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mercredi 6 décembre 2023

Solidarité avec les Palestiniens écrasés sous les bombes à Gaza ....Quelques infos sur le 7 octobre et ses suites....

 


 Un reportage de la BBC  à suivre ici : https://www.bbc.com/afrique/monde-67326488

Extraits (FDI = force de défense israélienne) :





2 - Communiqué par le Fil d’Informations Ouvrières :

 

🔴 EN DIRECT

 

▶️ Directeur général du Bureau d'information du gouvernement à Gaza : Plus de 700 personnes ont été tuées à Gaza au cours des dernières 24 heures.

 

▶️ L'armée israélienne détruit la plupart des puits d'eau dans le nord de la bande de Gaza.

 

▶️ Violents combats partout à Gaza, au sud Liban et en Syrie.

 

▶️ Maire de Gaza : « Les Nations Unies et les organisations internationales n'ont pas réussi à fournir l'aide nécessaire à Gaza pendant la trêve, et nous sommes au bord d'un désastre sanitaire si nous ne recevons pas les quantités de carburant nécessaires. »

 

▶️ Dans un communiqué publié samedi, Pascal Hundt, chef des opérations du Comité International de la Croix-Rouge à Gaza, a déclaré :

▫️"Un très grand nombre de civils ont été tués et mutilés, dont des milliers d'enfants. Des maisons, des hôpitaux et d’autres infrastructures essentielles à la survie de la population civile ont subi des destructions colossales…"

▫️"Les conditions actuelles ne permettent pas une réponse humanitaire significative et la peur entraînerait un désastre pour la population civile."

 

▶️ Les avions de guerre israéliens ont détruit samedi 50 bâtiments résidentiels dans le quartier de Shujaiya, à l’est de la ville de Gaza.

Ces raids ont fait des centaines de morts, selon le service de presse du gouvernement à Gaza : « Cinquante bâtiments et leurs habitants ont disparu ».

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Ce message vous a été transféré du fil d’Informations Ouvrières, vous pouvez vous abonner : ICI (https://t.me/ioRetraites)

Impossible d’attendre deux semaines pour de nouveau manifester notre soutien au peuple palestinien. Voici ce que vient de déclarer  le chef d'état-major de Tsahal, le lieutenant-général Herzi Halevi : « Nous avons lancé l'opération dans le sud de la bande de Gaza. Elle ne sera pas moins puissante que [les opérations dans le nord de Gaza] , cela n'aura pas moins de résultats. Nous avons les capacités pour le faire de la manière la plus complète, et tout comme nous l'avons fait avec force et minutie au nord de la bande de Gaza, nous le faisons également maintenant dans le sud de la bande de Gaza." Source : Time of Israel Reporter (message transféré du fil d’Informations Ouvrières. Pour s’abonner : https://t.me/ioRetraites .




  https://ujfp.org/temoignage-dune-survivante-du-kibboutz-beeri

Hier, à l’hôtel David à la mer Morte, une jeune femme de 19 ans originaire du Kibboutz Be’eri (son nom n’est pas divulgué), a demandé à pouvoir délivrer son cri : « Ce qui nous est arrivé n’était pas nouveau, c’était juste pire. » « Nous sommes abandonnés depuis des années ».

J’ai 19 ans, je suis du kibboutz Be’eri.

La chose la plus grave jusqu’ici, à part l’énumération des noms des morts, des disparus et des prisonniers, la chose la plus grave n’était pas d’être couchée dans l’abri, ce n’était pas d’entendre les tirs, ce n était même pas de recevoir en temps réel des notifications de mes amis, des personnes que je connais depuis que je me connais moi-même, appelant à l’aide sans que personne ne vienne.

