De puissants messages de la Fête de l’Humanité
Une nouvelle fois, elle a ouvert en grand ses bras et son cœur à une marée humaine aussi jeune que joyeuse, aussi insouciante de l’instant que soucieuse de l’avenir d’un monde à refaire : la Fête de l’Humanité. La pluie des jours précédents s’en est retirée pour laisser sécher des allées ensemencées de toutes les aspirations, là où germent tous ces fragments d’humanité. Cet humus d’espérance des damnés de la terre, se retrouve dans cette ville éphémère brillante de mille feux d’une intelligence en mouvement et en métamorphose. Un vaste espace de liberté et de fraternité en actes, lieu d’épanouissement de chacune et de chacun, loin des violences, des vulgarités, des concurrences et des guerres de toutes et tous contre toutes et tous. Loin de la politicaillerie, ici on fait l’éloge du militantisme, on réarme la pensée révolutionnaire, on structure des projets au lieu de dilapider son temps et des forces dans de vaines querelles.
La gravité et les inquiétudes des derniers mois s’y étaient invitées en force. Les espoirs aussi ! Il y a en effet une contradiction antagoniste entre le rouge de la fête et le brun qui rôde. Si bien qu’aux quatre coins des espaces couraient les questions de savoir comment a-t-on pu en arriver là et surtout comment faire reculer les monstres quand les puissances d’argent en font leur béquille. Ce fut le sujet d’un débat original avec Fabien Roussel, Lucie Castets et Sophie Binet et d’une série d’autres à l’Agora de l’Humanité ou au village du livre avec Alain Hayot qui vient de publier « face aux nouveaux monstres –le sursaut ». Une nouvelle fois, la Fête de l’Humanité a bien porté son nom : aussi immense que le processus communiste de réalisation de l’humanité porté par Marx et Jaurès, aussi accueillante qu’une maison familiale, aussi époustouflante qu’un arc-en-ciel d’idées révolutionnaires, aussi émouvante qu’une naissance chaque année recommencée. Aussi solide que l’unité qu’il faut construire avec le nouveau Front populaire plébiscité en ces lieux. Comment élargir encore ce Front populaire ? Comment le rendre incontournable ? Comment le rendre majoritaire ? Voilà des questions qui serpentent, s’échappent de la fête pour devenir question commune ou projet de travail.
C’est urgent, car chacune et chacun sent que la situation ne pourra rester en l’état : la fusion du parti LR dans la macronie ou l’inverse et l’extrême droite en maitre de la politique gouvernementale dans un viol de la démocratie et la torsion de la constitution. La fête est mouvement populaire à élargir dans toute la société. C’est possible tant nos concitoyens cherchent autre chose, d’autres choix et veulent sortir de la cage d’une pensée qu’imposent les dominants. Pourtant ce sont eux qui creusent la dette pour remplir leur abreuvoir débordant de dividendes contre les services publics, les salaires et le travail. Ceci ne pourra pas durer encore longtemps ! La France n’aime pas le goût du rance.
Tel un grand fleuve à la biodiversité préservée, la fête a charrié les sons et les musiques du monde comme les cris de souffrances de peuples dominés, épuisés par des famines et des guerres, soumis à des dictatures et à la féroce exploitation capitaliste, aux mensonges et aux fausses informations.
Elle aura résonné aux puissants chants de libération des Kurdes, des femmes iraniennes qui ne lâchent pas leur drapeau flottant désormais au fronton du monde « femme, vie, liberté », comme à celle d’Afghanistan soumis au joug de l’intégrisme islamiste, des Palestiniens que veut ensevelir un pouvoir d’extrême droite avec la coupable complicité de l’occident capitaliste pour lequel les mots « paix, justice et liberté » ne sont que des gargarismes. Comme un fort symbole, le Keffieh palestinien ne quitta jamais les épaules d’Angela Davis. Elle aura réclamé la libération de Mumia Abu Jamal comme celle de Paul Watson et de tous les prisonniers enfermés pour leurs idées politiques.
Contre les colonialismes et les dominations, les peuples africains s’y sont fait entendre comme les travailleurs Argentins en lutte contre la saignée par la tronçonneuse de leur nouveau maître. Le puissant mouvement féministe mondial y soufflait sur son ardente flamme pour l’égalité. Les stridents échos du procès de l’abjecte qui se déroule à Avignon et le courage de Gisèle Pélicot perçaient les oreilles de la fête, comme ces nouvelles noyades de migrants dans la Manche ou les secousses climatiques qui brûlent au Portugal, étouffent des régions de Chine ou des Etats-Unis, ou inondent au cœur de l’Europe centrale et des bouts de vallée de France, ou encore le bruit des bombes russes qui détruisent les services publics en Ukraine. Des drames, des catastrophes qui, une nouvelle fois ont conduit le directeur de l’Humanité Fabien Gay -en osmose avec les mouvements de jeunes pour le climat - relancer l’alarme contre un système qui mène notre humanité à la catastrophe si on n’y prend pas plus garde.
