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samedi 21 septembre 2024

La lettre de Patrick LE HYARIC : Rapport Draghi ou panique dans le capitalisme européen... - Samedi 21 septembre 2024

 

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La Lettre du 21 septembre 2024
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« Pourquoi partir ?
Reste et reprend l’Iran
Etouffe le pouvoir du tyran
Chante
Pour que l’hymne des femmes résonne partout
Pour que cette patrie redevienne celle de tous »
Texte de la poétesse Mona Borzaoui ; arrêtée en septembre 2022 pour ce poème.
 
 
Bonjour à chacune et chacun,
 
Rapport Draghi ou panique dans le capitalisme européen
Faut-il que la classe capitaliste européenne soit si inquiète pour que ses fondés de pouvoir de la Commission européenne, commandent coup sur coup des rapports qui sonnent l’alarme ? Après celui d'Enrico Letta, ancien président social-libéral du conseil italien, voici celui de Mario Draghi, ancien président de la banque centrale européenne et actuel président de l’institut Delors, remis la semaine dernière à la présidente de la Commission européenne. Quatre-cents pages pour un véritable programme qui sera présenté au Parlement européen ce 17 septembre.
 
Ce texte est un formidable révélateur des inquiétudes de la classe dominante en Europe. Ses angoisses ne sont pas dues aux trop faibles rémunérations du travail, ni à la destruction des services publics, ni à l’hécatombe agricole, ni aux inégalités qui galopent, ni à la pauvreté qui touche 100 millions de personnes.
 
Non. Il n’est question ici que de compétitivité afin de permettre aux capitalistes européens et internationaux de rattraper le retard que prend l'Union européenne dans la compétition avec les États-Unis et la Chine. On y lit même en creux que les normes sociales et environnementales constituent un frein à l’amélioration de « la productivité » des entreprises et à leur croissance. Et le rapport Draghi de fustiger les 13 000 actes législatifs annuels décidés par les instances européennes contre 5 500 aux Etats-Unis. Il convient donc de « déréglementer » plus et plus vite.
 
Évidemment, dans ce genre de rapport, sont inscrits un certain nombre de constats factuels. Ils sont intéressants et doivent être pris au sérieux. De notre point de vue, ils constituent un réquisitoire accablant du type d’intégration européenne sous domination capitaliste : décrochage économique, technologique et industriel, amplifié par une démographie en chute libre, productivité en berne. Selon l’auteur expérimenté du rapport, l’Europe pourrait être menacée d’une « lente agonie ». C’est dire l’angoisse qui saisit les milieux dirigeants européens !
 
« L’écart entre l’Union et les États-Unis en ce qui concerne le niveau du produit intérieur brut (PIB) aux prix 2015 s’est progressivement creusé, passant d’un peu plus de 15 % en 2002 à 30 % en 2023 tandis qu’en pouvoir d’achat, l’écart se situe à 12 %. » Peut-on y lire. Autrement dit, les pays européens se sont appauvris. Plus clair encore : « La croissance du revenu disponible réel par habitant est presque deux fois plus rapide aux Etats-Unis qu’en Europe depuis l’année 2000 ». Il n’y a pas critique plus cinglante des politiques européennes menées jusque-là.
 
De même, si le rapport salue l’ambition de décarbonation accélérée par la Commission européenne depuis 2019 pour devenir « un levier de croissance et de compétitivité », il met en garde sur la nécessité du primat de politiques industrielles sur les politiques de préservation du climat. Les trois priorités énoncées pour devenir le cœur d’une nouvelle stratégie industrielle sont : la décarbonation, la numérisation et l’industrie de défense. Enrico Letta comme M. Draghi mettent à nu les contradictions dans lesquelles s’est enfermée l'Union européenne. Le suivisme atlantiste des instances européennes et la critique permanente de la Chine cachent les impasses vers lesquelles nous marchons.
 
