Et la France découvrit les lettres plafond
Le débat fut animé en conférence de rédaction cette semaine à Mediapart. Fallait-il publier des « lettres plafond », ces documents de cadrage budgétaire préparés par Matignon pour chaque ministère, puisque nous disposions de deux d’entre elles ?
C’est technique et ça n’a, en l'état, aucun intérêt pour le grand public, ont plaidé nos excellents journalistes économiques, rompus à l’exercice de la chronique du budget chaque automne.
Mais l’intérêt n’était pas là : Matignon avait refusé de les transmettre au président de la commission des finances et au rapporteur du budget de l’Assemblé nationale, Éric Coquerel et Charles de Courson, comme le droit le dit pourtant. C’était inédit dans l’histoire de la Ve République. Une nouvelle ligne rouge était franchie par le pouvoir exécutif.
Ces « lettres plafond », dont le quidam n’avait jamais vraiment entendu parler ni vu la couleur, devenaient alors, de façon inattendue, le symbole d’un déni de démocratie.
Les publier relevait donc de l'exercice de transparence.
Qu’importe si sur le fond, rien n’était surprenant, les coupes dans les dépenses publiques étant assumées depuis des mois. Qu’importe si n’avoir que deux des vingt lettres plafond ne donnait qu’une vision parcellaire d'un cadrage budgétaire de toute façon amené à évoluer.
Il s’agissait là de rendre aux citoyen·nes (et aux parlementaires, au passage) l’accès à l’information dont ce pouvoir ne cesse de nous priver, jamais avare d’un déni de démocratie.
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