La chose la plus grave pour moi, à part les morts, les prisonniers et les kidnappés, a été le moment où on nous a libérés et que je suis sortie de la maison et qu’il faisait nuit ; j’étais pieds nus et j’ai marché sur un morceau de verre, et j’ai vu les visages des gens de mon quartier, peur ! Épouvante.. et j’ai vu des visages que je connais depuis que je me souviens de moi-même, comme jamais je ne les avais vu, larmes … des gens avec qui j’ai grandi.. C’est se promener ici, je viens juste d’arriver à la mer morte, c’est se promener ici et voir des camarades de mon kibboutz essayant de se lever le matin, de tenir bon, de sourire parfois, chacun à sa manière, c’est me rassembler chaque matin, c’est pas beaucoup de matins, mais c’est une mission très difficile… me rassembler.

Ce qui nous est arrivé était terrible mais il y a quelque chose que je tiens beaucoup à dire : ce qui nous est arrivé n’était pas NOUVEAU, juste plus grave. On nous abandonne depuis des années. Le dôme de fer c’est un pansement. Ne parlez pas des soldats, c’est un pansement, un être humain agonise et vous lui apportez un pansement ? C’est une honte ! Une honte ! Et ça fait des années qu’on en parle. Des années… on nous abandonne. Et ça arrive à ça, ce n’est pas nouveau, c’est juste plus grave.

Et ce n’est pas la seule chose qui n’est pas nouvelle, mais juste plus grave dans cette guerre, et j’essaye de trouver les mots, et franchement c’est un peu difficile de les trouver avec toute la colère et le deuil qui sont en moi en ce moment. Comment suis-je censée me lever le matin, citoyens d’Israël, politiciens, résidents d’Israël, ou hors d’Israël ! écoutez-moi bien : comment suis-je supposée me lever le matin et savoir qu’à 4,5km du Kibboutz Be’eri, à Gaza, il y a des gens pour qui ce n’est pas fini. Pour moi ça s’est arrêté après 12h, parce qu’il y avait un endroit où me réfugier. Je suis à la mer morte, à l’hôtel. Ceux qui parlent de vengeance, honte à vous ! Il y a beaucoup de douleur, c’est vrai !

Moi ? Après tout ce que j’ai traversé, je perds tellement de force chaque fois que j’entends ce mot de vengeance. Ce que j’ai traversé, que des gens le vivent aussi et qu’il n’y ait personne pour les sauver ? Ce n’est pas possible comme ça, ce n’est pas possible, encore des pansements.. on nous demande sans arrêt : « et vous pensez que vous retournerez au kibboutz après ça ? Vous pensez que vous retournerez habiter là-bas, sans défenses supplémentaires, sans soldats ? Ne me parlez pas de soldats ou de défense, parlez-moi de solution politique. Ça fait des années qu’on demande une solution politique.

J’ai dix neuf ans, j’ai des amis qui sont tombés au combat comme soldats, ces derniers jours, qui, quand ils étaient au jardin d’enfants, savaient ce qu’ils voudraient faire dans l’armée. Que j’élève comme ça mes enfants ?? Honte !! Honte et disgrâce (ou déshonneur expression hébraïque ndlt) !! Que j’élève mes enfants et que je leur demande à l’âge de 5 ans, chéri tu sais ce que tu veux être à l’armée ? Combien peut-on ? Combien peut-on perdre, et absorber…

Nous, nous qui sommes saufs, nous sommes la preuve vivante, et croyez-moi, ceux qui m’écoutent que nous … ça peut être encore plus grave, ça peut l’être..

De mon point de vue, et c’est la chose qui m’est la plus importante à dire maintenant, et c’est comme ça depuis des années : quand on nous bombarde de rockets… au bout du compte ça nous passe au dessus de la tête. Pas les rockets, les rockets passent bien au dessus de nos tête et atterrissent bien sur le sol, croyez-moi. La décision d’envoyer des rockets, est au dessus de ma tête. Bibi, Hamas, ça m’est égal, ce que je sais c’est que Be’eri souffre, Nahalot souffre, Kfar Aza, Sderot, et Gaza.

Croyez-moi, chaque kassam, 4,5 km de distance entre Be’eri et Gaza, et la terre tremble exactement de la même manière, exactement pareil . Ce n’est pas possible, ce n’est pas possible !