L’énoncé des révélations est sans appel pour les industriels capitalistes européens. S’agissant de l’industrie de défense : 80 % des dépenses réalisées au sein de l'Union européenne pour aider l’Ukraine soit 140 milliards d’euros servent au développement de l’industrie militaire aux États-Unis, en Turquie et en Corée du Sud. Ainsi, l’Union, alignée sur l’imperium, ne joue aucun rôle pour la paix et laisse les flammes de la guerre rôder à ses frontières. Mais, en plus, sa stratégie profite à d’autres pays ou plutôt à des groupes capitalistes d’autres pays. On peut en dire autant de notre dépendance totale vis-à-vis du numérique à base nord-américaine comme de l’industrie pharmaceutique. La collection de discours de M. Macron sur la souveraineté européenne n’est qu’un album de fables camouflant ces abandons.
 
On s’inquiète aussi dans les couloirs de la commission du fait que le jeu des marchés financiers internationaux constitué des banques, assurances, fonds de pension et fonds souverain aspirent plus de 300 milliards de l’épargne des Européens pour développer les grandes entreprises américaines.
 
L’ancien président de la Banque centrale européenne est lucide sur ces difficultés et ces dépendances dont il porte une part non-négligeable de responsabilité. Son remède est puissant, mais il n’est pas administré pour sortir le travail de ses souffrances, les services publics de leur décrépitude, et pour chasser la pauvreté et le chômage du vocabulaire européen.
 
Il recommande de revenir à un niveau d’investissement équivalent à celui de la période des années 1960 à 1970. On pourrait le suivre sur un tel objectif ambitieux. Pour cela, il propose d’adopter le même schéma qui a été mis en œuvre à la fin de la pandémie du Covid-19 en recourant annuellement à un emprunt de 750 milliards d’euros durant plusieurs années. Un tel niveau de dépenses d’investissements est colossal puisqu’il représente à peu près 5 % du produit intérieur brut. C'est dire le niveau de l’effort à produire pour se mettre au niveau des États-Unis et de la Chine. On pourrait partager ces objectifs. Ils constituent un désaveu net des politiques austéritaires que la commission veut amplifier. Elle est en totale contradiction avec l’injonction faite à notre pays de réduire de 110 milliards ses dépenses publiques pour les trois années à venir.
 
Seulement plusieurs questions fondamentales se posent. Qui emprunte, à qui, pour qui et pour quoi faire ?
 
S’il s’agit pour les États d’emprunter aux marchés financiers aux conditions fixés par ceux-ci, on assiste à une relance du capitalisme financier à partir de l’épargne quasi-gratuite des familles populaires ou par création monétaire de la banque centrale qui servira à la spéculation financière contre le travail et les formations nécessaires à la bifurcation écologique.
 
M. Draghi comme tous les fondés de pouvoir du capital souhaite octroyer de larges subventions publiques à des investissements privés dans le numérique, l’intelligence artificielle et l’environnement, sans condition de développement de l’emploi et de nouvelles avancées sociales ou de partage des fruits d’une nouvelle relance vers les vrais producteurs de richesses que sont les travailleuses et les travailleurs qui vont vivre la « chaîne de valeurs », depuis la recherche, la conception, la production et la distribution.
 
Loin des nécessités sociales, humaines et écologiques, il s’agit une nouvelle fois de la combinaison d’une approche technophile, marchande et consumériste de l’économie et des sociétés.
 
Or, le moment est venu pour les instances européennes d’innover et de remplacer les critères froids et secs de la productivité et la mise en compétition des travailleurs entre eux par des indicateurs de développement durable, de lutte contre le chômage, la précarité de vie et la pauvreté. Au lieu des cours de bourse répété plus souvent que les bulletins météo, il serait plus utile et plus efficace de créer des indicateurs de bien-être humain et de progrès écologique. Il est vrai qu’ils ne se marient pas avec le principe cardinal de la « concurrence libre et (prétendument) non faussée ». Or, donner les pleins pouvoirs aux détenteurs de capitaux et aux actionnaires-propriétaires qui de plus veulent gérer nos données, accaparer les réseaux d’énergie et de transport après avoir fait main basse sur la pharmacie, la chimie, les semences, la défense précipitera tout projet de coopération européenne dans le précipice que ne manquerait pas de venir s’accaparer encore plus le grand capital à base nord-américaine. Ne voit-on pas à quel point cette politique atlantiste est en train de miner l’industrie allemande avec un énorme plan de licenciement dans le groupe Volkswagen après avoir rendu l’approvisionnement énergétique plus dépendant des USA à la faveur de la guerre en Ukraine ? Ici même, 260 000 emplois sont menacés pour les prochaines semaines ? 62 000 entreprises ont été acculées à la faillite ces douze derniers mois !
 