La fête appelle à faire vivre une planète vivable, une planète durable. Elle ne s’éloigne pas ainsi de la classe ouvrière et du travail. Car, si les travailleurs devenaient enfin maîtres de la production et de l’organisation de la société, des moyens de production et de distribution, c’est l’écologie et la paix qui gagnerait.
C’est la fête où on refuse de capituler intellectuellement devant les colonnes de chars chargés de la police de la pensée, qui veut nous faire accepter la guerre, et les régressions. Leur lessivage des mots vient de franchir une étape avec cette dernière escroquerie consistant à nous expliquer que si M. Barnier est à Matignon, ce serait la faute à la gauche. Celle-ci est prête à gouverner, y compris en tenant compte des rapports de force actuels et des rapports de force à construire usines par usine, quartiers par quartiers, village par village. C’est le grand capital qui lui barre la route. Et pour cause !
C’est ce qu’a expliqué avec brio Lucie Castets durant ce rassemblement des gauches politiques, sociales, intellectuelle, écologistes. Sa carte blanche à l’Agora suivi par des centaines et des centaines de jeunes avait de quoi noircir des cahiers de propositions pour faire reculer toutes les souffrances. Ce fut le cas d’une multitude de débats dans les stands des fédérations du Parti communiste, dans celui de son conseil national, comme au forum social ou comme dans une incarnation de la lutte des classes notre amie Sophie Binet fit la démonstration de la force de l’argumentation alternative et des combats syndicaux face au président du Medef, Patrick Martin.
Que tous les débats fassent ainsi le plein, témoigne d’une grande soif d’appréhender les enjeux, de dévoiler les contours des crevasses de notre époque, et d’élaborer des orientations alternatives vers un processus de dépassement d’un système à bout de souffle.
Ce sont souvent les participants à la fête eux même qui donnent une couleur, une saveur, un ton aux fêtes de l’Humanité selon les moments où elles se tiennent. Elle était forcément particulière cette année. La demande, l’aspiration, l’exigence étaient l’unité. Unité des gauches sociales, politiques, culturelles pour l’unité populaire qui sera encore plus indispensable dans les semaines à venir.
Tout le monde pressent la possible bascule.
La partie est loin d’être terminée ni pour les fondés de pouvoir du capital, ni pour les forces de changement progressistes.
Ignorant la force du sens et des expressions de la fête, les grands médias ont voulu mettre en scène la division entre Ruffin des champs et Mélenchon des quartiers. Gare à celles et ceux qui tombent dans cet absurde piège. Un ouvrier est tout autant exploité à Mende qu’à Vitry, à Flixecourt qu’à Argenteuil, A Blois qu’à Aulnay sous-bois. Et le salarié de l’entreprise Amazon d’Amiens souffre de la même manière que celui basé dans la Pennsylvanie ou le Texas. Et le jeune d’Aubervilliers contraint de devenir chauffeur pour la multinationale Uber est tout aussi esclave de son travail et de la banque que le jeune paysan Breton.
Que le capital s’acharne à les diviser pour leur faire croire que leurs intérêts sont divergeant, pour empêcher les votes communs pour dépasser le système, cela se comprend. Que les constructeurs d’avenir progressiste en fasse de même en découpant les populations comme des part de gâteau électoral à se partager est contre-révolutionnaire. La Fête de l’Humanité, unit et relie rassemble pour transformer le monde n’en déplaise aux brouilleurs de repère. Du reste, notre seule question est-elle celle de l’attente des élections ou celles de conquérir des positions et des acquis sociaux, démocratiques, écologiques, féministes sans attendre pour ouvrir dans la vie et maintenant un processus transformateurs.
De même, pour la bien-pensante médiatique, M. Dominique de Villepin est fréquentable quand il est Premier ministre, mais pas quand il vient dialoguer à la fête parce qu’il fustige l’armée de la mort qui détruit Gaza et reconnaissant que dans les circonstances des dernières élections législatives le président de la République aurait dû en toute logique nommer Lucie Castets première ministre.