Maintenant je sais qu’il y a beaucoup de colère contre Bibi, parce que je la ressens je la ressens très fort, dans les moments où j’arrive à ressentir, parce que ces derniers temps c’est un peu dur.. Je la ressens parce que combien de gens, combien de gens doivent mourir pour lui ? Hein ? Combien de gens doivent mourir pour l’égo, les intérêts ? Je ne sais pas si j’ai déjà dit ça, mais les fusées, en particulier dans la dernière période, parce que je sais pas si vous savez mais, avant qu’il y ait les terroristes, j’ai entendu plus de fusées que dans mes dix neuf ans de vie, en même temps : boum boum boum boum boubouboum boum boum .. Beaucoup, beaucoup, on a tout de suite su que c’était la guerre. Avant les terroristes, avant tout le reste. Nous sommes toujours les premiers à savoir, à entendre… on entend chez nous.. et je dois vous dire que je ressens que ces fusées, ces fusées qui nous frappent, c’est mon gouvernement qui les a envoyées. Parce que c’est le gouvernement qui m’a abandonnée, toutes les années de ma vie, toutes les années de ma vie et à présent arrive le plus grave de tout. Et si ce n’est pas le plus grave de tout, Dieu sait ce qui va se passer ici. Alors c’est vrai que c’est Bibi, Bibi, et vraiment je l’accuse à 100 % de tout. C’est vrai ! Il a choisi de nous laisser vivre comme ça. Il a choisi de nous donner le dôme de protection plutôt qu’une solution politique, et il a choisi encore beaucoup d’autres choses. Et notre sang est sur ses mains. Mais ce n’est pas seulement lui. Il est la racine d’un problème très profond, mais ce n’est pas que lui. Si mes mots atteignent quelqu’un, regardez bien bien à l’intérieur de vous, profondément à l’intérieur. Demandez-vous quelles sont vos valeurs, demandez-vous avec tout ce qui vous entoure et que vous voyez, comment vos valeurs que vous savez être les vôtres, s’opposent à ce que vous voyez. Demandez-vous vraiment. Demandez-vous pour qui vous votez, posez-vous la question de ce que vous lui demandez. Je sais ce que je demande : je demande une paix honnête, je demande que les Bédouins du Negev reçoivent la même aide que celle que le Kibboutz Be’eri a reçu. Et même nous, ce n’est pas suffisant, ce sont des civils qui sont venus nous aider, des civils, en aucun cas le gouvernement ! Et j’ai beaucoup de reconnaissance au fait qu’on ait un hôtel à la mer morte, mais en une seconde chacun ici aurait renoncé à ça si cela signifiait que nos prisonniers allaient revenir. À ce propos j’ai entendu deux fois (seulement ndlt) le gouvernement s’intéresser au fait qu’ils existent, il se comporte comme s’ils n’existaient pas. On bombarde et on sait que ce bombardement va aussi leur coûter la vie. Retour des prisonniers, paix, honnêteté. Si vous n’avez pas d’oreilles pour entendre ce que je viens de dire, il n’y a pas d’espoir.

Arrêtez-vous, écoutez mes mots, ils seront peut-être durs à entendre, durs.. il m’est difficile de parler vous voyez ? Peut être que pour certains d’entre vous mes mots seront difficiles à entendre. Après ce que j’ai vécu à Be’eri, vous me devez cela. Vous me le devez. Pas du côté de la culpabilité, on passe tous par des choses difficiles. Faites des pauses, occupez-vous de vous, de vos enfants de vos familles, mais vous me le devez. Demandez-vous pour qui vous votez, demandez-vous ce que vous exigez de lui, ne faites pas de concessions, si vous laissez mourir l’espoir, vous laissez mourir les résidents de l’enveloppe de Gaza (on appelle ainsi toute la zone des villes et kibboutz qui entourent la bande de Gaza, et dont fait partie le Kibboutz Beeri Ndlt)

(traduction MS, pour l’UJFP)

La vidéo du témoignage en hébreu

Les forces israéliennes ont tiré sur leurs compatriotes civils, affirme une survivante d’un kibboutz

Par Ali Abunimah et David Sheen
Arrêt sur info — 17 octobre 2023

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Yasmin Porat, une survivante du bain de sang du kibboutz Be’eri, près de la frontière avec Gaza, affirme que bien des civils israéliens ont été tués par les forces israéliennes.