Les crises politiques et institutionnelles, manifestations de la « non-démocratie européenne qui tenaillent La France, L’Allemagne et le cœur des institutions européennes à Bruxelles éclatent au grand jour et ouvre la voie au débat sur une alternative anticapitaliste, progressiste.
 
L’éviction de Thierry Breton et la nouvelle commission.
L’une des manifestations de cette crise est l’éviction brutale le week-end dernier de Thierry Breton de la commission européenne, non par le parlement européen mais par la présidente de la commission elle-même. Mandataire du capitalisme Allemand, elle se prend de plus en plus pour « la reine de l’Europe ».Le président français s’y est soumis comme un petit caniche. Sans être d’accord avec les orientations politiques de T Breton reconnaissons lui son combat pour la régulation d’internet en encadrant le pouvoir des géants des plates formes numérique (Digital Services Act et Digital Market Act), l’achat commun de vaccins au moment du Covid 19, la loi sur l’intelligence artificielle et le combat contre les mastodontes du numérique américains..etc. Il est sacrifié au dernier moment après avoir été confirmé par M. Macron en juillet, sur l’autel des contradictions intra-capitalistes entre l’Allemagne et la France et d’une nouvelle situation internationale ou l’industrie Allemande est menacée par la pression américaine via notamment sa mise sous dépendance pour l’approvisionnement énergétique qui affaiblit toute son industrie. C’est dire la nature et la force des combats intra-capitalistes dont les victimes sont les peuples.
 
La composition de la nouvelle commission européenne est significative de ces réorientations réactionnaires : le projet de pacte vert porté par le socialiste Timmermans qui avait rang de premier vice-président de la commission disparait comme le commissaire à l’emploi et aux affaires sociales tandis que la haute représentante de L’union est un farouche partisan de l’élargissement de l’OTAN.
 
Les responsabilités des gauches européennes : Unité, créativité.
Face à ces situations les gauches européennes doivent s’unir, aider le mouvement syndical à organiser le mouvement ouvrier et salarié. Au cœur de ces fractures les gauches de transformation doivent défendre les travailleurs, arracher des conquis s’inscrivant dans un processus de changement structurel.
 
Une autre orientation sociale, humaine, environnementale consisterait en une grande bataille populaire pour rendre les travailleurs de l’industrie, du commerce, de l’agriculture ou des services publics maître de la création monétaire des banques et de l’utilisation de celle-ci afin de ne pas se voir opposé en permanence la chape de plomb de la dette qui n’est qu’un moyen de soumettre les citoyens à la politique unique au service des puissances d’argent que défendent les pouvoirs nationaux et européens. La création monétaire et le système bancaire doivent devenir publics afin de servir de grands projets publics pour faire vivre la production d’humanité : l’école et la formation, la recherche et l’enseignement supérieur accessible à toutes et tous, la santé, les transports gratuits, le logement confortable et de haute qualité environnementale pour toutes et tous, un droit effectif à l’alimentation, une production industrielle sous le contrôle des travailleurs condition de qualité des produits et de préservation de l’environnement.
 