La Fête de l’Humanité n’est pas le lieu où on détale devant les complexités du monde et des choses. Elle n’est pas non plus récupérable. Seulement, elle montre et démontre que le nombre fait la force, la diversité fait nos enrichissements, les confrontations sans le venin d’absurdes polémiques nous permettent de voir plus loin et plus haut et de rendre le monde du travail et de la création plus fort.
C’est à cette hauteur qu’il faut se placer dans les semaines à venir pour ne pas décevoir les participantes et participants à cette fête, actrices et acteurs du Front Républicain, qui par-delà leurs idées et opinions en parle pour la faire rayonner. Leurs paroles valorisent l’Humanité qu’ils ne lisent probablement pas encore et les communistes qui les accueillent sur leurs stands comme les autres forces de gauche, les associations et syndicats.
On est ici loin, bien loin des caricatures médiatiques chargées de faire fuser l’invective et de faire prospérer l’injure et le mensonge.
Loin aussi des inquiétudes et de la tristesse que me procurent des commentaires et du ton haineux étalé comme des coulées d’encre venimeuse sur des réseaux contre la direction de l’Humanité, sa rédaction et particulièrement de son directeur Fabien Gay. Après avoir avec toutes les équipes du groupe de presse et événementiel que constitue l’Humanité, organisations communistes, associations diverses, personnalités, scientifiques, penseurs et intellectuels de toute discipline, écrivains réussit un événement sans pareil voici qu’on peut lire sous certaines aigres plumes : « Et maintenant il faut assainir la direction de l’Huma », d’autres proposent d’en faire un thème de la conférence nationale du Parti communiste convoquée en décembre. Bref un « procès de Moscou » (qui ont tant fait de bien au mouvement communiste international) dans lequel comparaîtrait le directeur de l’Humanité. On en rit dans les salons du bureau politique du capital qui s’est acharné à faire mourir l’Humanité. On s’esclaffe dans cette extrême droite identitaire qui dans un texte a demandé à quelques fanatiques de mettre « une balle dans la tête » des actuels et anciens dirigeants de l’Humanité. (Les tribunaux sont saisis) Comment peut-on perdre la tête à ce point et étaler ses rancœurs dans le berceau de nos ennemis. Pour quelle raison faire le procès d’un dirigeant irréprochable, d’un groupe de presse communiste - dont il faudrait être plutôt fier - qui a augmenté la diffusion des journaux tout l’été, et fait rayonné le titre avec les développements numériques, permis à force de travail dans les conditions particulières de l’été de réussir une fête originale, grandiose ouverte sur la vie et la culture, la jeunesse et les combats du monde. Un lieu ou trois jours durant le nouveau Front populaire avec ses partis de gauche et écologiste, ses syndicats, ses associations, ses travailleurs et ses intellectuels s’est exposé, s’est enrichi, s’est donné de la force.
C’est bien un service que rend la Fête de l’Humanité et l’Humanité au mouvement progressiste et internationaliste. Ajoutons qu’on ne peut pas défendre des propositions de loi réclamant le respect de l’autonomie des rédactions et ne pas se l’appliquer à soi-même quand on demande de mettre celle de l’Humanité au pas. Et il faut du travail, beaucoup de travail de la part des équipes de l’Humanité et de son directeur pour organiser des lois durant et réussir un événement d’où jaillit la création communiste. L’heure n’est certainement pas aux fermetures et aux injonctions qui serpentent dans ces alcôves à tous vents que sont les réseaux « a-sociaux » mais plutôt au combat contre les fondés de pouvoir du grand capital et le large bloc bourgeois, au combat pour la paix et la solidarité internationaliste et pour construire des initiatives victorieuses s’inscrivant dans un processus communiste. Ce pourrait être un beau sujet de débat et de décisions d’une conférence nationale du parti communiste !
L’heure est à l’ouverture loin de tous les sectarismes. « On est plus fort ensemble » ! C’est l’un des assourdissants murmures de la fête. « Respectons-nous » en fut un autre.
Faisons nôtre cette parole de l’académicien Amin Maalouf, « c’est notre regard qui enferme souvent les autres dans leurs plus étroites appartenances, et c’est notre regard qui peut les libérer ».
La Fête de l’Humanité libère les paroles, les énergies créatrices et les idées. Elle cultive la fraternité et la solidarité. Elle donne goût à l’avenir de justice et de paix. Elle annonce d’autres possibles révolutionnaires. Il convient d’en mesurer la portée et de le faire fructifier. Ne prenons aucun « retard d’avenir ». C’est l’appel pressant de la jeunesse de la Fête de l’Humanité.
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