Le journalisme face à la montée des haines
Lorsque le gouvernement de Michel Barnier a été annoncé, nous n’avons pas été étonné·es. Pas surpris que celui qui s’était prononcé en 2021 pour un moratoire sur l’immigration nomme des ministres qui se soient déjà illustrés par leurs propos hostiles aux personnes racisées, musulmanes ou venues d'ailleurs.
Que ce soit Bruno Retailleau à l’intérieur, qui comme le RN utilise l’expression « Français de papiers », et qui a déjà prévu de demander aux préfets « d’expulser plus, de régulariser moins. » Ou que ce soit Othman Nasrou, chargé de la lutte contre les discriminations, qui considère que deux d’entre elles, le racisme et l’homophobie, « sont l’apanage d’une infime minorité ». Sans compter Maud Bregeon, nouvelle porte-parole du gouvernement, qui avait affirmé lors des émeutes après la mort du jeune Nahel qu’il y avait « un lien entre insécurité et immigration ». Ou encore Patrick Hetzel à l’Enseignement supérieur, qui est obsédé par une prétendue « idéologie islamo-gauchiste de plus en plus décomplexée »…
Ce gouvernement nous rappelle qu’il ne faut jamais baisser la garde face au rouleau compresseur islamophobe, raciste et anti-immigration.
Fruit de discussions anciennes, accélérées avec le délitement de la situation politique, Mediapart a décidé de créer une fonction de responsable éditoriale aux questions raciales, occupée par Sabrina Kassa, journaliste au Club de Mediapart. Calqué sur le modèle du poste de responsable éditoriale aux questions de genre, créé il y a trois ans, cette fonction permettra de « veiller aux éventuels biais racistes dans nos contenus et nos pratiques journalistiques et développer notre couverture sur ces sujets ».
Cette semaine, Mediapart a ainsi révélé que M6 avait licencié deux comédien·nes racisé·es d’une de ses séries, ou a relaté l’histoire d’employées d’une association sommées de retirer leur voile sous peine de licenciement.
Des illustrations, parmi tant d’autres, de la nécessité de ce poste, pour veiller à la bonne couverture par notre rédaction de la montée des haines, dans la rue comme au sommet du pouvoir. |
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