Il est une autre source de financement possible dont personne ne parle. Il constituerait pourtant une énorme manne pour le développement de services publics visant le progrès social et écologique : il s’agit du « mécanisme européen de stabilité » crée à l’origine pour permettre de venir en aide à un état en difficulté. Les 700 milliards d’euros qui y végètent seraient bien plus utiles pour le bien commun. Cette structure pourrait être transformée en fond européen solidaire de développement social et environnemental avec la mission élargie de restructurer ou d’effacer des dettes d’État en difficulté et de déployer de nouveaux services publics.
 
Seulement, M. Draghi ne développe pas une vision au service du bien commun et du développement humain. Il n’a pour horizon que le service au capital. Ainsi, ses propositions visent à renforcer le marché unique des capitaux, l’union bancaire et la poursuite du pillage des matières premières rares pour les technologies nouvelles avec la mise sur pied d’un « club des matières premières critiques » des pays du G7 +. Mieux, il pousse l'Union européenne à progresser dans l’exploitation minière en eaux profondes. Pour être certain que son rapport qui constitue un nouveau programme politique pour le capitalisme européen, il recommande de créer un cadre de « coordination de la compétitivité » et un émissaire européen aux pouvoirs étendus pour le mettre en œuvre. Il pense sans doute à lui-même pour ce poste.
 
Ce texte exclut le travail, les travailleuses et les travailleurs de ses réflexions. Pourtant, ce sont encore eux qui seront les fantassins de cette nouvelle guerre économique au sein du capitalisme mondialisé. Elles et eux qui, au nom de la compétitivité se voient menacés dans leurs droits sociaux, leur protection sociale, leurs conditions de travail aggravées. Il conviendrait donc de s’occuper partout de ces enjeux pour faire émerger un autre projet d’union des peuples et des nations associés et solidaires. Une Union de progrès humain, de coopération et de paix. S’occuper de transformer la construction européenne, c’est ouvrir des portes du changement dans la vie quotidienne de millions d’Européens.
Le 17 septembre 2024.
 
 
De puissants messages de la Fête de l’Humanité

Une nouvelle fois, elle a ouvert en grand ses bras et son cœur à une marée humaine aussi jeune que joyeuse, aussi insouciante de l’instant que soucieuse de l’avenir d’un monde à refaire : la Fête de l’Humanité.
 

La pluie des jours précédents s’en est retirée pour laisser sécher des allées ensemencées de toutes les aspirations, là où germent tous ces fragments d’humanité. Cet humus d’espérance des damnés de la terre, se retrouve dans cette ville éphémère brillante de mille feux d’une intelligence en mouvement et en métamorphose. Un vaste espace de liberté et de fraternité en actes, lieu d’épanouissement de chacune et de chacun, loin des violences, des vulgarités, des concurrences et des guerres de toutes et tous contre toutes et tous. Loin de la politicaillerie, ici on fait l’éloge du militantisme, on réarme la pensée révolutionnaire, on structure des projets au lieu de dilapider son temps et des forces dans de vaines querelles.
 
 
La gravité et les inquiétudes des derniers mois s’y étaient invitées en force. Les espoirs aussi ! Il y a en effet une contradiction antagoniste entre le rouge de la fête et le brun qui rôde. Si bien qu’aux quatre coins des espaces couraient les questions de savoir comment a-t-on pu en arriver là et surtout comment faire reculer les monstres quand les puissances d’argent en font leur béquille. Ce fut le sujet d’un débat original avec Fabien Roussel, Lucie Castets et Sophie Binet et d’une série d’autres à l’Agora de l’Humanité ou au village du livre avec Alain Hayot qui vient de publier « face aux nouveaux monstres –le sursaut ».
 

Une nouvelle fois, la Fête de l’Humanité a bien porté son nom : aussi immense que le processus communiste de réalisation de l’humanité porté par Marx et Jaurès, aussi accueillante qu’une maison familiale, aussi époustouflante qu’un arc-en-ciel d’idées révolutionnaires, aussi émouvante qu’une naissance chaque année recommencée. Aussi solide que l’unité qu’il faut construire avec le nouveau Front populaire plébiscité en ces lieux. Comment élargir encore ce Front populaire ? Comment le rendre incontournable ? Comment le rendre majoritaire ? Voilà des questions qui serpentent, s’échappent de la fête pour devenir question commune ou projet de travail.
 