Par Ali Abunimah et David Sheen – 16 octobre 2023

Une Israélienne qui a survécu à l’assaut du Hamas contre les colonies situées près de la frontière de Gaza, le 7 octobre, affirme que des civils israéliens ont « sans aucun doute » été tués par leurs propres forces de sécurité.

Cela s’est produit lorsque les forces israéliennes ont engagé des combats acharnés avec des combattants palestiniens dans le kibboutz Be’eri et qu’elles ont tiré sans discrimination sur les combattants et leurs prisonniers israéliens.

« Ils ont éliminé tout le monde, y compris les otages », a-t-elle déclaré à la radio israélienne. « Il y a eu des tirs croisés très, très nourris » et même des tirs de chars d’assaut.

Cette femme, Yasmin Porat, 44 ans et mère de trois enfants, a déclaré qu’avant cela, elle et d’autres civils avaient été retenus par les Palestiniens pendant plusieurs heures et traités « humainement ». Elle avait fui la rave party « Nova » située à proximité.

Un enregistrement de son interview, tiré de l’émission de radio Haboker Hazeh (« Ce matin ») animée par Aryeh Golan sur la chaîne publique Kan, a circulé sur les réseaux sociaux.

L’interview a été traduite par The Electronic Intifada. Vous pouvez l’écouter avec des sous-titres en anglais dans cette vidéo et une transcription [en français] se trouve à la fin de cet article :

 

Notamment, l’interview ne figure pas dans la version en ligne de Haboker Hazeh du 15 octobre, l’épisode dans lequel elle a apparemment été diffusée.

Il est fort possible qu’elle ait été censurée en raison de son caractère explosif.

Porat, qui est originaire de Kabri, une colonie située près de la frontière libanaise, a sans aucun doute vécu des choses terribles et a vu de nombreux non-combattants se faire tuer. Son propre partenaire, Tal Katz, figure parmi les morts.

Cependant, son récit met à mal la version officielle d’Israël, qui fait état de meurtres délibérés et gratuits de la part des combattants palestiniens.

Bien qu’il ne figure plus sur le site web de Kan, l’authenticité de l’enregistrement ne fait guère de doute.

Au moins un compte en hébreu a publié une partie de l’interview sur Twitter, désormais officiellement appelé X, et a accusé Kan de fonctionner comme un « média au service du Hamas ».

Mme Porat a également donné son témoignage au journal israélien Maariv.

Cependant, l’article de Maariv, publié le 9 octobre, ne mentionne pas spécifiquement que des civils ont été tués par les forces israéliennes.

Dans une interview d’une demi-heure accordée jeudi à la chaîne israélienne Channel 12, Mme Porat parle d’une fusillade intense après l’arrivée des forces israéliennes. Mme Porat a elle-même reçu une balle dans la cuisse.

Traités « humainement »

Non seulement Porat déclare à Kan que des Israéliens ont été tués lors de la contre-attaque des forces de sécurité israéliennes, mais elle affirme qu’elle et d’autres civils captifs ont été bien traités par les combattants palestiniens.

Mme Porat participait à la rave « Nova » lorsque l’assaut du Hamas a commencé avec des missiles et des parapentes motorisés. Avec son partenaire Tal Katz, elle s’est échappée en voiture vers le kibboutz Be’eri, situé à proximité, où se sont déroulés bon nombre des événements qu’elle décrit dans ses entretiens avec les médias.

Selon Porat, qui s’est adressée à Maariv, elle et Katz ont d’abord cherché refuge dans la maison d’un couple appelé Adi et Hadas Dagan. Lorsque les combattants palestiniens les ont trouvés, ils ont tous été emmenés dans une autre maison, où huit personnes étaient déjà retenues en captivité et où une personne était morte.

