Vendredi 11 octobre – We need you !
BONJOUR !
Génération X’O, la France a besoin de toi ! D’accord, mon incipit est un brin grandiloquent. En voici un autre, plus technique : garder ses seniors en emploi, c’est préserver notre modèle social. Plus politique : travailler plus longtemps pour payer moins... d’impôts. Plus énigmatique : et si le déficit public était le produit du déficit de travail ? Vous me voyez venir, je parle du moyen de redresser les comptes publics alors que Michel Barnier a confirmé jeudi, lors de la présentation du budget, les 60 milliards d’euros d’efforts.
Constat
Trois constats pour débuter. Un : record mondial, la France consacre un tiers de son PIB à la dépense sociale, dont la moitié pour les retraites. Deux : après la Finlande, la France est le pays européen où la durée annuelle de travail des salariés à temps complet est la plus faible, 1 668 heures, soit trois semaines de moins qu’en Allemagne. Trois : notre taux d’emploi, c’est-à-dire la proportion des personnes au travail rapportée au nombre de personnes en âge de travailler, est de 69 %, contre 77 % en Allemagne (et même 82 % aux Pays-Bas) – entre autres à cause de sa faiblesse chez les plus de 55 ans.
Sauvegarde
Voilà la mèche. Vient maintenant la bombe. Plus d’actifs au travail, c’est plus d’emplois, plus de croissance, et donc plus de cotisations sociales et de CSG, moins de prestations sociales et de revenus de remplacement, et donc un moindre déficit. Lors du vote du report de l'âge de départ à la retraite à 64 ans, le gouvernement n’a pas su faire la pédagogie macroéconomique de sa réforme. Mais tel était bien son but : faire davantage travailler les Français, notamment les plus âgés, pour sauver notre modèle social.
Concret
La direction du Trésor s’est livrée à un exercice théorique instructif. Elle a calculé quel serait l’effet financier d’un alignement du taux d’emploi français sur celui des Allemands. Sa réponse tient en trois chiffres. D’abord, ce choc correspondrait à la création d’un million et demi d’emplois. Ensuite, l’alignement augmenterait les recettes de protection sociale d’environ 15 milliards d’euros. Enfin, il abaisserait les dépenses de protection sociale d’environ 5 milliards. Chaque année !
Ambition
Désolé pour cette avalanche de chiffres. Mais le message est clair. Les entreprises ont tort de se débarrasser des salariés expérimentés au prétexte de gérer les coûts (elles les paient de manière indirecte via les prélèvements !). La société a tort de stigmatiser les seniors au travail au nom de l’emploi des jeunes (cette vision malthusienne tue notre Etat-providence). La Génération X’O n’est pas le problème, c’est la so-lu-tion. Les abonnés à cette newsletter ne l’ignoraient pas. Mais lundi, tête haute, quel plaisir de se dire que le redressement du pays passe par nous, que la tempérance fiscale passe par nous, que la pérennité de notre modèle social passe par nous.
Génération X’O
Génération X’O, c’est un X comme eXpérience et un O comme Opportunité ou 0 (zéro) déficit. Partagez X’O, suivez-nous sur LinkedIn !
Bonne lecture !
Rémi Godeau, rédacteur en chef de l’Opinion
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