C’est urgent, car chacune et chacun sent que la situation ne pourra rester en l’état : la fusion du parti LR dans la macronie ou l’inverse et l’extrême droite en maitre de la politique gouvernementale dans un viol de la démocratie et la torsion de la constitution. La fête est mouvement populaire à élargir dans toute la société. C’est possible tant nos concitoyens cherchent autre chose, d’autres choix et veulent sortir de la cage d’une pensée qu’imposent les dominants. Pourtant ce sont eux qui creusent la dette pour remplir leur abreuvoir débordant de dividendes contre les services publics, les salaires et le travail. Ceci ne pourra pas durer encore longtemps ! La France n’aime pas le goût du rance.
 

Tel un grand fleuve à la biodiversité préservée, la fête a charrié les sons et les musiques du monde comme les cris de souffrances de peuples dominés, épuisés par des famines et des guerres, soumis à des dictatures et à la féroce exploitation capitaliste, aux mensonges et aux fausses informations.
 

Elle aura résonné aux puissants chants de libération des Kurdes, des femmes iraniennes qui ne lâchent pas leur drapeau flottant désormais au fronton du monde « femme, vie, liberté », comme à celle d’Afghanistan soumis au joug de l’intégrisme islamiste, des Palestiniens que veut ensevelir un pouvoir d’extrême droite avec la coupable complicité de l’occident capitaliste pour lequel les mots « paix, justice et liberté » ne sont que des gargarismes. Comme un fort symbole, le Keffieh palestinien ne quitta jamais les épaules d’Angela Davis. Elle aura réclamé la libération de Mumia Abu Jamal comme celle de Paul Watson et de tous les prisonniers enfermés pour leurs idées politiques.
 

Contre les colonialismes et les dominations, les peuples africains s’y sont fait entendre comme les travailleurs Argentins en lutte contre la saignée par la tronçonneuse de leur nouveau maître. Le puissant mouvement féministe mondial y soufflait sur son ardente flamme pour l’égalité. Les stridents échos du procès de l’abjecte qui se déroule à Avignon et le courage de Gisèle Pélicot perçaient les oreilles de la fête, comme ces nouvelles noyades de migrants dans la Manche ou les secousses climatiques qui brûlent au Portugal, étouffent des régions de Chine ou des Etats-Unis, ou inondent au cœur de l’Europe centrale et des bouts de vallée de France, ou encore le bruit des bombes russes qui détruisent les services publics en Ukraine. Des drames, des catastrophes qui, une nouvelle fois ont conduit le directeur de l’Humanité Fabien Gay -en osmose avec les mouvements de jeunes pour le climat - relancer l’alarme contre un système qui mène notre humanité à la catastrophe si on n’y prend pas plus garde.
 

La fête appelle à faire vivre une planète vivable, une planète durable. Elle ne s’éloigne pas ainsi de la classe ouvrière et du travail. Car, si les travailleurs devenaient enfin maîtres de la production et de l’organisation de la société, des moyens de production et de distribution, c’est l’écologie et la paix qui gagnerait.
 

C’est la fête où on refuse de capituler intellectuellement devant les colonnes de chars chargés de la police de la pensée, qui veut nous faire accepter la guerre, et les régressions. Leur lessivage des mots vient de franchir une étape avec cette dernière escroquerie consistant à nous expliquer que si M. Barnier est à Matignon, ce serait la faute à la gauche. Celle-ci est prête à gouverner, y compris en tenant compte des rapports de force actuels et des rapports de force à construire usines par usine, quartiers par quartiers, village par village. C’est le grand capital qui lui barre la route. Et pour cause !
 