Porat a déclaré que la femme de l’homme décédé « nous a dit que lorsqu’ils [les combattants du Hamas] ont essayé d’entrer, le gars a essayé de les empêcher d’entrer et a saisi la porte. Ils ont tiré sur la porte et il a été tué. Ils ne les ont pas exécutés. »

« Ils ne nous ont pas maltraités. Ils nous ont traités avec beaucoup d’humanité », a expliqué Porat à Golan, surpris, lors de l’interview à la radio Kan.

« Je veux dire par là qu’ils nous gardent », a-t-elle ajouté. « Ils nous donnent à boire ici et là. Quand ils voient que nous sommes nerveux, ils nous calment. C’était très effrayant, mais personne ne nous a traitées violemment. Heureusement, il ne m’est pas arrivé ce que j’ai entendu dans les médias. »

« Ils se sont montrés très humains envers nous », a déclaré Mme Porat lors de son interview sur Channel 12. Elle se souvient qu’un combattant palestinien, qui parlait hébreu, m’a dit : « Regarde-moi bien, nous n’allons pas te tuer. Nous voulons vous emmener à Gaza. Nous n’allons pas vous tuer. Alors restez calmes, vous n’allez pas mourir. » C’est ce qu’il m’a dit, en ces termes.

« J’étais calme parce que je savais qu’il ne m’arriverait rien », a-t-elle ajouté.

« Ils nous ont dit que nous ne mourrions pas, qu’ils voulaient nous emmener à Gaza et que le lendemain, ils nous ramèneraient à la frontière », a déclaré Mme Porat à Maariv.

Dans l’interview accordée à Channel 12, Mme Porat précise que, bien que les combattants palestiniens aient tous des armes chargées, elle ne les a jamais vus tirer sur les captifs ou les menacer avec leurs armes.

En plus de fournir de l’eau potable aux captifs, elle raconte que les combattants les ont laissés sortir sur la pelouse parce qu’il faisait chaud, d’autant plus que l’électricité avait été coupée.

Jeunes et effrayés

Environ huit heures après le début de l’attaque du Hamas et environ une demi-heure après les appels de Porat à la police, les forces israéliennes sont arrivées et le chaos s’est ensuivi, a déclaré Porat à Kan.

« Au début, il n’y avait aucune force de sécurité [israélienne] avec nous », s’est souvenue Mme Porat, notant que son premier appel à la police israélienne était resté sans réponse. « C’est nous qui avons appelé la police, en même temps que les ravisseurs, parce que les ravisseurs voulaient que la police arrive. Leur objectif était de nous kidnapper pour nous emmener à Gaza. »

« Ils partent du principe que les soldats ne tueront pas les otages. Ils veulent donc sortir avec nous vivants et s’attendent à ce que la police le permette », a déclaré M. Porat à Channel 12.

Bien que les captifs israéliens ne soient qu’une douzaine, Mme Porat a reçu l’ordre de dire à la police israélienne que 40 d’entre eux étaient détenus par les combattants du Hamas, qui comptaient eux-mêmes entre 40 et 50 hommes, pour la plupart âgés d’une vingtaine d’années, selon les estimations de Mme Porat. Ils étaient eux-mêmes jeunes et effrayés, a-t-elle déclaré à Channel 12.

Un combattant décrit par Mme Porat comme un commandant d’une trentaine d’années a demandé à parler à la police et a été mis en contact avec un officier israélien parlant arabe.

Après leur brève conversation, les quelque quatre douzaines de combattants palestiniens et leur douzaine de prisonniers israéliens ont attendu l’arrivée de l’armée, une partie du groupe se répandant à l’extérieur dans le jardin pour se soulager de la chaleur de l’après-midi.

Grêle de balles, mortiers et obus de chars

Les forces israéliennes ont annoncé leur arrivée par une salve de tirs, prenant par surprise les combattants et leurs prisonniers israéliens.

