable, soulagée, par exemple, que mon aîné reste de marbre devant les retrouvailles familiales des fantômes de « Coco », le film d’animation de Disney-Pixar se déroulant pendant la Fête des morts au Mexique, tandis que je ravalais mes larmes. Mais voilà, l’esquive ne pouvait pas durer indéfiniment : le jour est arrivé où il a fallu que je me lance, sans parachute.

Alors que mon fils avait 3 ans, le chien de sa tante, auquel il était très attaché, est mort. A la première réunion de famille qui a suivi sa disparition, le petit a tout de suite demandé : « Il est où, Coda ? » Improvisation totale de ma part : « Il est parti se reposer à la campagne. » Sauf que plus tard, en nous entendant parler avec son père d’un voisin vraiment parti à la campagne, mon fils s’est très justement interrogé : « A la même campagne que Coda ? »

Le crash test s’est reproduit récemment, avec ma fille cadette cette fois. Nous sommes allés passer un week-end dans la maison de ma défunte belle-mère. Ma fille n’a pas de souvenir de « grand-mère », puisqu’elle avait 1 an à son décès, mais nous lui parlons souvent d’elle et lui montrons des photos.

« Elle est où grand-mère ? » a lancé la petite en arrivant. Re-improvisation : « Grand-mère est partie.

– Elle est partie loin ?

– Oui, elle est partie loin

– Elle est partie en avion ?

– Euh, oui, elle partie en avion.

– Elle est avec sa maman ?

– Oui, elle est avec sa maman, maintenant. »

Lorsque j’étais en reportage à l’unité de soins palliatifs des Diaconesses, à Paris, en 2023, au moment où la mère de mon compagnon était elle-même gravement malade, la psychologue du service m’avait rassurée quant aux ressources des enfants confrontés à la mort d’un proche. Elle m’avait ainsi expliqué qu’ils ne se laissaient pas envahir comme ça par le chagrin, tout occupés qu’ils sont à grandir. Contrairement à nous, les adultes.

Bérénice Rocfort-Giovanni

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