C’est ce qu’a expliqué avec brio Lucie Castets durant ce rassemblement des gauches politiques, sociales, intellectuelle, écologistes. Sa carte blanche à l’Agora suivi par des centaines et des centaines de jeunes avait de quoi noircir des cahiers de propositions pour faire reculer toutes les souffrances. Ce fut le cas d’une multitude de débats dans les stands des fédérations du Parti communiste, dans celui de son conseil national, comme au forum social ou comme dans une incarnation de la lutte des classes notre amie Sophie Binet fit la démonstration de la force de l’argumentation alternative et des combats syndicaux face au président du Medef, Patrick Martin.
 

Que tous les débats fassent ainsi le plein, témoigne d’une grande soif d’appréhender les enjeux, de dévoiler les contours des crevasses de notre époque, et d’élaborer des orientations alternatives vers un processus de dépassement d’un système à bout de souffle.
 

Ce sont souvent les participants à la fête eux même qui donnent une couleur, une saveur, un ton aux fêtes de l’Humanité selon les moments où elles se tiennent. Elle était forcément particulière cette année. La demande, l’aspiration, l’exigence étaient l’unité. Unité des gauches sociales, politiques, culturelles pour l’unité populaire qui sera encore plus indispensable dans les semaines à venir.
 

Tout le monde pressent la possible bascule.
 

La partie est loin d’être terminée ni pour les fondés de pouvoir du capital, ni pour les forces de changement progressistes.
 

Ignorant la force du sens et des expressions de la fête, les grands médias ont voulu mettre en scène la division entre Ruffin des champs et Mélenchon des quartiers. Gare à celles et ceux qui tombent dans cet absurde piège. Un ouvrier est tout autant exploité à Mende qu’à Vitry, à Flixecourt qu’à Argenteuil, A Blois qu’à Aulnay sous-bois. Et le salarié de l’entreprise Amazon d’Amiens souffre de la même manière que celui basé dans la Pennsylvanie ou le Texas. Et le jeune d’Aubervilliers contraint de devenir chauffeur pour la multinationale Uber est tout aussi esclave de son travail et de la banque que le jeune paysan Breton.
 

Que le capital s’acharne à les diviser pour leur faire croire que leurs intérêts sont divergeant, pour empêcher les votes communs pour dépasser le système, cela se comprend. Que les constructeurs d’avenir progressiste en fasse de même en découpant les populations comme des part de gâteau électoral à se partager est contre-révolutionnaire. La Fête de l’Humanité, unit et relie rassemble pour transformer le monde n’en déplaise aux brouilleurs de repère. Du reste, notre seule question est-elle celle de l’attente des élections ou celles de conquérir des positions et des acquis sociaux, démocratiques, écologiques, féministes sans attendre pour ouvrir dans la vie et maintenant un processus transformateurs.
 

De même, pour la bien-pensante médiatique, M. Dominique de Villepin est fréquentable quand il est Premier ministre, mais pas quand il vient dialoguer à la fête parce qu’il fustige l’armée de la mort qui détruit Gaza et reconnaissant que dans les circonstances des dernières élections législatives le président de la République aurait dû en toute logique nommer Lucie Castets première ministre.
 

La Fête de l’Humanité n’est pas le lieu où on détale devant les complexités du monde et des choses. Elle n’est pas non plus récupérable. Seulement, elle montre et démontre que le nombre fait la force, la diversité fait nos enrichissements, les confrontations sans le venin d’absurdes polémiques nous permettent de voir plus loin et plus haut et de rendre le monde du travail et de la création plus fort.
 

C’est à cette hauteur qu’il faut se placer dans les semaines à venir pour ne pas décevoir les participantes et participants à cette fête, actrices et acteurs du Front Républicain, qui par-delà leurs idées et opinions en parle pour la faire rayonner. Leurs paroles valorisent l’Humanité qu’ils ne lisent probablement pas encore et les communistes qui les accueillent sur leurs stands comme les autres forces de gauche, les associations et syndicats.
 

On est ici loin, bien loin des caricatures médiatiques chargées de faire fuser l’invective et de faire prospérer l’injure et le mensonge.
 