« Nous étions à l’extérieur et soudain, une volée de balles nous a été tirée par l’unité israélienne YAMAM. Nous avons tous commencé à courir pour nous mettre à l’abri », a déclaré Mme Porat à Channel 12.

Mme Porat a expliqué qu’elle s’était rendue aux soldats israéliens une demi-heure après le début de la violente fusillade, au cours de laquelle « des dizaines, des centaines et des milliers de balles et de mortiers ont volé en l’air », et que l’un des combattants palestiniens, un commandant, avait décidé de se rendre et de l’utiliser en fait comme bouclier humain.

« Il a commencé à se déshabiller », a raconté Mme Porat à Aryeh Golan, de Kan. « Il m’appelle et commence à quitter la maison avec moi, sous les tirs. À ce moment-là, je crie aux [commandos israéliens]… quand ils peuvent m’entendre, d’arrêter de tirer. »

« Ils m’ont alors entendue et ont cessé de tirer », a-t-elle ajouté. « Je vois des gens du kibboutz sur la pelouse. Il y a cinq ou six otages allongés sur le sol à l’extérieur. Comme des moutons à l’abattoir, entre les tirs de nos commandos et ceux des terroristes. »

« Les terroristes les ont abattus ? » demande Golan.

« Non, ils ont été tués par les tirs croisés », répond Porat. « Il faut comprendre qu’il y a eu des tirs croisés très, très nourris. »

Golan insiste : « Il est donc possible que nos forces aient tiré sur eux ? »

« Sans aucun doute », répond l’ancienne captive, avant d’ajouter : Ils ont éliminé tout le monde, y compris les otages, parce qu’il y avait des tirs croisés très, très nourris. »

« Après des tirs croisés insensés, deux obus de chars ont été tirés sur la maison. C’est une petite maison de kibboutz, rien de grand », explique Porat.

Porat et l’homme qui l’a capturée ont tous deux survécu. Le Palestinien a été fait prisonnier par les forces israéliennes. Mais selon Mme Porat, presque tous les autres habitants de la colonie ont été tués, blessés ou portés disparus, et on pense qu’ils ont été emmenés à Gaza.

Mme Porat a déclaré à Kan qu’elle avait perdu des dizaines d’amis qui avaient participé à la rave, des gens qu’elle voyait régulièrement dans les soirées de la scène trance israélienne.

« Je suis en colère contre l’État, je suis en colère contre l’armée », a déclaré Porat à Maariv. « Pendant dix heures, le kibboutz a été abandonné. »

L’effort conjoint américano-israélien visant à dépeindre le Hamas comme étant pire que Daech afin de justifier le génocide en cours d’Israël contre la population civile de Gaza dépend du fait que le public international ne voit pas ou n’entend pas des récits comme celui de Porat.

Les dirigeants israéliens, déjà très critiqués pour n’avoir pas su anticiper et empêcher l’offensive du Hamas, ne voudront pas non plus que leurs échecs catastrophiques soient aggravés par la connaissance du fait que de nombreux Israéliens qui sont morts pourraient bien avoir été tués par des « tirs amis » lors d’une contre-attaque israélienne désastreuse.

Directive Hannibal ?

Saleh al-Arouri, haut commandant militaire du Hamas, a directement répondu aux affirmations d’Israël selon lesquelles ses combattants avaient délibérément tué le plus grand nombre possible de civils.

La campagne de propagande israélienne s’est appuyée sur des récits d’atrocités, pour lesquels aucune preuve n’a été apportée, selon lesquels les Palestiniens auraient décapité des dizaines de bébés israéliens et violé des femmes.

Al-Arouri a déclaré dans une interview accordée à Al-Jazeera jeudi que les combattants de la force militaire de son organisation, les Brigades Qassam, étaient tenus par un protocole strict de ne pas blesser les civils.

Toutefois, M. al-Arouri a déclaré qu’après que la division israélienne de Gaza – l’unité militaire qui entoure la bande de Gaza – se soit effondrée beaucoup plus rapidement que prévu, les habitants de Gaza se sont précipités vers la zone frontalière après avoir appris qu’elle avait été ouverte, ce qui a provoqué le chaos. Il a ajouté que d’autres personnes armées, qui ne faisaient pas partie de Qassam, ont pu s’y joindre.

Selon M. Al-Arouri, cette situation a poussé les combattants du Qassam à affronter les soldats, les gardes des colonies et les résidents armés, ce qui a entraîné la mort de civils.

M. Al-Arouri a également évoqué la possibilité qu’Israël ait eu recours à la « directive Hannibal », un protocole qui permet aux forces israéliennes d’utiliser une force écrasante pour tuer l’un de leurs propres soldats capturés plutôt que de le laisser être faut prisonnier.

La raison d’être de la directive Hannibal est d’éviter de permettre à un ennemi d’avoir des captifs qui pourraient être utilisés comme une forte monnaie d’écchange dans des négociations d’échange de prisonniers.

Toutefois, dans le cas présent, si la directive avait été appliquée par les forces israéliennes, elle aurait été utilisée contre des civils.

Al-Arouri a déclaré à Al Jazeera : « Nous sommes certains que des jeunes hommes [combattants] ont été bombardés ainsi que les prisonniers qui se trouvaient avec eux. »

Le récit de Porat, parmi d’autres, souligne la nécessité d’une enquête indépendante, qu’Israël n’autorisera probablement jamais.

La propagande narrative actuelle est tout simplement trop précieuse pour les génocidaires de Tel-Aviv.

***

Transcription de l’entretien de Kan avec Yasmin Porat

Yasmin Porat : Pendant une heure, une dizaine de terroristes frappait à la porte de la salle sécurisée renforcée. Il y avait des cris en arabe et c’était une heure très tendue. Nous avons ressenti une peur indescriptible. Au bout d’une heure, ils ont réussi à entrer et nous ont emmenés tous les quatre dans une maison voisine où se trouvaient déjà huit autres otages. Nous avons rejoint ces huit otages et nous étions environ 12 otages avec 40 terroristes qui nous gardaient. Je rapporte les faits brièvement.

Aryeh Golan : Ont-ils abusé de vous ?

Yasmin Porat : Ils ne nous ont pas maltraitées. Ils nous ont traités avec beaucoup d’humanité, c’est-à-dire…

Aryeh Golan : Humainement ? Vraiment ?

Yasmin Porat : Oui, c’est-à-dire qu’ils nous gardaient. Ils nous donnent à boire ici et là. Quand ils voient que nous sommes nerveux, ils nous calment. C’était très effrayant, mais personne ne nous a traitées violemment. Heureusement, il ne m’est pas arrivé ce que j’ai entendu dans les médias.

Aryeh Golan : Des choses horribles se sont produites.

Yasmin Porat : C’est vrai. Mais après deux heures, au début, il n’y avait pas de forces de sécurité [israéliennes] avec nous. C’est nous qui avons appelé la police en même temps que les ravisseurs, parce que ces derniers voulaient que la police arrive. Parce que leur objectif était de nous kidnapper pour nous emmener à Gaza.

(Coupure)

Yasmin Porat : Pendant ce temps, l’un des terroristes décide de se rendre, le terroriste avec lequel j’ai établi un lien. Au cours de ces deux heures, je suis entrée en contact avec certains des ravisseurs, ceux qui gardaient les otages.

Aryeh Golan : Oui

Yasmin Porat : Et il décide de m’utiliser comme bouclier humain. Il décide de se rendre. Je n’en suis pas consciente à ce moment-là, mais rétrospectivement. Il commence à se déshabiller, il m’appelle et il commence à quitter la maison avec moi, sous les tirs. À ce moment-là, j’ai crié aux YAMAM [commandos israéliens], alors que nous étions déjà sur place et qu’ils pouvaient m’entendre, d’arrêter de tirer.

Aryeh Golan : Oui

Yasmin Porat : Et ils m’ont entendu et ont arrêté de tirer. Je vois sur la pelouse, dans le jardin des gens du kibboutz. Il y a cinq ou six otages allongés sur le sol à l’extérieur, comme des moutons à l’abattoir, entre les tirs de nos [combattants] et ceux des terroristes.