Loin aussi des inquiétudes et de la tristesse que me procurent des commentaires et du ton haineux étalé comme des coulées d’encre venimeuse sur des réseaux contre la direction de l’Humanité, sa rédaction et particulièrement de son directeur Fabien Gay. Après avoir avec toutes les équipes du groupe de presse et événementiel que constitue l’Humanité, organisations communistes, associations diverses, personnalités, scientifiques, penseurs et intellectuels de toute discipline, écrivains réussit un événement sans pareil voici qu’on peut lire sous certaines aigres plumes : « Et maintenant il faut assainir la direction de l’Huma », d’autres proposent d’en faire un thème de la conférence nationale du Parti communiste convoquée en décembre. Bref un « procès de Moscou » (qui ont tant fait de bien au mouvement communiste international) dans lequel comparaîtrait le directeur de l’Humanité. On en rit dans les salons du bureau politique du capital qui s’est acharné à faire mourir l’Humanité. On s’esclaffe dans cette extrême droite identitaire qui dans un texte a demandé à quelques fanatiques de mettre « une balle dans la tête » des actuels et anciens dirigeants de l’Humanité. (Les tribunaux sont saisis) Comment peut-on perdre la tête à ce point et étaler ses rancœurs dans le berceau de nos ennemis. Pour quelle raison faire le procès d’un dirigeant irréprochable, d’un groupe de presse communiste - dont il faudrait être plutôt fier - qui a augmenté la diffusion des journaux tout l’été, et fait rayonné le titre avec les développements numériques, permis à force de travail dans les conditions particulières de l’été de réussir une fête originale, grandiose ouverte sur la vie et la culture, la jeunesse et les combats du monde. Un lieu ou trois jours durant le nouveau Front populaire avec ses partis de gauche et écologiste, ses syndicats, ses associations, ses travailleurs et ses intellectuels s’est exposé, s’est enrichi, s’est donné de la force.
 

C’est bien un service que rend la Fête de l’Humanité et l’Humanité au mouvement progressiste et internationaliste. Ajoutons qu’on ne peut pas défendre des propositions de loi réclamant le respect de l’autonomie des rédactions et ne pas se l’appliquer à soi-même quand on demande de mettre celle de l’Humanité au pas. Et il faut du travail, beaucoup de travail de la part des équipes de l’Humanité et de son directeur pour organiser des lois durant et réussir un événement d’où jaillit la création communiste. L’heure n’est certainement pas aux fermetures et aux injonctions qui serpentent dans ces alcôves à tous vents que sont les réseaux « a-sociaux » mais plutôt au combat contre les fondés de pouvoir du grand capital et le large bloc bourgeois, au combat pour la paix et la solidarité internationaliste et pour construire des initiatives victorieuses s’inscrivant dans un processus communiste. Ce pourrait être un beau sujet de débat et de décisions d’une conférence nationale du parti communiste !
 

L’heure est à l’ouverture loin de tous les sectarismes. « On est plus fort ensemble » ! C’est l’un des assourdissants murmures de la fête. « Respectons-nous » en fut un autre.
 

Faisons nôtre cette parole de l’académicien Amin Maalouf, « c’est notre regard qui enferme souvent les autres dans leurs plus étroites appartenances, et c’est notre regard qui peut les libérer ».
 

La Fête de l’Humanité libère les paroles, les énergies créatrices et les idées. Elle cultive la fraternité et la solidarité. Elle donne goût à l’avenir de justice et de paix. Elle annonce d’autres possibles révolutionnaires. Il convient d’en mesurer la portée et de le faire fructifier. Ne prenons aucun « retard d’avenir ». C’est l’appel pressant de la jeunesse de la Fête de l’Humanité.
 
 
Pour tout contact avec Alain Hayot pour des rencontres dédicaces ou conférences écrire à : ahayot@wanadoo.fr
 
 
En vous souhaitant une bonne semaine, je vous adresse mes amicales salutations.

Patrick Le Hyaric
 
 
 
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L'Humanité - Patrick Le Hyaric
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