Aryeh Golan : Les terroristes leur ont tiré dessus ?

Yasmin Porat : Non, ils ont été tués par les tirs croisés. Il faut comprendre que les tirs croisés étaient très, très nourris.

Aryeh Golan : Il est donc possible que nos forces les aient abattus ?

Yasmin Porat : Sans aucun doute.

Aryeh Golan : Quand ils ont essayé d’éliminer les ravisseurs, le Hamas ?

Yasmin Porat : Ils ont éliminé tout le monde, y compris les otages. Parce qu’il y avait des tirs croisés très, très nourris. J’ai été libérée vers 17h30. Les combats se sont apparemment terminés à 8h30. Après des tirs croisés insensés, deux obus de chars ont été tirés sur la maison. C’est une petite maison de kibboutz, rien de grand. Vous l’avez vu aux informations.

Aryeh Golan : Oui

Yasmin Porat : Ce n’est pas grand. Et à ce moment-là, tout le monde a été tué. Le silence régnait, à l’exception d’une personne qui boitait, Hadas [Dagan], dans le jardin.

Aryeh Golan : Comment ont-ils tous été tués ?

Yasmin Porat : Des tirs croisés.

Aryeh Golan : Des tirs croisés, donc cela pourrait aussi provenir de nos forces ?

Yasmin Porat : Sans aucun doute.

Aryeh Golan : Vraiment ?

Yasmin Porat : C’est ce que je crois.

Aryeh Golan : Oy, ça sonne mal.

Yasmin Porat : Oui. Et tout le monde est mort.

Aryeh Golan : Et vous, grâce à ce terroriste qui a décidé de se rendre ?

Yasmin Porat : Exactement.

Aryeh Golan : Et vous avez survécu et tous les autres ont été tués là-bas.

Yasmin Porat : À l’exception d’une autre femme qui a survécu, ils l’ont retrouvée plus tard. La personne qui s’est occupée de l’événement a vérifié s’il restait des survivants ou quelque chose comme ça. Ils l’ont trouvée quand elle a relevé la tête, parmi tous les corps. Et puis, tout simplement…

Aryeh Golan : Et votre partenaire, qui était avec vous ?

Yasmin Porat : Il a été tué.

Aryeh Golan : Il a été tué aussi ?

Yasmin Porat : Oui. Tout le monde a été tué là-bas. C’est tout simplement horrible.

Aryeh Golan : Êtes-vous retournée à Kabri ?

Yasmin Porat : Je suis retournée à Kabri et c’est là que le chaos a commencé.

Aryeh Golan : Dans le nord ?

Yasmin Porat : Oui. Maintenant, je suis une invitée. Je suis accueillie de façon charmante au kibboutz Ein Harod. Et je suis ici pour l’instant.

Aryeh Golan : Vous êtes maintenant dans la vallée [de Jezréel]. Très bien, Yasmin, vous avez vécu une expérience horrible.

Yasmin Porat : C’est vrai.

Aryeh Golan : Vous avez perdu votre partenaire, vous avez vu des gens se faire tuer à vos côtés.

Yasmin Porat : Et je…

Aryeh Golan : Qu’est-il arrivé à ce terroriste qui s’est rendu ?

Yasmin Porat : Il est toujours arrêté, et il vient d’être convoqué à un interrogatoire pour aider… Vous savez, il sera interrogé au sujet de l’accusé. Et malheureusement, des dizaines d’autres de mes amis ont été tués parce que…

Aryeh Golan : Des dizaines d’amis ?

Yasmin Porat : Oui, parce que c’est une communauté, la scène trance, nous allons aux mêmes fêtes. Cela signifie qu’en plus de mon partenaire, je connaissais des dizaines et des centaines d’amis. (Coupure)

Source: The Electronic Intifada

(Mis à jour par Arrêt sur info le 22 octobre 2023)

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